« Ce projet permettra à tous les amoureux du foot et de l’OM, familles, enfants, de se réapproprier le terme de supporter pour que celui-ci ne soit plus capté par des bandes violentes. »
« Concrètement, cette initiative, qui sera officiellement lancée au début du mois de mars, prendra la forme de groupes de travail, de plateformes d’échange d’idées et d’appels à projets pour que direction et supporters s’unissent dans la définition du supportérisme, et pour que vive et demeure l’Institution OM, populaire et diverse. Ce projet permettra à tous les amoureux du foot et de l’OM, familles, enfants, de se réapproprier le terme de supporter pour que celui-ci ne soit plus capté par des bandes violentes. Les supporters sont l’atout le plus précieux du club et le resteront. »
« En marche » au but
Tout y est. La contestation réduite aux exactions de quelques-uns. Une masse de supporters victime de ces sombres agissements. Un vague relent de démocratie participative façon start-up nation et surtout la volonté d’en appeler à un « peuple marseillais » distingué, donc, des associations en conflit avec Eyraud. Le parallèle avec la démarche d’Emmanuel Macron et En Marche saute aux yeux. Se passer des corps intermédiaires pour s’adresser directement à des gens ordinaires, pour y puiser la légitimité et le droit de faire ce que l’on veut. L’occasion de réduire au passage évidemment les ultras aux rôles d’odieux « preneurs d’otages » , comme ces vilains syndicalistes de la SNCF qui font grève et si « méchants » avec les pauvres usagers, quand ils ne visent souvent qu’au maintien de la qualité de ce service public de transport. Rappelons que McCourt avait comparé l’intrusion dans la Commanderie à la prise du Capitole par les pro-Trump.
« Leur mise en demeure par la direction est incompréhensible, il ne peut pas y avoir des dizaines de milliers de Marseillais qui payent les conséquences de quelques excités, déjà devant la justice. » Benoît Payan
Choisir sa clientèle
Le risque, ou plutôt le calcul, serait de se retrouver en face des gilets jaunes ou des blacks blocs. Le temps d’épurer, tout rentrera dans l’ordre. Et le business pourra reprendre ou plutôt s’amplifier enfin sans retenue. Certes, l’ensemble de la classe politique locale a apporté son soutien aux « historiques » , tel le maire Benoît Payan : « Les supporters sont l’âme du club. Leur mise en demeure par la direction est incompréhensible, il ne peut pas y avoir des dizaines de milliers de Marseillais qui payent les conséquences de quelques excités, déjà devant la justice. J’ai écrit à Jacques-Henri Eyraud pour qu’il calme le jeu. » Eric di Meco n’a pas caché son scepticisme et surtout son manque de confiance envers ceux qui se sont lancés dans cette aventure. « À la tête du club, il y a des gens qui pensent qu’ils vont récupérer le coup avec les supporters. Mais le dialogue, il fallait le créer avant ! »

Mais loin de se résumer à une simple tactique ou un plan de repli stratégique adopté dans l’urgence, l'Agora OM porte en soi une autre vision du football, dont le projet de Superligue est, quelque part, le pendant sportif et économique. L’OM possède une longue histoire, souvent conflictuelle, avec ses groupes d’ultras et de supporters. Si le point de rupture semble atteint aujourd’hui, et si une réponse de la sorte surgit des tiroirs des costard-cravate surdiplômés de la direction, il serait gravement erroné de n’y voir qu’un effet exponentiel de la pandémie.
« À la tête du club, il y a des gens qui pensent qu’ils vont récupérer le coup avec les supporters. Mais le dialogue, il fallait le créer avant ! » Éric Di Meco
Depuis un bout de temps, le foot pro cherche la solution à cet épineux problème des supporters. Dans le même temps, il cherche à élargir sa clientèle, une clientèle avide d’un produit parfaitement marketé. L’offensive généralisée en cours (à Bordeaux, cela passe par exemple par un changement de gestionnaire de la sécurité et des stadiers), vise donc, comme l’illustre l’Agora OM, à réduire à néant tout ce qui pourrait prétendre exister en tant que tel au sein « de l’entreprise » . Dans une ville comme Marseille, forcément, l’opération rencontrera une forte résistance, bien au-delà des porteurs d’écharpes et craqueurs de fumis. Mais peut-être est-ce le but. Séparer le bon grain facturé de l’ivraie un peu trop fauchée. La menace d'une rupture de la convention sur les abonnements, dans une longue mise en demeure de six pages expédiée par mail aux associations, démontre que l’on est prêt à se passer de leurs services. Pour leurs remplaçants, on créera des groupes FB et des formations en visio pour apprendre les chants...
Par Nicolas Kssis Martov
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.