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L’Allemagne, vraiment au-dessus de tous?

Par Ali Farhat, à Bonn
L’Allemagne, vraiment au-dessus de tous?

Depuis des mois et des mois, on entend à droite à gauche que l’Allemagne a la meilleure équipe d’Europe, du monde, de l’univers. C’est vrai que cette Mannschaft de jeunots est plaisante à voir jouer. Mais elle n’est pas encore arrivée à maturité. C’est une équipe diminuée qui se présentera à Brême face à la France, une équipe qui ne cesse de progresser, certes, mais qui a intérêt à corriger quelques « défauts » si elle ne veut pas passer à côté de quelque chose de grand.

Le 15 mai 2010, Kevin-Prince Boateng blessait Michael Ballack à la cheville et obligeait le célèbre numéro 13 à regarder ses compatriotes s’éclater en AfSud, à la télé ou depuis les tribunes. Quelque part, l’enfant terrible du ghetto de Berlin-Wedding avait rendu service à sa nation d’origine. Le chat (noir) absent, les souris se sont mises à danser. Et il se trouve qu’elles se démerdent pas mal. A l’image d’un Arsenal « libéré » (dixit Cesc Fabregas) à la suite du départ de Thierry Henry, l’absence de Ballack a semble-t-il définitivement libéré les ouailles de Löw. C’est un fait, la Nationalmannschaft, qui s’est remise à décoller en 2006 après son fameux « conte de l’été » à la maison.

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Depuis, « le motivateur » Jürgen Klinsmann est parti; Joachim Löw, le tacticien, lui, est resté. Et si l’Espagne a remporté le titre de MVP (ou MVT, pour être un peu plus raccord) en 2008 puis en 2010, force est de constater que l’Allemagne, elle, est en mode MIP/MIT. Les années passent, les matchs se succèdent, et cette équipe ne semble pas vouloir s’arrêter de progresser. Joachim Löw a réussi à redonner une âme à la Mannschaft, et par-dessus tout, il lui a donné un style. Ce qui, dans un pays où tous les étudiants portent des sacs à dos avec les bretelles serrées au max et des poches extérieures pour transporter leurs bouteilles, n’était pas forcément évident.

Du coup, grâce au Nachwuchsarbeit (travail sur la formation, ndlr) opéré outre-Rhin depuis une dizaine d’années environ, une foule de jeunes joueurs se presse au portillon, tous étant désireux de revêtir le maillot de l’Aigle, tous voulant simplement faire partie de la grande aventure. Car du plaisir, il y en a dans cette Mannschaft. De l’extérieur, ça donne une équipe agréable à voir jouer, qui relance propre derrière, qui prend son temps au milieu, avant de placer un formidable coup d’accélérateur, comme on sait le faire au pays de Porsche, BMW, Mercedes. De l’intérieur, c’est surtout une bande de jeunes qui a envie de jouer ensemble. En toute logique, on pourrait dire que, involontairement, Kevin-Prince Boateng a fait les choses comme il fallait. Sauf que…

Un leadership par défaut

Sauf que c’est pas aussi simple que ça. En mettant Ballack sur la touche, Boateng a réglé un « problème » tout en en créant un autre. « Il Capitano » ayant été déchu, il n’y a plus personne pour gueuler sur les troupes pour les faire réagir. L’an dernier, dans une interview accordée à 11Freunde, Lewis Holtby avait déclaré que, dans une équipe où tous se considèrent comme égaux et éprouvent le plaisir de jouer tous ensemble, « un mâle dominant ne pourrait pas [y] trouver sa place » . Fini les gueulards, donc, place aux élèves-modèles. Sauf que le gueulard, c’est celui qui fait gagner la compétition à son équipe. Dans l’équipe actuelle, qui serait en mesure d’assurer un véritable leadership ? Bastian Schweinsteiger, « poste pour poste » ? Mouais. Philipp Lahm ? Bof. Déjà qu’il a été promu capitaine de manière un peu chaotique ( « Je rendrai le brassard à Ballack quand il reviendra » – « Ah bah finalement non, pas envie » , pour résumer), c’est pas top. Et puis franchement, se faire engueuler par un type qui a une dégaine à se faire voler son goûter pendant l’étude…

Philipp Lahm, justement. Il est fort, très fort même, voire trop fort. Du moins en comparaison du reste de la défense. Autant en attaque, ça se passe à fond, autant au milieu, c’est homogène, autant en défense, c’est parfois laborieux. Seul le capitaine du Bayern et de la Mannschaft surnage. Pour le reste, Löw galère un peu. A gauche, c’est bon. Mais qui mettre à droite ? Höwedes, Boateng, voire Lahm ? Et dans l’axe ? Mertesacker est de toute façon out jusqu’à la fin de la saison. Pour le moment, c’est la paire bavaroise Boateng-Badstuber qui tient la corde. Toutefois, Mats Hummels n’est jamais loin. Si l’élégant défenseur du Borussia Dortmund arrêtait de faire son Philippe Méxès à l’ancienne (je suis impérial avec mon club / je laisse ma sérénité à la maison quand je vais en sélection), peut-être pourrait-il prétendre à beaucoup mieux.

Une formidable armada

Dans l’absolu, ce n’est pas dramatique, hein. La défense n’est pas faible non plus, elle tient la route. En plus, derrière, il y a le bionique Manuel Neuer (non, mais ses relances à la main qui dépassent largement le milieu du terrain, sérieusement?) qui tient la baraque. Mais quelque part, heureusement qu’il y a le milieu et l’attaque qui cartonnent tout. Dans le rôle de l’ « Abräumer » (déblayeur), Sami Khedira se la joue Marcos Senna époque Espagne 2008. Pas très loin de lui, Bastian Schweinsteiger distribue à tout va. Vu qu’il ne sera pas là demain, ce sera sûrement son disciple Toni Kroos qui jouera à sa place. Le côté droit sied comme un gant à Thomas Müller, dit « l’homme sans muscles » . Mesut Özil fait ce qu’il veut, et à gauche, outre le paradoxal Lukas Podolski (qui ne sera pas de la partie), Löw peut se permettre d’aligner soit Mario Götze, soit Marco Reus. Des problèmes de luxe, quoi.

Devant, c’est évidemment Mario Gomez qui joue le rôle du crevard, avec Miro Klose en back-up, on ne sait jamais. Non, il n’y a pas à dire, cette équipe d’Allemagne est décidément sexy. Suffisamment en tous cas pour briller contre d’autres grandes nations en amical, comme face au Brésil (victoire 3-2) ou face aux Pays-Bas (victoire 3-0). La France est prévenue. La Mannschaft, elle, est à la croisée des chemins: concrètement, soit elle rafle tout dans les années à venir, soit elle risque de devenir aussi mythique (mais pour d’autres raisons) que les Pays-Bas des seventies…

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Par Ali Farhat, à Bonn

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