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L’Impératrice : « Marquinhos, c’est un peu le gendre idéal du foot »
Près de deux mois après la sortie de leur dernier album Tako Tsubo, le groupe L'Impératrice se prépare à remonter sur scène dans les prochaines semaines avec le retour progressif à la vie normale. Entre deux répétitions, Achille, Charles, David et Hagni nous ont accordé un moment détente pour évoquer, entre autres, le retour de Benzema en équipe de France, la Superligue, leur rencontre avec Marquinhos ou encore le fléau des réseaux sociaux.
Avant toute chose, les gars, on doit savoir : quel club supportez-vous ?David : PSG depuis toujours, on a toujours été à Paris ou en région parisienne.Achille : Même réponse !Charles : Encore et depuis toujours le PSG !Hagni : Ça n’a pas changé depuis la dernière fois. Toujours Arsenal, même si les temps sont durs.
Didier Deschamps a dévoilé sa liste pour l’Euro mardi dernier, avec notamment la présence de Karim Benzema. Que pensez-vous de ce retour ?A : Très content ! Merci Didier, vraiment. C’est cool qu’ils aient discuté ensemble, au moins il lui laisse une seconde chance, il ne reste pas buté sur sa décision.D : C’est le bon moment. C : Ils ont fait tomber le rideau de la décision politique. Ça fait cinq ans et demi qu’il n’a plus joué avec l’équipe de France, je pense qu’il a purgé sa peine. Entre-temps, il y a eu une deuxième étoile sans lui, mais sportivement c’est un bon choix.H : Surtout qu’en numéro neuf, c’est compliqué. Giroud joue de moins en moins, et tu n’as pas de vraie pointe titulaire. Donc c’est plutôt cool de le revoir ! À voir comment il va s’intégrer dans le système avec Griezmann et les autres.C : Le trio d’attaque Griezmann-Mbappé-Benzema fait rêver. On en parlait tout à l’heure avec Hagni, si Benzema évolue dans le même rôle qu’au Real, qu’il distribue et construit les actions, ça va être magique. Il va pouvoir envoyer des perles à Mbappé.A : Puis, il a su le faire avec Cristiano Ronaldo, donc il saura le faire avec Kylian.H : La clé, c’est vraiment l’entente avec Griezmann, qui est le dépositaire du jeu chez les Bleus. J’espère que ça roulera bien entre les deux.
En dehors de Benzema, diriez-vous que cette liste contient des surprises ?C : Pas vraiment, à part Thuram et Koundé. A : Koundé, j’ai envie de voir ce qu’il donne avec les Bleus !H : Après, il y a quand même l’interrogation Laporte, qui est éligible pour jouer avec l’Espagne maintenant (et appelé depuis par la sélection espagnole, NDLR).
Et au-delà de Laporte, est-ce qu’il y a d’autres joueurs que vous auriez aimé voir en équipe de France ?A : Camavinga pour moi !H : Ouais, mais la saison de Rennes a été un peu plus décevante, et il s’est éteint rapidement. H : Pour moi, Lacazette. Cette année, il a vraiment bien joué, il a passé un cap, même si l’équipe était pourrie. Mais il a gagné un nouveau statut. Mais bon, il y a du monde devant en équipe de France avec Benzema, Ben Yedder, Giroud… donc ce n’est pas un scandale non plus.C : Ben Yedder, c’est un peu fragile en équipe de France aussi, mais il est plus fin techniquement que Lacazette.H : Il a quand même changé le cours de pas mal de matchs avec Arsenal cette saison. Avant, je trouvais normal qu’il ne soit pas appelé, mais il a prouvé cette année qu’il pouvait être en équipe de France.
Vous la voyez aller jusqu’où cette équipe à l’Euro ?A : La victoire !D : On a les joueurs pour gagner.H : Par crainte on pourrait dire : « Ce serait cool d’aller en finale ! » Mais ce serait un peu hypocrite. C : Je ne me prononce pas, on ne sait jamais. Puis, il y aura la Belgique. (Rires.) Bon, si on se fait taper par eux en finale, ce sera le karma. Mais honnêtement, on a le matos pour aller en finale. Avec le jeu prôné par Deschamps, un peu chiant, mais qui nous fait gagner, ça peut toujours le faire.
