Mais qu'il sache courir très vite, dribbler tout ce qui bouge et être décisif, on le savait déjà. En revanche, depuis que le niveau de la compétition s'élève et que les Bleus sont dans les très hautes sphères de la Coupe du monde, on découvre un autre aspect de son jeu : sa capacité à être vicieux, insupportable pour l'adversaire, et à faire péter un plomb à ceux qui défendent sur lui en quelques secondes. Et le plus beau, c'est que Mbappé ne le fait pas uniquement pour le plaisir de chambrer, mais bel et bien pour gratter des fautes, provoquer des cartons, mener une guerre d'usure, et mettre les gars d'en face dans un état d'énervement avancé qui les empêche d'être lucides lors des actions qui suivent.
Kamikaze
En quarts de finale, Mbappé avait tellement joué au petit con que Cristian Rodríguez avait fini par lui chatouiller le foie avec son poing. « Kylian n'est ni un simulateur ni un chambreur » , avait jugé Deschamps après le match, en montrant qu'il soutiendrait son joueur coûte que coûte. Alors ce soir, face aux Belges, Kylian en a remis une couche. Des râteaux, des talonnades, des râteaux-talonnades (pour Giroud, peu avant l'heure de jeu), le Parisien s'est fait plaisir. Mais le plus beau, c'est quand il s'est amusé à faire de l'anti-jeu en fin de match pour gratter des secondes. Et que je garde le ballon au pied alors que l'arbitre a déjà sifflé. Et que je tape dans la balle pour l'éloigner quand un Belge va tirer un coup franc. Autant de petites manœuvres qui ont pour unique but de déstabiliser l'ennemi et qui remplissent leur mission.
Comme contre l'Uruguay, Mbappé a même réussi à créer une situation tellement floue que l'arbitre n'a pas eu d'autre choix que de filer un jaune aux deux joueurs concernés : le numéro 10 des Bleus, et celui avec qui il était en train de se disputer. Vendredi dernier, c'est Rodríguez qui était tombé dans le panneau. Aujourd'hui, c'est Vertonghen qui est passé à la casserole dans les arrêts de jeu, alors que les Belges n'avaient plus de temps à perdre. Je coule, tu coules avec moi. Une stratégie un peu kamikaze, mais qui est en train de faire ses preuves. Et comme les cartons jaunes pris précédemment étaient effacés après les quarts, Mbappé ne sera même pas suspendu pour la finale. Diabolique. Bart Simpson avec un maillot bleu, mais qui récolte les félicitations à la fin au lieu de la punition et des lignes à recopier au tableau.
Par Alexandre Doskov, au stade Krestovski
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.