« Prévoir l'imprévisible »
Dimanche 29 novembre, OM-Monaco, Karim Rekik est contraint de sortir faute de lentille de rechange. Une situation que l'intendant de l'OM aurait dû prévoir d'après Éric. Car être au petit soin ne suffit pas, il faut parfois anticiper les besoins que pourraient avoir les joueurs, comme ça a été le cas à Marseille : « Le coup des lentilles, c'est assez précis, mais disons qu'un club comme l'OM doit pouvoir prévoir pas mal de choses, contrairement à nous qui avons moins de moyens. Mon atelier est situé à quinze minutes du stade d'Angers, pour retourner chercher quelque chose, c'est plus compliqué ! » Éric est un de ces intendants à l'ancienne qui aiment les gens. Comparé à certains, il passerait presque pour un téléphone ancienne génération, mais au fond, c'est ce qui fait son succès. « Quand on a joué le PSG, j'ai vu la différence. Les mecs sont arrivés à quatre en camion avec trente-quatre malles de matériel. Moi, j'avais les trois miennes à côté, seul avec un collègue bénévole qui me donne un coup de main. Mais en fin de compte, ils avaient oublié des coupelles pour préparer l'entraînement et j'ai dû les dépanner. Moi, tu peux venir me voir n'importe quand, je suis toujours disponible. » Une facilité d'accès qui séduit tout le monde au club et surtout les joueurs qui le lui rendent bien.
Comme un tonton
Mais l'intendant, c'est aussi le tonton à qui on va se confier, à qui on va raconter ses problèmes ou avec qui on va discuter de la pluie et du beau temps. La tâche ne s'arrête pas seulement à gérer le matériel, il faut aussi gérer les esprits. « Les joueurs se confient assez souvent, mais on ne parle quasiment jamais de foot. On en fait et on en voit toute la journée. » Et c'est d'autant plus satisfaisant quand les résultats suivent. Indirectement, Éric est lié aux performances des joueurs, qu'il le veuille ou non. L'harmonie collective dépend d'un tout et il en fait partie, il n'y a aucun doute : « Je ressens une certaine responsabilité niveau réussite parce que les joueurs sont respectueux envers moi. Certains, comme Sofiane Boufal, me rappellent pour me remercier d'avoir été là, de les avoir aidés, et ça me fait plaisir. Avant d'être nos joueurs, ce sont nos poulains. Je suis un peu leur deuxième papa. » Tonton ou papa ? Un peu des deux, un problème sur le terrain se règle rapidement, et un problème en dehors du terrain aura toujours une solution. « Je m'occupe de tout et rien, parfois du côté administratif quand il y a des papiers à remplir, de qui dort avec qui à l'hôtel. Parfois même des installations de meubles, on leur envoie quelqu'un qui va s'occuper de faire ça parce qu'ils n'y arrivent pas. » Mais pour Éric, le plus important est de rester à sa place. La relation qu'il a avec son groupe de joueurs est intime, mais ne doit pas franchir une certaine limite, dans quel cas, tout pourrait s'effondrer. « Même si on parle souvent, qu'on est souvent ensemble, il faut savoir mettre des distances et rester à sa place. Même si j'adore les joueurs, j'ai toujours gardé ma place et mon rôle. Il ne faudrait pas que des problèmes puissent empiéter sur mon travail et sur le leur. » Plus qu'un confident, l'intendant, c'est ce tonton qui nous accueille à bras ouverts, mais à qui on ne manquera jamais de respect.
Par Benjamin Asseraf
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