Quels sont vos plus beaux souvenirs avec l’équipe de France ?C : La victoire en 1998. J’avais douze ou treize ans, j’étais chez mes grands-parents avec mes cousins et c’était la première année où je m’intéressais à ce point au football. Je me souviens avoir voulu éteindre la télé à 2-0 contre le Brésil pour ne pas voir la fin du match tellement j’étais stressé. À cet âge-là, tu sacralisais vachement le Brésil en plus, notamment avec Ronaldo, même s’il était malade. A : Je crois que le souvenir commun le plus fou, c’était France-Argentine à la Coupe du monde 2018. C’était mon anniversaire, on était en concert, toutes les planètes s’étaient alignées. On a encore des vidéos, c’était dingue avec l’euphorie du moment. C : On était à l’hôtel à côté de Lyon avec Lomepal et Roméo Elvis, c’était assez drôle. C’est vrai qu’on fêtait l’anniversaire d’Achille au bord d’une piscine avec des gros verres de vin blanc, et on hurlait comme des dingues, notamment sur le but de Pavard. C’est vraiment le souvenir ultime pour le groupe.A : Il y avait aussi la finale contre la Croatie au niveau émotionnel. On a vu la première période sur nos téléphones, on est montés sur scène à la pause. On avait tellement le seum… surtout qu’ils n’étaient pas nombreux à suivre le concert, une majorité regardait le match. Là, on commence à jouer, et une tempête s’est abattue d’un coup. Ce qui fait qu’on nous a demandé de descendre et on a pu voir la dernière demi-heure de la finale à l’arrache sur le téléphone de Shurik’n. C’était incroyable.
D’ailleurs, allez-vous pouvoir mater les matchs de l’Euro cet été ?C : A priori, on va reprendre un peu la route prochainement, avec la levée progressive des restrictions sanitaires. On a quelques concerts et quelques festivals de programmés – une vingtaine de dates – avec une jauge réduite. Mais on va pouvoir vivre ça entre deux concerts, dans le van, et revivre une ambiance similaire au Mondial 2018.
Le public commence à faire son retour dans les stades, mais les matchs de foot se déroulent surtout à huis clos depuis plus d’un an. Est-ce que ça a changé votre approche du football ? C : Au début, c’était quand même difficile de s’adapter, d’entendre les joueurs hurler, etc. Ce n’est pas vraiment le foot professionnel qu’on connaît.H : Surtout qu’à ce moment-là, il n’y avait pas le bruit artificiel du public, c’était vraiment bizarre. A : Ce qui est dommage, c’est qu’on ne pourra plus entendre Ousmane Dembélé insulter les arbitres quand le public reviendra. (Rires.)
Le mois dernier, le foot européen s’est retrouvé confronté au projet de Superligue, qui aura duré moins de 48 heures. Qu’est-ce que ça vous a inspiré ?D : On s’est bien marré pendant 48 heures.C : En fait, ça n’a jamais vraiment été acté, c’était assez drôle et plein de rebondissements. Après, si le projet avait été maintenu, ça aurait vraiment été abusé. Ça ressemblait à une guerre politique entre les institutions, un truc un peu moche où ça oscillait entre « on veut une réforme de la Ligue des champions » et « on va faire notre compétition fermée de notre côté ». Je pense que ça aurait été assez catastrophique et pourri, avec ce côté élitiste. A : Au moins, Paris aurait pu gagner la C1 ! (Rires.) H : Excepté Florentino Pérez et Andrea Agnelli, qui a l’air un peu taré avec ses sorties sur la consommation des jeunes, j’ai l’impression qu’il n’y a jamais eu d’envie sérieuse de finaliser cette Superligue, et que ça ressemblait plus à un énorme coup de pression des clubs dissidents par rapport à la réforme de la C1. C’était une manière pour ces clubs d’asseoir leur pouvoir. En vérité, tout le monde aurait été perdant si le projet avait abouti. A : Et tous les joueurs bannis des sélections nationales, ça aurait été n’importe quoi. C’est vraiment le business avant tout.H : Enfin bon, finalement, entre l’UEFA/FIFA et la Superligue, c’est un peu se ranger du côté de la peste ou du choléra, ce n’est pas reluisant non plus.
