- Euro 2012 – Groupe D – France/Angleterre (1-1)
La France ne rate pas son entrée
Ni bon, ni mauvais. Favoris de ce premier match de poule face à l’Angleterre, les Français ont su relever le nez après l’ouverture du score de Lescott. Philippe Mexès et Samir Nasri (auteur de l’égalisation) ont rassuré.
France – Angleterre : 1-1
Buts : Nasri pour la France. Lescott pour l’Angleterre
Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout n’a pas commencé comme prévu. La France devait faire le jeu. Cela avait été dit, répété, et même sous-entendu par Laurent Blanc la veille : « Si les Anglais nous attendent et que, nous aussi, on les attend, on risque de s’ennuyer et de finir avec un 0-0. » Sauf que les Anglais n’ont pas attendu, loin de là. Dès l’entame, ils commencent à développer un jeu, leur jeu, fait à 99% de passes en profondeur dans le dos de la défense, envoyant successivement Oxlade-Chamberlain (la surprise du chef Hodgson titularisée à la place de Downing sur l’aile gauche), Welbeck (préféré à Carroll à la pointe de l’attaque) et surtout Milner qui, superbement lancé par Ashley Young au quart d’heure de jeu, crochète Lloris, mais ne parvient pas à redresser la course du ballon pour marquer dans le but vide.
Égalisation au mental
Au départ, on ne voyait pas vraiment de raison de s’inquiéter puisqu’en face, ce n’était pas l’équipe de France qui jouait. Deux indices pour affirmer cela. Premièrement, l’animation des tribunes se résumait à des « Russia, Russia » scandés par les habitants d’une ville complètement russophone, auxquels répondaient les chants anglais. Calfeutrée dans un petit carré, la centaine de supporters français (sans compter ceux disséminés dans le stade, évidemment) ne faisait absolument pas le poids. Deuxièmement, la défense de cette équipe avait presque l’air serein. Très critiqué récemment, Philippe Mexès parvenait notamment à effectuer quelques interventions bien senties, et Patrice Évra apportait un vrai plus offensif sans abandonner son poste comme contre l’Islande.
Enfin ça, c’est jusqu’à la demi-heure de jeu, lorsque le bon Pat décide d’offrir, par une faute absolument inutile sur Milner, un coup franc excentré à Steven Gerrard, que l’on n’avait pas trop aperçu jusque-là. La première tentative est la bonne. Stevie pose son caviar, les tours de contrôle françaises éteignent leurs feux et Joleon Lescott s’élève trois mètres au-dessus de tout le monde pour mettre un smash à la Nadal sur lequel Hugo Lloris ne peut rien faire (0-1, 30e). Ce but était aussi le premier test mental de l’équipe de France dans cet Euro 2012. Un test réussi avec mention. Suite au carton jaune d’Oxlade-Chamberlain pour une faute sur Debuchy, Nasri imite Gerrard et dépose son coup franc sur la tête de Diarra, qui fusille un Joe Hart impeccable avant de louper le cadre sur une remise de Ribéry (35e). En jambes, Nasri enchaîne avec une première frappe contrée des vingt mètres, avant de faire mouche du même endroit. Servi par Évra dans la surface, Ribéry remet en retrait à Samir qui, sans contrôle, place son tir au ras du premier poteau anglais (1-1, 39e).
Marvin Martin revient dans son jardin
On passera sur la célébration du gamin de Marseille, qui n’a visiblement pas supporté les faibles et rares critiques à son encontre et pose le doigt sur sa bouche pour les faire taire. Une petite discussion avec Christophe Dugarry pourrait sans doute lui remettre un peu de mesure dans la caboche. Les Bleus abordent la deuxième période comme ils ont vécu la première : en obtenant des corners, qui, évidemment, ne donnent rien, puisque les hommes de Blanc ne savent pas sauter. Loin de dominer outrageusement, la France est néanmoins la seule à se procurer quelques situations dangereuses au milieu du temps faible de cette partie. Nasri, encore lui, n’est pas loin de griller la politesse à Hart sur une vilaine passe en retrait de Milner (49e), la passe en retrait d’Évra, lancé dans la surface par Ribéry, est contrée in extremis (55e) et la praline de Benzema atterrit dans les gants du portier britannique (65e) alors que les Three Lions ne répondent que par une frappe dévissée de Johnson (66e).
Et c’est tout. Laurent Blanc en a même oublié qu’il avait envoyé Ménez, Ben Arfa et Martin à l’échauffement un quart d’heure plus tôt. Il réagit à la 85e, juste après une superbe frappe de Cabaye détournée in extremis par Defoe. Le milieu de Newcastle est remplacé par Hatem, Malouda laisse sa place à Marvin, auteur d’un doublé dans ce même stade pour sa première sélection, il y a un an. Les deux premiers changements français ! Les derniers frissons du match concernent une frappe enroulée de Benzema qui partait comme celle de l’Estonie avant d’être gâchée par un dos anglais (85e), puis un centre de Milner coupé au premier poteau par un tacle de Méxes, décidément revenu d’entre les morts. Le résultat nul n’est pas vraiment satisfaisant pour une équipe de France dont on attendait mieux, et Joe Hart le sait, lui qui prend son temps pour dégager en fin de partie. Mais ce 22e match d’affilée sans défaite est loin d’être un scandale, que ce soit par ses enseignements (la défense et Nasri plutôt bons) ou par son score.
Par Thomas Pitrel, à Donetsk