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  • Coupe du monde 2014
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  • Costa Rica / Pays-Bas

Keylor tout-puissant

Par Javier Prieto-Santos, à Rio
Keylor tout-puissant

Révélation de la Liga et dragué par les plus grands clubs européens, Keylor Navas est aussi et surtout l'un des grands acteurs de l'incroyable Mondial costaricain. Portrait.

Lorsque Keylor Navas a appris que le Costa Rica était tombé dans un groupe de la mort composé de l’Angleterre, de l’Italie et de l’Uruguay, le gardien de Levante s’était montré étonnamment confiant : « Le Costa Rica va finir premier de ce groupe sans problèmes. » Un excès de confiance ? Non, une certitude divine. « Dieu a un plan pour moi » , dit-il, toujours convaincu. Un plan qui lui a permis d’être pour l’instant l’ange gardien de la véritable équipe surprise du Mondial. Si le Costa Rica est en quarts de finale du Mondial brésilien, c’est d’ailleurs en grande partie grâce aux miracles à répétition de San Keylor. Des prestations de haut vol qui n’ont pas l’air de surprendre Roger Mora, premier entraîneur du gardien à Saprissa, son club formateur : « Dans le football, tout va très vite et tout peut basculer en une seconde, mais Navas est la seule vraie certitude du Costa Rica. Avec lui, on a l’assurance de ne pas encaisser beaucoup de buts. »

La foi comme moteur

Le chemin pour devenir un véritable héros national aura été bien long. À quatre ans, ses parents émigrent aux États-Unis pour échapper à la misère rurale de Pérez Zeldon, une banlieue du Sud de San José. Navas ne fait pas partie du voyage. Une expérience traumatique que sa mère, Sandra Gamboa, a expliqué au quotidien La Nacion : « J’ai encore en tête aujourd’hui le jour où nous avons dû le quitter à l’aéroport. Il m’a regardé tristement le visage couvert de larmes pour me dire : « Ne vous en allez pas s’il vous plaît, ne me quittez pas ! » » C’est à ce moment-là que le gamin se réfugie dans la religion catholique avec son grand-père. Une ferveur envers Dieu qui n’a fait que s’accroître avec les années. Avant chaque match, il a d’ailleurs pour habitude de s’agenouiller sur la ligne des 6 mètres en levant les bras au ciel en direction du grand barbu. Que cela plaise ou non. « Les gens peuvent m’insulter et me crier dessus en me voyant le faire, mais je m’en fiche. En Espagne, les gens me voient comme un taré quand ils me voient prier sur le terrain. Il y en a même qui essaient de me déstabiliser en me disant que Dieu n’existe pas. Ce genre de commentaires ne m’atteint pas, au contraire, ils renforcent ma foi. » De la foi, il lui en a fallu énormément avant de vraiment compter dans le monde du football. Le chemin de croix a commencé au club de Pérez Zeldon. L’estimant médiocre et trop petit, Navas est prié de refermer la porte du centre de formation derrière lui. Cette mésaventure ne l’empêche pas de signer plus tard un contrat de formation avec le club le plus important du pays, le Deportivo Saprissa. Là encore, ses entraîneurs lui montrent une voie de garage en l’envoyant jouer un championnat local mineur avec l’équipe réserve des jeunes. Keylor chiffre alors 16 ans et déjà pas mal de retard dans sa sucess-story. Il faut dire que Navas est plutôt du genre à tendre l’autre joue. « Il est d’une religiosité et d’un philanthropisme étonnant dans ce milieu » , s’étonne ainsi Gustavo Munua, ancienne doublure du Tico à Levante. Munua, qui avait cassé la gueule d’Aouate du temps où l’Israélien lui avait piqué sa place de titulaire à La Corogne, n’a jamais rien trouvé à redire sur celui qui l’a assis sur le banc granota. « C’est impossible de s’embrouiller avec un type comme Keylor. C’est une vraie crème. Je dirais même que son humilité est sa plus grande force » , explique, épaté, Joaquín Caparros.

« Balle au pied, il est meilleur que certains joueur de champ »

Cette année, l’entraîneur de Levante n’est pas le seul à s’être émerveillé sur Navas. Le Tico est officieusement le meilleur gardien de Liga. Au-delà de ses stats – il a réalisé le plus grand nombre d’arrêts lors de la dernière Liga – c’est surtout la méthode de Navas qui interpelle. Outre le fait qu’il travaille ses réflexes en remplaçant des balles de foot par des balles de tennis, le Costaricien est un adepte de la vidéo. Des vidéos dans lesquelles il analyse individuellement tous les tireurs potentiels adverses avant chaque rencontre. « Contre le Barça, on lui avait fait 8 vidéos différentes à sa demande. Une vidéo par joueur susceptible de tirer au but. C’est comme ça qu’on fonctionne pour tous les matchs » , dévoile l’entraîneur des gardiens de Levante, Luis Llopis. La vidéo, Navas l’utilise aussi après les matchs. Il est ainsi capable de se repasser trois fois de suite les 90 minutes d’un match pour disséquer ses prestations. Une bonne technique pour trouver le sommeil, mais surtout un bon moyen de lutter contre ses doutes : « On dit que les gardiens sont tous fous par nature, mais je ne fais pas partie de cette catégorie. J’ai besoin de me rassurer par le travail, ça me donne l’impression de minimiser les risques » , explique l’intéressé. Rapide sur sa ligne et doté de réflexes surprenants, Navas est également doté d’un excellent jeu au pied. Cela ne gâche rien. « Balle au pied, il est meilleur que certains joueur de champ » , jure même Caparros. Ces dernières année, Navas a surtout su travailler ses points faibles. Ses plongeons autrefois peu orthodoxes sont aujourd’hui considérés comme les plus beaux d’Espagne. Ses interventions mains opposées – un geste qu’il ne maîtrisait pas avant son arrivée en Europe – rappellent désormais celles des plus grands. Son style, un étrange mélange de sobriété nappé de gestes spectaculaires, en fait aujourd’hui l’un des gardiens les plus courtisés d’Europe. L’Atlético, le Milan AC ou encore Manchester City suivent ses traces de près, mais l’intéressé rêve plutôt de Saint-Jacques de Compostelle : « Un jour, je ferai le pèlerinage jusque là-bas. » En cas de victoire contre la Hollande, le Tico aura sûrement pas mal de choses à dire au Tout-Puissant.

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Par Javier Prieto-Santos, à Rio

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