L'élève capable qui a toujours la même lacune
Liverpool, Arsenal, Milan, Porto, Arsenal à nouveau ou d'autres grands noms encore. Tous ont redouté le déplacement au Vélodrome. D'autres, qu'ils soient italiens ou allemands, le redouteront à leur tour. Parce que même du haut de son Olympe, le gratin européen sait qu'à Marseille, c'est la galère. On y trouve une équipe qui se bat, une équipe qui joue et un stade qui assume son rôle de douzième homme. Mais les Phocéens n'ont plus de quoi s'enorgueillir. Car après que Steven, Pippo, Aaron et les autres ont fait un détour par le Vélodrome, ce que ces équipes redoutent n'est pas la défaite, mais la difficulté. Quand on est une grande équipe, face à l'OM, on est en difficulté, mais on ne perd pas. Mieux, on peut gagner. En fait, il suffit d'attendre. D'attendre que Marseille ne marque pas et que la faille s'ouvre. Ce mercredi soir face à Arsenal, l'OM n'a pas démérité. Mais est-ce vraiment important ? Est-ce vraiment important de réaliser un bon match et une bonne première mi-temps ? Non. Demandez à Paris. Les hommes de la capitale sont critiquables pour leur niveau de jeu proposé en Grèce, surtout en première période, mais même si l'Olympiakos n'est pas Arsenal, c'est la victoire qui prime. Au fond, c'est Steve Mandanda, interrogé par Le Phocéen à l'issue de la rencontre, qui résume le mieux la situation : « Malheureusement, les matchs passent et se répètent un peu. On a toujours cette impression d'être bien, de maîtriser, puis au final, on perd la rencontre. C'est un peu rageant. » Rageant d'être l'élève qui chope les encouragements à chaque trimestre, qui a l'impression de pouvoir aller chercher le tableau d'honneur, mais qui est plombé, à chaque fois, par sa faiblesse en mathématiques. On lui avait pourtant dit de réviser ses factorisations.
Morel – Gignac, l'axe du mal ?
Si ce qui ne tue pas rend plus fort, les Marseillais commencent à être les Schwarzenegger du football européen. Une fois, les Phocéens ont réussi à ne pas être les dindons de la farce. Ce soir-là, l'Inter Milan jouait le rôle de l'OM et André Ayew plantait de la tête pour punir les Italiens. Depuis, mais surtout avant, en C1 comme en C3 face au Benfica ou à d'autres, l'OM demeure une équipe « capable de » . C'est tout. Ce mercredi soir, l'équipe de Baup affichait un visage fondamentalement différent de celui proposé à Toulouse le week-end dernier : le collectif semblait être huilé, le trio Romao-Imbula-Valbuena aidant bien. En fait, c'est par ses faiblesses individuelles que l'OM paye à ce niveau-là. Jeter la pierre à Morel est normal. Certes, l'ancien Lorientais a, par le passé, souvent fait office de bouc émissaire pour masquer les lacunes phocéennes. Mais hier, que ce soit dans son dos, où Walcott était pourtant à surveiller comme le lait sur le feu, ou sur le but gagesque encaissé par les siens, Jérémy a montré ses limites. Cela étant, comment le lui reprocher ? Il n'est pas fait pour la C1 et le fait qu'il soit aligné ce soir-là n'est pas de sa faute. En revanche, on peut reprocher beaucoup de choses à André-Pierre Gignac. De ne pas connaître la règle du hors-jeu, notamment. Ou d'être assez peu utile dans ce genre de match où il n'aura pas l'occasion de dégainer sa spéciale, à part en touche. Puisque l'OM est capable du pire comme du meilleur, et qu'après un match pareil, tout n'est pas à jeter, comment ne pas parler de la prestation de Giannelli Imbula ? À 21 ans, l'ancien joueur de Guingamp a réalisé une prestation XXL au milieu du terrain, aux côtés d'un Alaixys Romao toujours plus indispensable. Les deux hommes seront là face à Bastia, ce week-end, dans un match que les Marseillais savent compliqué. Oui, le retour de la C1, après une débauche d'énergie pareille, physique et mentale, est toujours compliqué. Le problème est qu'à Marseille, savoir les choses ne semble pas suffire…
Par Swann Borsellino
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