Les buts du match :
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Sans Chicharito, ni Giovani, ou Hector Moreno, le Mexique s'est baladé, mais la délivrance a quelque peu tardé à venir. Le premier bain de bière -la tradition de l'Azteca veut que des verres de houblon parfois copieusement remplis soient projetés sur les rangs du dessous à chaque but d'El Tri- s'est produit à la demi-heure de jeu. Paul Aguilar, arrière latéral droit de l'America, profite alors d'un mauvais renvoi du gardien kiwi pour ouvrir le score. Champion en titre, l'America, club le plus détesté et le plus aimé du pays, constitue la base de cette sélection chargée de passer avec succès l'épreuve des barrages. Au total, sept joueurs aguilas ont été alignés par Miguel « El Piojo » Herrera, le néo-sélectionneur, prêté par ... l'America. Herrera pourrait d'ailleurs revenir sous peu sur le banc des Aguilas pour la conclusion du championnat mexicain.
Aux sept joueurs de l'America titularisés par El Piojo, se sont greffés trois joueurs de Leon, dont le capitaine Rafa Márquez, et Oribe Peralta de Santos, héros des Jeux olympiques 2012 et auteur d'un doublé (48e, 79e). Au club appartenant au géant des communications, Televisa, El Tri n'a pas seulement emprunté son entraîneur, et ses joueurs, mais aussi son schéma : un 5-3-2 qu'affectionne Miguel Herrera, coach au franc-parler tendant vers le vulgaire. Mardi, alors que le Mexique tremblait encore, El Piojo s'est pointé en conférence de presse avec sa traditionnelle assurance. « On va gagner » a t-il déclaré, manière de montrer qu'il était l'homme de la situation pour sauver le Tritanic du naufrage.
La Fédération mexicaine avait programmé le match à 14h, afin de liquéfier les Néo-Z sous le soleil de Mexico. La météo n'a pas été conforme aux prévisions : un vent glacial soufflait, parkas et gants étaient de sortie … Mais ce climat ne semble pas franchement avoir favorisé les visiteurs. En tribunes, on se réchauffait notamment en exécutant la Ola, ce phénomène inventé au Mexique en 1984 et qui a fait tant de mal au Stade de France. Soulagé par la prestation et l'efficacité des siens, l'Azteca a commencé à se montrer arrogant à partir du troisième but, le public en demandant un quatrième, puis un cinquième, et même un sixième. Ce dernier ne viendra jamais. Les Néo-zélandais parviendront même à profiter d'un moment de flottement d'El Tri pour réduire le score (5-1, 85e). Invaincu lors du Mondial 2010 (trois nuls), la Nouvelle-Zélande n'est pas parvenue à s'adapter au forfait de Winston Reid (West Ham), grand référent de la défense et de l'équipe. Les Kiwis n'ont pu camoufler le déclin d'un groupe qui peine à se renouveler depuis l'Afrique du Sud. Leur impuissance les a même conduits à envoyer du tampon façon All-Blacks lors du dernier quart d'heure.
Face à la Nouvelle-Zélande, la sélection verte a signé sa première victoire autoritaire, en match officiel, de l'année 2013. Avant le retour à Wellington, mercredi prochain, le Mexique n'a aucun souci à se faire. L'avenir d'El Tri reste pourtant dominé par l'incertitude. Car, que faire de ces joueurs qui viennent de rendre un gros coup à la nation, mais qui, pour la plupart, pourraient être amenés à s'effacer, devant les Chicharito (encore extrêmement présent sur les panneaux publicitaires), Giovani, ou Hector Moreno ? Pourrait-on aussi assister au retour des Argentins naturalisés à la hâte ces dernières semaines, mais snobés par Miguel Herrera ? Quant au néo-sélectionneur, si le résultat de mercredi le conforte dans sa position, son contrat se circonscrit aux matchs de barrages. Ne pas le reconduire pourrait paraître farfelu, mais la Fédération qui a décidé de l'embaucher est la même qui a usé quatre sélectionneurs en cinq semaines. Une certitude toutefois : le Mexique va au Mondial. Sauf catastrophe ...
Thomas Goubin, à Mexico
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