L'émancipation de l'élève
Il se murmure à Londres, du fait de sa relation privilégiée avec Roman Abramovitch, qu'Hiddink aura au minimum une voix de conseiller quant au nom de son successeur. Alors, secrètement, son élève Ronald Koeman s'est mis à rêver. Car il le sait : son avenir devrait, comme Pochettino avant lui, s'écrire loin de Southampton et probablement dans des écuries plus huppées. Chelsea en a la carrure, et Koeman le sait, ce qui explique sa sortie de janvier. Poumon du PSV de la fin des années 80, dirigé à l'époque par Hiddink, le champion d'Europe 88 avait ensuite été installé par son mentor au poste de coach à Eindhoven au moment du départ de ce dernier en 2006 un peu moins de dix ans après avoir été son adjoint en sélection. Dans l'ombre d'abord avant de prendre à son tour la lumière. Dès sa première saison sur le banc d'Eindhoven, Koeman souleva d'ailleurs un titre de champion avec Cocu au brassard, Alex derrière et la doublette Koné-Farfán devant. L'élève s'est donc émancipé, prenant progressivement une voie différente de son professeur de toujours, mais avec toujours le respect du service rendu. Les deux hommes s'appréciaient, vraiment, et se parlaient souvent pour échanger sur le métier d'entraîneur. Avec des visions différentes, une approche divergente.
La blessure de Koeman
Et ce, jusqu'à un épisode qui les a séparés pendant de longs mois, il y a deux ans, au sortir d'une bataille pour la succession de Louis van Gaal à la tête de la sélection nationale. Le choix est connu : Hiddink a été chargé d'assurer la suite du Pélican, Koeman en rêvait. Pour éviter les batailles d'ego, la Fédération néerlandaise avait proposé un poste d'adjoint à celui qui venait d'être vice-champion des Pays-Bas avec le Feyenoord. La pilule n'est pas passée. « Avec tout le respect que j'ai pour mon pays, je ne suis plus un numéro deux. » , expliquera Koeman sur le moment. Depuis, les deux hommes ne se sont plus parlé. Comme si la trahison était restée indélébile malgré le respect et le passé mutuel. Cette semaine, face à la presse, le coach de Southampton, qui s'apprête à recevoir ce week-end le Chelsea d'Hiddink, a expliqué cette absence de contact par « le caractère fort » des deux hommes tout en louant « la profonde intelligence » de son mentor. « Sa capacité à gérer les caractères est l'une de ses plus grosses qualités. Si vous entraînez à un haut niveau, vous avez des grands joueurs à gérer. Votre mission n'est plus de leur apprendre à faire une passe ou un tir, mais plutôt de savoir comment les faire jouer ensemble. (…) Lui a la capacité de donner les clés à ses joueurs pour réussir » , détaillait cette semaine Ronald Koeman dans les colonnes du Guardian, tout en offrant une place prioritaire à Johan Cruyff en matière d'influence. Reste que Koeman chasse aujourd'hui sur les terres de Hiddink, que les deux hommes vont se croiser de plus en plus au haut niveau. Au point de s'affronter aujourd'hui, tout en continuant à se pistonner demain ? Plus aussi sûr.
Par Maxime Brigand
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