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Kévin Rimane : « Le PSG a sacrifié sa formation »

Propos recueillis par Sofiane Boumezbar
Kévin Rimane : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le PSG a sacrifié sa formation<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pur produit parisien, Kévin Rimane était aux premières loges pour mesurer le changement de dimension du PSG. S'il est officiellement triple champion de France, il n'a en réalité jamais eu la chance de s'exprimer avec l'équipe première. Passé par l’US Boulogne, la Croatie et la Roumanie, le défenseur central de 31 ans a signé à Bastia-Borgo (National) en décembre dernier pour aider le club dans son opération maintien.

Tu as signé à Bastia-Borgo en décembre dernier. Qu’est-ce qui t’a poussé à revenir en France après ton expérience en Roumanie ?Le fait d’avoir vécu une mauvaise expérience. J’ai joué au FC Hermannstadt (le club évoluait en D1 roumaine la saison dernière, en D2 cette année, NDLR), et ça ne s’est pas très bien passé. Cela m’a permis de me rendre compte que nous sommes plutôt bien lotis en France, nous sommes bien pris en charge…

Que s’est-il passé en Roumanie ?Ça ne s’est pas bien passé au sein du club. J’avais signé deux ans là-bas et au bout de quatre ou cinq mois, j’ai connu des non-paiements de salaire. Je suis un professionnel, j’ai tout de même continué à jouer jusqu’à la fin de la saison. Mais au bout d’un an, j’ai décidé de ne pas continuer à jouer sans être payé. J’ai donc lancé une procédure devant la FIFA. J’ai bataillé et je continue de batailler pour récupérer mon argent. Cette expérience a été fortement préjudiciable pour moi. Je n’ai pas pu m’engager pour un autre club la saison suivante, puisque officiellement, il me restait un an de contrat avec Hermannstadt. J’ai donc vécu une saison blanche. À la suite de ça, je suis resté six mois de plus sans club, puis j’ai eu la chance de signer à Bastia-Borgo en décembre dernier.

Il n’y avait pas la place pour moi en équipe A du PSG. Je n’avais qu’à lever les yeux et regarder les joueurs qu’il y avait autour de moi. Un Kévin Rimane, peut-être que c’est moins vendeur !

Tu as été formé au PSG et tu y as joué plusieurs années. Qu’est-ce qu’il t’a manqué pour t’imposer en équipe première ?Je ne sais pas. En tout cas, j’ai toujours tout donné, j’ai toujours été très sérieux et appliqué aux entraînements. On dit que dans le foot, il faut une part de chance, je ne l’ai peut-être pas encore eue, mais cela ne m’empêche pas de vivre de ma passion aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que j’ai joué dans un des plus grands clubs au monde, je faisais partie d’un effectif dans lequel il y avait des joueurs de très très gros calibre. Le fait d’avoir pu m’entraîner et jouer des matchs avec ce type de joueurs, c’est déjà une belle fierté.

Penses-tu que ton faible temps de jeu (5 matchs avec les pros) est aussi la conséquence de la politique sportive du club qui s’oriente principalement vers des transferts de joueurs venant d’autres clubs, et notamment à l’étranger ?À mon retour, le club avait changé de politique (Kévin Rimane a joué au PSG de 2008 à 2011 puis de 2014 à 2019, NDLR). Le PSG voulait absolument changer au niveau sportif, marketing… Ils ont décidé d’investir sur des transferts de joueurs, des noms, souvent étrangers. Il y avait donc beaucoup moins de place pour les joueurs de la formation. Le club voulait grandir rapidement, pour cela il fallait sacrifier quelque chose. Ils ont sacrifié la formation. Je voyais que malgré mon travail, mon acharnement, il n’y avait pas la place pour moi en équipe A. Je n’avais qu’à lever les yeux et regarder les joueurs qu’il y avait autour de moi. Un Kévin Rimane, peut-être que c’est moins vendeur ! Le coach (Thomas Tuchel) était très élogieux, mes performances à l’entraînement ou lorsque je jouais étaient bonnes. J’ai mis tous les ingrédients. Sur le terrain, il fallait aussi des noms…

D’autres joueurs issus de la formation parisienne avaient l’impression de devoir s’en aller pour avoir du temps de jeu ?Bien sûr ! Les jeunes se disaient qu’une fois leur formation terminée, il fallait partir ! Des joueurs comme Christopher Nkunku, Moussa Diaby auraient pu jouer pendant des années en équipe première. Pour avoir du temps de jeu, ils ont dû partir… Je suis d’ailleurs très fier d’eux, au club j’étais un peu leur grand frère, et c’est une fierté de voir où ils en sont.

