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L’Inter en patron

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L’Inter en patron

Victoire 2-0 de l'Inter sur le Milan. A onze contre onze, ils ont gagné 1-0. A dix contre onze, ils ont gagné 1-0. "What else ?", comme dirait un certain José Mourinho.

L’Inter est supérieure au Milan AC, comme elle est supérieure à toutes les équipes du Calcio. Elle l’a montré au cours de ce derby, pas forcément de la plus belle des manières, mais de la plus efficace qui soit, ça c’est certain. Au cours d’un match géré en patron, l’Inter a su faire face aux événements comme au Milan AC, aux décisions stupides de l’arbitre comme à la possession rouge et noire et a assis sa domination sur la Serie A dans un style parfaitement mourinhesque. Et ce, dès le début de rencontre.

Chacune des deux équipes de Milan joue avec ses qualités : le Milan AC tout en technique et classe, l’Inter tout en puissance, rapidité et assauts barbares. Protégé par Gattuso et Ambrosini, Pirlo organise depuis le milieu, ouvre un coup à gauche, un coup à droite. A gauche, c’est Ronnie qui régale. A droite, c’est Beckham qui centre. Au milieu, la coupe de merde de Marco Borriello. Le Milan domine ; l’Inter est la plus dangereuse. Les hommes de Mourinho font ce qu’il faut. Ils défendent, rentrent dans le lard des sénateurs en Armani (Cambiasso, Zanetti ou surtout Muntari s’en donnent à coeur joie) récupèrent, relancent (Cambiasso, Zanetti ou surtout Sneijder à la relance), se projettent vers l’avant à toute berzingue, et mitraillent Dida (Pandev, Sneijder sur le poteau, Milito au fond). 1-0 pour la troupe de Mourinho, que rien ne semble pouvoir contrer…

Sauf Rocchi, monsieur Rocchi. L’arbitre de la rencontre pète un plomb. Il commence par sanctionner Lucio pour simulation alors que celui-ci, même s’il en avait forcément rajouté des tonnes, avait bel et bien était fauché alors qu’il lançait le contre intériste. Sneijder applaudit ironiquement la décision de l’homme en noir, enfin en jaune fluo, qui le prend mal et voit rouge. Rocchi expulse le meneur néerlandais. L’Inter se retrouve à dix avant la demi-heure de jeu.

Pas grave. Pas grave, parce qu’au fond, ça ne change rien au plan de jeu de l’Inter (laisser le Milan jouer au hand et le prendre en contre). Pas grave, parce que du coup, ça le rend encore plus facile à exécuter. A onze contre dix, le Milan va dominer davantage, et conforter l’Inter dans son choix tactique. Le FC Mafia a le monopole du ballon, mais ne parvient pas à en faire quoi que ce soit de dangereux. Ronnie est marqué d’encore plus près (prise à deux Maicon-Zanetti), Muntari est encore plus violent (plus par stupidité que méchanceté), la défense centrale Lucio-Samuel est encore plus vigilante, et la domination du Milan est encore plus stérile. L’Inter défend bas, et laisse les beaux gosses jouer au hand. La ballon circule de gauche à droite, et vice-versa, ad vitam aeternam.

C’est chiant. Personne n’est là pour mettre de la vitesse (Pato absent), alors ça circule bien certes, léché certes, la technique des Milanais leur permet de mettre le ballon où ils veulent certes, mais en vain. Le bloc de l’Inter ne leur laisse absolument rien. Compact, vicieux et organisé façon légion étrangère, il semble impossible à pénétrer pour les hommes de Leo. Qui n’ose pas mettre Ronnie dans l’axe et lui demander de venir percuter de plus bas. Au lieu de ça, il fait entrer les grosses cuisses de Clarence Seedorf, se disant sans doute que ses joueurs arriveront bien à se décaler pour une bonne vieille frappe de loin, solution idoine face à un bloc aussi bas et regroupé que celui du Mou.

Las. Le ballon continue de circuler latéralement, sans que vitesse, frappes ou initiatives dans l’axe ne soient prises. Quand ça finit à gauche, c’est Ronnie qui essaie de percuter. Quand ça finit à droite, c’est Becks qui centre. Dans les deux cas, la défense centrale de l’Inter qui repousse, et à la retombée, surtout ne jamais laisser de deuxième ballon à l’adversaire. Le Mou ne sait que trop bien qu’il s’agit souvent là de la solution. Et il sait aussi qu’on n’a pas fait beaucoup plus facile pour marquer que les contre-attaques. Prises de catch, d’espaces, de vitesse puis roule ma poule. Pandev fait ce qu’il veut dans la défense adverse. Premier ballon piqué sur le poteau de Dida, second au fond de ses filets.

2-0 pour l’Internazionale. Le public peut chanter. Le Special One harangue la foule et fait se lever toute une moitié du stade, celle vêtue de noir et bleu. Mécontent qu’on lui pique la vedette, Rocchi fait à nouveau n’importe quoi et expulse Lucio. Sauf que rien ne pouvait arrêter l’Inter ce soir : Ronaldinho rate le pénalty, autant que Julio César l’arrête. Sur le terrain, l’Inter est à neuf, dans les gradins, l’Inter est partout. Les siens sont heureux comme jamais, même si l’un des leurs, tombé des tribunes, est entre la vie et la mort au moment où vous lisez ses lignes.

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