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L’Uruguay, un an après
Quatrième de la dernière Coupe du Monde, seul représentant sud-américain à avoir passé les quarts de finale, l'Uruguay se présente à la Copa America avec un effectif quasi-similaire. Mais avec un énorme Edinson Cavani en plus.
Juillet 2010. L’Uruguay créé la sensation en Afrique du Sud, en atteignant les demi-finales du Mondial, et en s’inclinant face aux Pays-Bas (3-2) aux portes de la finale. Diego Forlan, en plus d’en être le meilleur buteur, est élu meilleur joueur de la compétition. Des jours heureux, les promesses d’un avenir radieux. Un an plus tard, l’Uruguay n’est plus une surprise. Au contraire. La sélection toujours emmenée par Oscar Tabarez a muri, et arrive à cette Copa America avec la conviction d’être désormais une équipe solide. Tout beau tout rose ? Pas tout à fait. Depuis l’épopée sud-africaine, la Celeste est loin d’être irréprochable. Les Uruguayens ont, de fait, disputé 9 matches amicaux, en ont remporté 5, en ont perdu 3 (contre le Chili, l’Estonie et l’Allemagne) et ont fait match nul contre les Pays-Bas, pour un remake de la demi-finale 2010. Une sorte de contrecoup post-Mondial ? Peut-être. Peut-être aussi que lors de la phase finale de la Coupe du Monde, l’Uruguay a joué en surchauffe, légèrement au-dessus de ses véritables moyens. Or, pour cette Copa America, pas de tour de chauffe. Il va falloir afficher un gros niveau, et ce, dès les phases de poule. L’Uruguay campe le groupe C, celui du Chili, du Mexique et du Pérou. Autant dire qu’un gros va sauter dès le premier tour. Le peuple uruguayen a pris goût au succès. La sélection n’aimerait pas le décevoir.
Le trio des merveilles
Ne le cachons pas, la véritable (seule ?) attraction de cette équipe d’Uruguay, c’est son trio d’attaque. Diego Forlan. Luis Suarez. Edinson Cavani. Un trident de rêve, complémentaire, en mesure de faire mal à n’importe quelle équipe. Le blond de l’Atletico Madrid est clairement en phase descendante depuis l’apogée de Port Elizabeth. Cette saison, avec les Colchoneros, il a laissé les clefs de l’attaque à son coéquipier Aguero, et n’a inscrit que 8 pions en championnat, son pire total depuis une saison moisie à Manchester United, en 2004. Mais à 32 ans, Forlan en a encore sous le capot. Aucun doute sur ça. Et le maillot bleu ciel est un stimulant. Il l’a d’ailleurs été toute l’année pour un certain Cavani. Avec les couleurs bleu-ciel du Napoli, l’avant-centre a peut-être été l’homme de la saison en Italie, inscrivant 26 buts en Serie A et transcendant son équipe vers la Ligue des Champions. Un peu pataud l’an passé, voire même maladroit, « El Matador » s’est métamorphosé cette saison. Certainement pour se mettre au niveau de ses deux acolytes. Le troisième larron, c’est Luis Suarez. Transféré au mercato à Liverpool, le plus célèbre volleyeur du Mondial s’est fait un nom chez les Reds, et a déjà fait oublier Fernando Torres. 65 buts inscrits toutes compétitions confondues sur les deux dernières saisons, Suarez est sans aucun doute dans le Top 5 des buteurs les plus prolifiques en Europe. Avec ces trois là, une chose est sûre : les défenses adverses vont morfler.
Derrière, ça panique
L’attaque, c’est réglé. En revanche, en ce qui concerne l’arrière-garde, c’est une autre affaire. Pendant le Mondial, Tabarez avait fait de la défense son point fort, n’encaissant pas le moindre but lors des phases de poule. Si le capitaine, Diego Lugano, semblait alors une assurance tout risque, ses dernières sorties ont de quoi laisser perplexe. En match amical face à l’Allemagne, le 29 mai dernier, le défenseur central de Fenerbahçe a été l’auteur d’une bourde incroyable, amenant le premier but allemand signé Mario Gomez. Depuis, la sérénité n’est pas vraiment au rendez-vous. Surtout que ses compères de la défense n’ont pas de quoi le rassurer outre-mesure. Caceres, Godin, Pereira, Victorino… Une ligne pas non plus désastreuse, mais d’un niveau global relativement déséquilibré par rapport au front de l’attaque. Et les chiffres confirment : pratiquement à chaque sortie, l’Uruguay encaisse deux buts (0-2 contre le Chili, 0-2 contre l’Estonie, 3-2 contre l’Irlande du Nord, 2-1 contre l’Allemagne), ce que l’attaque explosive ne peut pas toujours combler. Dans les buts, le jeune Muslera est capable du meilleur comme du pire. En club comme en sélection, le portier peut offrir quelques arrêts de grande classe, tout comme se rendre coupable de boulettes dignes d’un amateur. Ce qui n’est pas pour rassurer une arrière-garde déjà en « proie au doute. Bien conscient des petites faiblesses, Oscar Tabarez a promis de faire bosser sa défense » . Doublement, s’il le faut.
Renouveler pour 2014
Autre problème rencontré par le sélectionneur, cette Copa America pourrait marquer le dernier grand rendez-vous des deux Diego, Forlan et Lugano. 32 ans pour l’un, 31 pour l’autre. Pas encore des vieillards, mais plus non plus des jeunots. Dans trois ans, pour le Mondial brésilien, difficile de penser que ces deux-là seront encore au top niveau, surtout au vu de l’année qui vient de s’écouler. Le choix pour Tabarez est donc cornélien. Soit il insiste encore sur ces deux hommes forts, quitte à arriver au prochain Mondial avec des joueurs carbonisés (l’Italie 2010 étant le meilleur exemple). Soit il mise sur des jeunes joueurs, quitte à pousser les Diego’s à une retraire internationale anticipée. Et côté vivier, l’Uruguay a quelques candidats prometteurs, qui pourraient être impliqués dès cette Copa America. Le jeune Gaston Ramirez, 20 ans, représente l’avenir de cette Celeste. Auteur d’une excellente saison avec Bologne, il pourrait même prétendre à une place de titulaire. Idem pour Nicolas Lodeiro, 22 ans, qui aura à cœur de faire oublier son carton rouge lors du match inaugural contre la France. En attaque, le jeune Abel Hernandez, 21 ans, n’attend que le déclin de Forlan pour se faire une place au soleil. Une place qu’il s’est déjà faite en club, à Palerme. Et au pays, des petits jeunes trépignent. Les divers Elbio Alvarez (17 ans, Penarol), Rodrigo Pastorini (21 ans, Penarol) et autres Federico Platero (20 ans, Defensor Sporting) seront certainement là en 2014 (et peut-être avant) pour donner un nouvel élan à cette formation. En attendant, la « vieille » garde est là. Bien là. Et elle n’a pas du tout envie de rigoler.
Eric Maggiori
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