Les terrains des équipes A et B sont séparés par environ cinq ou six minutes de marche ! Cela ne favorise pas une certaine proximité.

Sentais-tu un fossé entre les équipes A et B ? On voit bien la séparation entre la partie formation et la partie professionnelle. Dans certains clubs, l’équipe réserve côtoie l’équipe une. Là-bas, c’était bien dissocié. Les terrains des équipes A et B sont séparés par environ cinq ou six minutes de marche ! Cela ne favorise pas une certaine proximité. Dans le projet de nouveau centre d’entraînement, il est prévu que l’équipe B soit plus proche de l’équipe A, ce qui donnera de meilleures opportunités aux jeunes. Ce nouveau centre va peut-être changer la mentalité des jeunes en leur faisant paraître l’équipe pro plus accessible.

Tu as été sacré trois fois champion de France (2016, 2018 et 2019), tu as aussi remporté le Trophée des champions : les célébrations, ça devait être de la folie ? Jouer pour son club de cœur, c’est extraordinaire. Gagner avec son club de cœur, c’est encore plus fou. Pouvoir fêter ça avec sa famille, ses amis et les supporters rend les choses encore meilleures. Quand on le vit, on est tellement émerveillé qu’on a du mal à réaliser ! Encore aujourd’hui, en en parlant, j’ai encore des étoiles dans les yeux. En ce qui concerne les célébrations, je me souviens qu’avant le Trophée des champions en 2018, Thomas Tuchel nous a dit que si on gagnait, il chanterait « Happy » de Pharell Williams. Il a tenu parole lors de la conférence de presse d’après-match. On est ensuite venu l’asperger de champagne et on a chanté avec lui, c’était un bon moment et ça restera vraiment un bon souvenir. Il y avait une vraie cohésion. Cette anecdote montre bien le fait que le coach Tuchel est proche de ses joueurs, contrairement à ce qu’il peut se dire.

La relation que j’entretenais avec le coach Tuchel faisait que j’étais prêt à aller au combat à chaque fois qu’il avait besoin de moi. Il avait cette capacité à garder un groupe soudé et fort.

Tu avais une relation particulière avec Thomas Tuchel ?Oui, on avait une belle relation ! C’est un coach qui est très humain. Il m’écoutait, me demandait tous les matins si j’allais bien, si ma famille allait bien. Il faisait ça avec tous les joueurs. Il donne une grande importance à l’aspect humain et cherche à connaître l’homme pour pouvoir tirer le meilleur du joueur. Je ne jouais pas beaucoup, mais la relation que j’entretenais avec le coach faisait que j’étais prêt à aller au combat à chaque fois qu’il avait besoin de moi. Il me gardait concerné, même si par nature je donne toujours tout pour l’équipe. Je faisais tous les déplacements et j’étais prêt en cas de besoin. Il avait cette capacité à garder un groupe soudé et fort.

Lors de ton passage à Paris, tu as côtoyé d’immenses joueurs. Lequel t’a le plus impressionné ? Il y en a pas mal ! (Rires.) J’ai côtoyé Zlatan, Neymar, Mbappé, Di María, Thiago Silva… Si je devais en choisir un, je dirais Verratti ! C’est incroyable ce qu’il arrive à faire, il continue à jouer même à terre. Il joue au foot comme s’il faisait un five, c’est incroyable ! Kylian aussi est un phénomène. Zlatan était très impressionnant, rien que par sa présence, il nous apportait de la confiance : avec lui, tu sens que limite le match est gagné ! Dans le couloir, on pouvait voir dans le regard des mecs en face qu’ils se disaient : « Aujourd’hui, on va avoir mal ! »

Qui mettait le plus d’ambiance dans le groupe ?Le chef, monsieur Presnel Kimpembe ! Monsieur bonne ambiance. C’est quelqu’un qui transpire la joie de vivre. C’est toujours lui qui gérait les enceintes et mettait du bon son après les victoires.

