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L’Allemagne contre ses démons
Si la France est la bête noire du Brésil, l'Italie est celle de l'Allemagne. Sauf que la Mannschaft est en train de construire une équipe impressionnante et pourrait bien vaincre le signe indien. Et l'Italie avec.
« A la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne, sauf quand elle prend l’Italie » . Attention, pas de polémique, on parle bien de football. Et de ce que Gary Lineker aurait dit s’il avait voulu être totalement exact dans sa définition. Demi-finale de la Coupe du Monde 1970, finale 1982 puis à nouveau demi-finale en 2006. Avant de détester l’Espagne (Euro 2008 et Coupe du monde 2010), les Allemands ont eu les Transalpins pour bête noire. Au-delà de ces matchs à gros enjeu, la Mannschaft a tout de même perdu quatorze de ses vingt-neuf confrontations avec l’Italie (huit nuls, sept victoires) et n’a plus gagné depuis un match de gala organisé en 1995 pour le centenaire de la fédération suisse… Pour la trentième représentation, elle a pourtant toutes les chances d’améliorer ses statistiques.
La jeunesse emmerde Michael Ballack
En effet, l’Allemagne dispose d’un effectif encore supérieur à celui du dernier Mondial et, alors qu’on pensait que toutes les jeunes pousses avaient éclos à cette occasion, il s’avère qu’il en reste encore à fleurir. Le milieu de terrain est le plus représentatif. Si Schweinsteiger, Özil et Khedira sont toujours sur la feuille de match, on peut également y trouver maintenant Kevin Großkreutz et le gamin surdoué Mario Götze (18 ans), qui animent cette saison le milieu du Borussia Dortmund, large leader de la Bundesliga. Même phénomène en défense, où le capitaine Lahm et les autres habitués sont rejoints par deux démineurs de fond de la Ruhr : Marcel Schmelzer et Mats Hummels. La Mannschaft disposant d’un des gardiens les plus en forme du monde en la personne de Manuel Neuer (cf son match de samedi face à Dortmund), il n’y a guère qu’en attaque qu’elle peut sembler en-dessous. En-dessous, cela signifie quand même Mario Gomez (meilleur buteur du championnat) et deux énergumènes (Podolski et Klose) toujours nuls en club mais étincelants en sélection.
Au fond, comme depuis un an, il n’y a que Michael Ballack qui peut faire flancher l’Allemagne. Pas au top avec le Bayer Leverkusen depuis son retour de blessure, l’ancien capitaine est tout de même à l’origine d’une polémique outre-Rhin après sa non-sélection. « S’il redevient le Ballack qu’on connaît, il sera bien sûr à nouveau à prendre en considération » , s’est contenté de commenter Joachim Löw, lui laissant donc peu d’espoir. Lorsqu’on voit le milieu de terrain évoqué plus haut et la mauvaise ambiance que le loustic a pu mettre dans le groupe alors qu’il était blessé en Afrique du Sud, on se dit que les Allemands ont de toute façon intérêt à passer à autre chose pour de bon.
Trois inédits italiens
En face, l’Italie ne se pointe pas forcément dans les meilleures dispositions. Cesare Prandelli, qui a l’intention de se baser à l’avenir sur une attaque Cassano-Balotelli effectivement alléchante, doit en effet se passer de la moitié du duo, le Mancunien étant actuellement blessé. Pour le remplacer, le sélectionneur italien devrait faire confiance à Giampaolo Pazzini mais garde en joker la hype du moment, Alessandro Matri. Fraîchement transféré de Cagliari à la Juventus, à déjà 26 ans, Alessandro a claqué un doublé dès son deuxième match, le week-end dernier, et offert la victoire à son nouveau club sur le terrain de son ancien. Il fait partie des cinq joueurs sélectionnés venant d’une Juve aux abois en championnat mais sur-représentée en équipe nationale.
Autre absent de marque, Andrea Pirlo. Le métronome de la Nazionale est remplacé par un autre nouvel appelé, Thiago Motta, qui a choisi ses origines italiennes plutôt que sa naissance brésilienne (peut-être aussi parce que personne ne voulait de lui en Seleçao) et sera titulaire pour une première cape à 28 balais. Avec un peu de bol et de bons yeux, on verra aussi la fourmi Sebastian Giovinco, autre inédit, se balader entre les brins d’herbe du Westfalenstadion. Dans tous les cas, on assistera à une rencontre entre deux sélections « work in progress » . L’une pour cause de jeune génération hyper talentueuse à intégrer, l’autre pour cause de Mondial foiré. Deux sélections très casanières, puisque seuls quatre joueurs sur les quarante-six appelés (trois Allemands, un Italien) évoluent en dehors de leurs frontières. Et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne ? Cette fois-ci, ce serait la logique.
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