« Tu ne peux pas rêver »
Une certitude : Julien Stéphan a toujours su que ses gars étaient capables de renverser le PSG, même s’il décrivait ce rêve comme un potentiel « tremblement de terre » . On sentait la chose possible, d’autant plus qu’il fallait se rappeler aussi que Stéphan avait annoncé dès le premier jour, lors d’un premier entretien donné à Ouest-France, que le rêve ne fait pas partie de sa vie. « Je ne rêve plus, ça fait longtemps, glissait-il alors au cœur de l’hiver. Tu ne peux pas rêver dans ces moments-là. La vie et le monde du foot sont tellement surprenants que tu dois l’appréhender d’une autre manière. Je rêvais avant, oui. Maintenant, non. C’est terminé, c’est fini. Ça n’empêche pas qu’il y a des émotions, des ambitions, des volontés, mais il n’y a plus de rêve. On est déçu quand on rêve. Quand on rêve trop, en tout cas. Les grands rêveurs sont déçus. » Mais ils croient en leurs idées et le technicien breton fait partie de ces mecs-là : depuis qu’il est arrivé sur le banc du Stade rennais, Julien Stéphan sait ses joueurs capables de péter des montagnes et a réussi à mettre en place une philosophie de jeu spectaculaire et basée sur les tripes. Pourquoi ? « Parce que le foot doit être un spectacle provoquant des émotions, affirme-t-il. Qu’est-ce que le public attend ? Des buts. Pour y parvenir, il faut bien défendre pour mieux attaquer. »
Le prochain défi
Et c’est avant tout ce qu’a fait le Stade rennais samedi soir malgré une première demi-heure compliquée, où les Bretons ont encaissé un but sur coup de pied arrêté et un autre consécutif à une perte de balle au milieu magnifiée par Ángel Di María. Derrière, les joueurs de Stéphan, portés par un énorme Bourigeaud après la pause, ont servi leur sauce : défense en zone, contrôle des espaces, interceptions plutôt que duels, fermeture de l’intérieur du jeu quitte à laisser les latéraux adverses libres d’empiler les centres... Rennes avait fait sauter l’OL en demi-finale et avait construit ses exploits européens (retour au Betis, aller contre Arsenal) ainsi, pourquoi aurait-il changé ? Le succès du week-end est la confirmation de la réussite de son système à cinq paires et d’un football positif, qui sait s’adapter aux événements lorsque le niveau le demande. C’est justement le défi de demain pour Stéphan : transformer une équipe de coups, qu’il tient mentalement, en une machine capable d’imposer son style sur la durée. Aujourd’hui, l’entraîneur breton a surtout réussi à remettre de l’émotion et des couleurs sur les fondations d’un club qui avait tout misé sur cette finale, « comme au poker » (Bensebaini). La preuve : « On n’est plus des losers, mais un club qui a envie de gagner. » Et ça fait du bien.
Par Maxime Brigand
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