Vous avez récemment tourné un spot en partenariat avec Marquinhos. C’était comment cette journée ? C : Ah Marqui ! C’était rigolo. Il nous a même dédicacé nos vinyles et nous a donné un de ses maillots qu’il a signé (David affiche fièrement la tunique de Marquinhos, signée par le joueur). On a mis du polystyrène dedans pour qu’il conserve une bonne forme en attendant de pouvoir l’encadrer, vu que les magasins étaient fermés jusqu’à mercredi dernier. Mais sinon c’était vraiment cool ! Marquinhos, c’est un peu le gendre idéal du foot. Il est cool, ouvert, souriant, et il est exceptionnel sur le terrain. A : Depuis qu’il nous a vus, il a planté quatre ou cinq buts ! Il y a quelque chose qui s’est passé ! C : C’était le jour du tirage au sort des quarts de la Ligue des champions, quand Paris est tombé sur le Bayern. Et Achille lui a dit sur scène : « Mais Lewandowski tu t’en fous ! Tu le bouffes ! » A : Bon, finalement, il n’a pas pu jouer contre lui, mais ça l’a motivé. En revanche, on a une petite déception parce qu’il nous avait promis qu’au prochain but qu’il marquerait, il mimerait de jouer de la basse.
Et il sait vraiment jouer de la basse, du coup ?A : Euh, non.C : Je ne crois pas non plus.A : Mais il me semble qu’il a joué de la batterie plus jeune.C : Après, on ne l’a vu que dix minutes, donc on n’a pas pu rester très longtemps avec lui, il a un planning ultra chronométré, mais c’était vraiment cool de le voir. Pour la postérité. Mais il est vraiment sympa, il a joué le jeu à fond, il n’a pas du tout le melon. C’est un vrai.
Votre nouvel album Tako Tsubo est sorti le 26 mars dernier. Il y a notamment le morceau Hématome qui évoque les problèmes engendrés par les réseaux sociaux, dont souffrent également les footballeurs. Vous avez également connu des mauvaises expériences sur Twitter ou Instagram ? C : L’idée de base de ce morceau, c’était de réagir sur quelque chose qu’on a vécu. On avait fait une reprise de À l’ammoniaque de PNL, et on s’est fait fustiger hyper violemment sur les réseaux. Insultes raciales, physiques et sexistes, que ce soit pour nous ou Flore (Benguigui, la chanteuse du groupe, NDLR). Des trucs assez ignobles. Le but était de pouvoir en parler librement et alerter sur la lâcheté sur les réseaux, où il y a très peu de courage. C’est la même chose pour les joueurs de foot, c’est tellement facile de s’en prendre à eux. J’ai moi-même déjà eu cette envie spontanée d’aller sur Instagram pour m’en prendre à un joueur, et je comprends dans un sens cette immédiateté parce qu’il n’y a ni barrières ni gardes du corps. Mais c’est fou de se dire qu’on peut faire ça alors qu’on aurait jamais les couilles d’aller voir le joueur pour lui dire la même chose en face. Malgré tout, les réseaux sociaux sont essentiels pour nous, c’est un moyen de communiquer avec ceux qui nous suivent, notamment depuis la pandémie. Mais il faut savoir s’en servir à bon escient. H : Je pense que l’outil est encore trop jeune, et notre société n’est pas encore totalement adaptée socialement à ce moyen de communication, on ne sait pas encore l’apprivoiser. Et surtout, il n’y a pas vraiment de règles, contrairement aux discours en public où il y a des choses qu’on ne peut pas faire. Comme c’est sur internet, on veut garder cette liberté totale. Mais ce serait bien de conserver un certain savoir-vivre et de considérer les autres. C : On peut se prendre des critiques, même hyper négatives tant qu’il y a des arguments. Le problème, c’est le déferlement de haine et de méchanceté.
Vous avez fait deux soirs de suite l’Olympia en 2019, vous êtes censés aller à Coachella depuis un an (reporté à cause de la crise, mais le groupe devrait être présent en 2022). L’ascension est phénoménale depuis sept ans. Si vous deviez vous comparer à un seul club de foot, vous choisissez lequel ?D : Les Glasgow Rangers !A : Ah oui, pas con.C : L’Ajax pour moi.H : Leicester !A : Vous les avez tous pris il ne me reste rien du coup. (Il réfléchit) L’Atalanta ? H : Il y a Villarreal aussi, ils sont en finale de Ligue Europa, alors qu’ils étaient en deuxième division il y a quelques années.A : Ouais, mais l’Atalanta, j’aime bien ! Je pars sur eux.
Propos recueillis par Fabien Gelinat