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L’État doit-il sauver le football professionnel ?

Par Nicolas Kssis-Martov
L’État doit-il sauver le football professionnel ?

Le déconfinement ce lundi est un premier pas vers la sortie de la crise actuelle, du moins espérons-le. Et l'heure de la « reconstruction » va sonner, surtout pour un foot pro qui a découvert – ou feint de s'en rendre compte – la fragilité de son modèle économique. Et comme nous vivons autant dans la France de Colbert que dans celle de Macron, même les plus grands défenseurs de la libre entreprise se tournent désormais vers l’État. Mais est-ce son rôle et surtout est-ce nécessaire de secourir les clubs français, victimes de leur aveuglement et de leur imprévoyance ? Le pire, c'est que cela risque d'être le cas...

Madame la ministre des Sports l’a dit et redit, encore récemment sur Canal+ : « Nous ferons en sorte qu’aucun club ne meure, en matière de structures, de collectifs, d’effectifs. » Si la formule et son intervention englobaient aussi le cas des petites associations, tout le monde songe d’abord aux pensionnaires de Ligue 1 et de Ligue 2 qui ont passé une bonne partie du confinement à pleurer sur leurs finances, à se plaindre de l’égoïsme des joueurs qui refusaient de baisser leur salaire ou à pester contre les diffuseurs qui ne désiraient plus verser leur écot. Une lamentation qui a même fini par agacer Noël Le Graët, qui retrouva au passage ses envolées sociales d’ancien maire socialiste de Guinguamp dans les colonnes de Ouest-France : « Mais le foot s’en remettra ! Ce sera toujours plus compliqué pour les entreprises qui vont être directement touchées, c’est autrement plus dramatique pour les malades en ce moment même ! Vous savez, on rejouera finalement assez vite, le foot se relèvera, et il s’en sortira toujours plus vite que des entreprises durement affectées. Bien sûr qu’il sera en partie touché, et notamment le foot amateur, mais le foot n’est pas le plus malheureux aujourd’hui… Vous savez, les conséquences économiques pour le foot, aujourd’hui ça ne m’empêche pas de dormir, croyez-moi ! »

Les larmes de crocodiles du foot pro

Le foot pro n’a en effet guère de motif valable pour cultiver à ce point son catastrophisme du moment. Tout d’abord, il a bénéficié des dispositifs généraux d’accompagnement, tel le chômage partiel, afin de l’aider à surmonter l’arrêt de son activité. Toutefois, au regard de la spécificité de ce secteur, le recours à ce système a fait grincer quelques dents, y compris celles d’un agent comme Yvan Le Mée, prenant le contre-pied dans L’Équipe. « Je suis choqué que l’on soit le seul pays européen où les contribuables doivent payer les clubs pour qu’ils paient les sportifs de haut niveau dans cette situation exceptionnelle qui appelle d’autres priorités, s’emportait le directeur de la société Sport Profile. Il n’est pas normal que nos clubs, qui ne manquent pas de ressources, demandent à l’État 5000 euros par joueur, sans oublier ce que vont lui coûter les abandons de charges. Que le chômage partiel soit nécessaire à l’économie classique, c’est incontestable, mais comment le justifier dans un football décrié pour l’argent qui y circule ? » Bref, plutôt que de montrer l’exemple avec quelques opérations symboliques et médiatiques, nos belles enseignes du ballon rond n’auraient-elles pas été mieux inspirées de prendre sur elles sans rechigner le poids de l’épreuve provisoire qu’elles traversent, alors que par ailleurs, le pays pleure ses morts et effectue déjà des comptes douloureux pour la suite ?

De facto, la question posée s’avère fort simple : même s’il en a légalement le droit, le foot a-t-il besoin de l’aide de l’État ? D’autre part, son droit est-il fondé moralement ? Ainsi dans ce registre, très pragmatique, la Ligue de football professionnel (LFP) vient de souscrire un emprunt de 224,5 millions d’euros dans le cadre des prêts garantis par l’État (PGE) instauré depuis mars par le gouvernement (qui en couvre 70 % du montant) dans le but de soutenir les entreprises en difficulté. « Grâce à ce prêt, la LFP sera en mesure de verser aux clubs de Ligue 1 et Ligue 2 l’ensemble des sommes encore à percevoir au titre des droits audiovisuels pour la saison 2019-2020 », a déclaré l’institution. Donc, même si évidemment cette somme sera normalement remboursée, c’est bel et bien l’argent public qui désormais « protège » les pensionnaires de nos championnats domestiques de la défections des diffuseurs. Pourquoi s’embêter à réfléchir à une nouvelle configuration économique si même en de telles circonstances tout roule finalement par la grâce du souverain ?

Avoir le droit ou le droit d’avoir

De tels efforts en faveur d’une activité qui dispose quoi qu’elle en dise de ressorts et de perspectives d’avenir assez clairs, laissent entier le doute sur qui va en retour devoir se serrer la ceinture. « Les clubs amateurs ont sûrement perdu entre et 5000 et 7000 euros avec le Covid-19 en cette fin de saison – pas de tournoi ou autres événements de ce type par exemple –, sans parler des sponsors ou mécènes locaux qui vont pâtir du climat dégradé et peut-être faire défection pour la rentrée, précise le député Régis Juanico, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, qui gère le dossier sport. C’est très dur pour eux et inquiétant pour le futur. Dans son ensemble le sport amateur a perdu autant que le sport pro : plus d’un milliard d’euros. » Or, pour le moment, toutes les demandes ou amendements en faveur d’une rallonge sur le budget de l’ANS – l’Agence nationale du sport – pour offrir un peu d’oxygène aux AS et FC « d’en bas » ont été retoqués. De quoi nourrir de raisonnables angoisses, sachant que par ailleurs, il faudra sûrement aussi assumer la hausse du coût de Paris 2024.

Si le foot pro a finalement peut-être besoin de l’État (ou des États), ce serait plutôt « pour introduire davantage de régulation », comme le souligne Régis Juanico. « Si cette crise a démontré quelque chose, c’est que la solution aux problèmes du foot pro ne se résument pas à obtenir des exemptions fiscales, mais au contraire une meilleure régulation, notamment au niveau européen », continue l’élu. Pour l’instant, les clubs demandent surtout que le chômage partiel soit prolongé durant l’été. Adam Smith, père du libéralisme économique, ne disait-il pas que les États responsables devaient savoir dire non ?

Comment bien réussir son déconfinement ?

Par Nicolas Kssis-Martov

Propos de Juanico recueillis par NKM.

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