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L’inconnu de l’année : Andreas Rettig

Par Côme Tessier
L’inconnu de l’année : Andreas Rettig

Peut-on passer de social-traître à la solde de la vilaine DFL à celui de tête de pont de la révolte sous la bannière du FC Sankt-Pauli ? La réponse est oui. Elle s'appelle Andreas Rettig, l'inconnu de l'année en Allemagne.

« La recrue la plus spectaculaire pour Sankt-Pauli depuis Gerald Asamoah en 2010 ! » C’est ainsi que le MoPo, journal local hambourgeois, parle de lui. Pourtant, il ne fait pas trembler les filets, les supporters du Millerntor n’ont pas vraiment l’occasion de chanter son nom et personne ne doit posséder de maillot couleur caca à son nom. Mais il est vrai que l’homme était très courtisé en Bundesliga, notamment par Hanovre qui voulait faire de lui son nouvel homme fort. Cette recrue est Andreas Rettig, ancien manager de la DFL (la ligue de football professionnel allemande) devenu directeur commercial du FC Sankt-Pauli le 1er septembre dernier. Et le MoPo n’a pas tort, tant dans le côté spectaculaire que dans la réussite de Rettig : en quatre mois, le bonhomme mérite sans problème le titre de recrue de l’année.

Gestion plaisir

En regardant le classement de la 2e division allemande, une chose est sûre : Sankt-Pauli va mieux sportivement. À la dérive et à la lutte pour le maintien il y a six mois, le Kiezklub a su s’en sortir et s’attaque désormais au haut du classement. Les gars du Millerntor bataillent à quelques longueurs du RB et de Fribourg, gardant en ligne de mire la 3e place et le barrage pour accéder à la Bundesliga. Sur le plan administratif, bien entendu, ça semble aller mieux aussi. De vieux contentieux ont même été réglés, enfin. Ainsi, Sankt-Pauli a retrouvé son droit aux bénéfices sur les produits en l’honneur de Jolly Roger, sa tête de pirate, en rachetant la société Upsolut sur décision de justice. Un coup fort qui symbolise la reprise en main du club à tous les niveaux pour s’adapter et redevenir une place ambitieuse du football allemande.

Au-delà du symbole, cela résume la philosophie de Rettig dans sa gestion des clubs : très terre-à-terre, sans fioriture et proche du public, pour une maîtrise d’ensemble précise. C’est ce qu’il a accompli avec Fribourg et Augsburg. C’était déjà son mode de fonctionnement lors de son passage à Cologne, en 2004. Le Süddeutsche Zeitung raconte que lorsque des membres mécontents lui réclament des investissements ( « si vous mettez 10 millions cet hiver, on ne descendra pas » ), Rettig contre-attaque : « Et si chaque club met 10 millions, personne ne descend ? » Au lieu donc de surinvestir sur du vent, Cologne fait donc avec ses moyens. La descente n’est pas évitée, mais le passage en 2e division permet à un garçon comme Podolski de sortir du lot. Doucement, mais efficacement, le club se redresse et retrouve la Bundesliga. À l’époque, le Effzeh lutte notamment avec Munich 1860. Aujourd’hui, les Löwen souffrent et sont proches de la 3. Liga.

Un « nostalgique réaliste »

Pourtant, son arrivée n’est pas si simple sur le papier. Andreas Rettig est un gars du cru, biberonné en tant que joueur au Bayer Leverkusen et dont l’ambition professionnelle en dehors des terrains lui a permis d’accéder à un statut confortable à la DFL, une institution pas toujours appréciée du côté de Reeperbahn. Seul point vraiment favorable dans son CV : Andreas Rettig est un homme de football et de devoir. Ainsi, sa carrière sur le pré vert terminée, il s’est tourné vers l’administration de clubs aux profils bien précis : Fribourg, puis Cologne et enfin Augsburg. Si à Cologne, l’aventure se termine assez mal, chez les deux autres, deux clubs familiaux aux ambitions mesurées, son passage est un franc succès. À chaque fois, la promotion dans l’élite est acquise et confortée. Mieux, les clubs acquièrent une certaine renommée qui va au-delà de leur hymne de stade : école de football en plein essor, jeu de qualité, public qui répond présent. Alors pourquoi désormais revenir en arrière et tenter une aventure similaire à Hambourg ? Cet été, Rettig évoque une « motivation principale liée à la qualité de vie et la satisfaction dans le travail » . En jetant un œil à son interview pour 11Freunde lors de sa prise de fonction, le choix est encore plus compréhensible. Rettig s’y qualifie de « nostalgique réaliste » . Sankt-Pauli est le lieu idoine pour un homme de cette trempe : un club qui doit s’adapter pour rester compétitif, mais qui ne s’abandonnera pas pour autant.

Hérétique, Herr Rettig ?

Mais si Rettig a tout pour plaire aux supporters de Sankt-Pauli, c’est principalement par ses prises de position très éloignées de son ancien job à la ligue. Au contraire, il n’hésite pas à aller titiller les idées reçues et les consensus mous. Ainsi, dès son arrivée, en septembre, Rettig lance une fronde. C’est la tempête « Bild not welcome » qui s’abat sur le média d’Hambourg et sur sa tentative de récupération de l’aide apportée aux réfugiés. Alors que le tabloïd souhaite voir un logo de sa conception être floqué sur tous les maillots de 1re et 2e division, Rettig dit non. Un refus net, qui inspire d’autres clubs. Même quelques supporters ajoutent leur soutien par des banderoles. Bild fait grise mine et le coup de com tourne au vinaigre.

En novembre, Andreas Rettig peut donc se satisfaire du travail accompli pour le rachat de Upsolut. Pas de quoi s’arrêter en si bon chemin. Dans la foulée, Rettig s’attaque aux droits télés… ou plutôt à la règle du 50+1 (qui empêche les clubs d’avoir un actionnaire majoritaire). Il reproche notamment la puissance financière laissée aux clubs qui contournent la règle, comme le Bayer, Wolfsburg, Hoffenheim… et suggère en compensation une répartition plus équitable des droits télés. Évidemment, le Bayer rouspète par l’intermédiaire de Rudi Völler, qui qualifie sa proposition de « populiste, pas nécessaire, incorrecte et décevante » . Selon lui, Rettig se comporte comme le Sweinchen Schlau (le 3e petit cochon du conte, intelligent mais donneur de leçon). La proposition est pour le moment abandonnée, mais le frisé a probablement visé juste dans sa comparaison. Avec Rettig, il va sûrement devenir difficile de venir souffler les trois points au Millerntor à l’avenir. Dans les colonnes de 11Freunde, l’intéressé en est même sûr : « Il est possible de bousculer l’Establishment. » Autrement dit, l’objectif est de refaire de Sankt-Pauli un empêcheur de tourner en rond, un enfer de la Bundesliga. Plus qu’un cochon, Andreas Rettig en est le nouveau Cerbère.

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