Un mot sur l’élimination du PSG face au Real Madrid ?Ça fait toujours mal, parce que Paris reste mon club de cœur. Chaque année, on est à deux doigts. Sur le papier, le PSG a la meilleure équipe au monde, ce qui rend la défaite encore plus dure à accepter. Mais je voudrais souligner que les joueurs réagissent toujours. On le voit avec la victoire à Bordeaux 3-0 le week-end passé (interview réalisée avant la défaite à Monaco), ils se remobilisent tout de suite et, contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas facile…

Tu as également évolué à l’US Boulogne en même temps qu’un certain N’Golo Kanté, quel souvenir gardes-tu de lui ?N’Golo n’a pas changé ! J’ai une anecdote qui le résume assez bien. Avant d’arriver à Boulogne, il y a une grande pente. À ce moment-là, il n’avait pas encore le permis. En allant à l’entraînement, je le croise en trottinette en train d’essayer de monter la pente. Je me suis arrêté et lui ai proposé de monter dans ma voiture pour qu’on puisse aller à l’entraînement tous les deux, et il n’a pas voulu. Il m’a dit qu’en trottinette, c’était très bien. Il est comme ça, il ne veut pas déranger… Même après avoir gagné la Coupe du monde, on aurait dit qu’il était limite gêné qu’on lui donne la coupe pour un instant.

Cet été, tu es passé très proche d’une qualification pour la Gold Cup avec la Guyane (élimination aux tirs au but 7-8 contre Trinidad-et-Tobago). Qu’est-ce que représente la sélection pour toi ? Ça représente beaucoup, même si ça reste la France. On a la chance de pouvoir participer à des compétitions internationales comme la Gold Cup. On joue contre des nations qui participent à la Coupe du monde, à la Copa América et dans lesquelles tous les joueurs sont professionnels. Nous, on a bien souvent cinq, six ou sept professionnels dans le groupe et on arrive à rivaliser avec ce genre de sélections, c’est une vraie fierté ! Surtout que nous nous sommes battus depuis des années pour en arriver là, avec toujours de plus en plus de tours à passer pour arriver en phase finale d’une compétition comme la Gold Cup. Grâce à la sélection, j’ai aussi eu la chance de jouer avec mon cousin Florent Malouda, c’était une super expérience !

Mon rôle de grand frère au PSG m’a donné envie d’accompagner les jeunes footballeurs, donc pourquoi pas aller vers une carrière de coach mental.

Comment vois-tu ton après-carrière ?Je dirais pas que je suis un influenceur, mais je travaille déjà avec des marques sur de la promotion de produits ou des shootings photo. C’est encore un peu flou, mais j’aimerais travailler soit dans la mode, soit dans le foot ou pourquoi pas les deux. Au niveau du foot, mon rôle de grand frère au PSG m’a donné envie d’accompagner les jeunes footballeurs, donc pourquoi pas aller vers une carrière de coach mental.

Tu es aussi mannequin, tu peux nous en dire un peu plus ?(Rires.) C’est un peu Valentin Léonard (candidat de l’émissionLes Marseillais, NDLR) qui m’a orienté vers ce monde. Aujourd’hui, j’ai la chance de travailler avec des marques comme Levi’s ou Maison Montignac. C’est un rôle qui est toujours un peu bizarre pour moi parce que, mannequin, c’est un métier, et le mien, c’est footballeur. Mais quand j’ai du temps, j’aime bien participer à des shootings, ce genre de choses. Mais ça se voit que je ne suis pas professionnel, il y a toujours une appréhension avant de passer devant l’objectif.

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Propos recueillis par Sofiane Boumezbar

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