« Ce n'est pas un migrant »
Et justement, le CV d'Étienne Didot attire l'œil de plusieurs formations européennes. Parmi celle-ci, un certain Atlético Madrid. « Avec l'Atlético Madrid ? Euh non… cet été ?, interroge en premier lieu l'intéressé avant de lancer un long soupir. Haaaa, ça me dit quelque chose, je sortais d'une saison à Rennes, mais franchement je ne me souviens plus exactement du contexte. » Et pour cause : Didot n'aura absolument aucun contact avec les dirigeants des Colchoneros. Manager du Stade rennais à l'époque, Pierre Dréossi est encore plus catégorique : « Il n'y a jamais eu d'offre de l'Atlético Madrid, ce ne sont que des rumeurs. » Pourtant, la mémoire rafraîchie, le natif de Paimpol confirme que tout le monde était au courant de l'affaire. « Le club le savait, mais de toute façon, tout le monde savait aussi que j'allais signer un nouveau contrat ici. » L'agent de Didot reçoit donc quelques offres - Marseille et Lyon pointeront également le bout de leur nez -, mais il ne peut que les refuser gentiment. « Je me rappelle qu'on m'en a parlé plusieurs fois, relance Didot. D'autres équipes étaient également intéressées, notamment des anglaises, mais c'était à un moment où je commençais à beaucoup jouer en première division et j'étais très bien à Rennes, donc je n'imaginais pas partir. » Les contacts s'arrêtent donc à la simple demande de renseignements… Parce que Didot craint de faire le grand pas ? Pas d'après Yvon Schmitt. « C'est le caractère du garçon : ce n'est pas un migrant. Quand il se plaît quelque part, il y reste, c'est tout. La preuve : il n'a fait que deux clubs durant toute sa carrière. »
Fierté insondable de la Bretagne
Une autre raison qui pousse Didot à rester « chez lui » , c'est justement cet attachement à sa région. « J'étais tellement fier de jouer dans ma région à Rennes en étant le capitaine que je ne cherchais pas à aller dans un club comme ça, affirme le milieu. Et puis, jouer à l'étranger n'était pas du tout un rêve pour moi. » Digne représentant breton, Didot tranchait à l'époque avec le comportement actuel des joueurs, d'après Yvon Schmitt. « Désormais, les joueurs restent une saison dans un club, font semblant de l'adorer, mais ne pensent qu'à partir. Étienne n'est pas comme ça : il est vraiment attaché à la Bretagne, je pense même que son objectif était d'y faire toute sa carrière. C'est un peu un Guy Roux breton. » Un qualificatif que ne renierait probablement pas le principal intéressé. « Quand on est breton, on reste amoureux de la Bretagne à vie. Et puis tout le monde était du même avis : ma famille, mes amis, moi… on pensait que j'avais encore besoin de confirmer pour passer un cap sereinement. Il n'y a eu aucune hésitation, aucun regret. C'est peut-être pour ça que je ne m'en souviens plus exactement. »
Atlético loser
Autre argument à prendre en compte dans le renvoi des recruteurs espagnols : le statut de l'Atlético Madrid. À l'époque, l'autre formation de Madrid – dont la présidence vient d'être laissée libre par le truculent Jesus Gil – est encore ce club de losers qui ne parvient pas à remporter le moindre trophée et qui aligne encore Peter Luccin et Gabi. « C'est clair que l'Atlético de l'époque était beaucoup moins attractif que maintenant, confirme Yvon Schmitt. Étienne a donc dû se dire que Madrid ou Rennes, c'était du pareil au même… » De son propre aveu, Didot se dit alors que si un départ pour l'étranger doit se faire, ce sera pour plus tard. « Mais finalement, ça ne s'est pas fait, je suis resté en première division, ce qui ne m'empêche pas d'être quand même fier de ma carrière. » Une carrière qu'il pourrait – qui sait ? - poursuivre finalement en Espagne, vu que le grand Just Fontaine le voyait bien « réussir au Barça » en 2014. Oui, on a tous le droit d'être un peu fatigué.
Par Émilien Hofman
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.