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Kévin Bru : « Le Championship, c’est la Ligue 1 »

Propos recueillis par Florian Lefèvre
Kévin Bru : « Le Championship, c’est la Ligue 1 »

Rennes, Châteauroux, Clermont, Djion, Boulogne, Istres… Kévin Bru en a essayé, des paires de pompes. Après un exil au Levski Sofia l'année dernière, à 26 ans, l'homme a enfin trouvé chaussure à son pied. À Ipswich, une agglomération peuplée comme Amiens ou Perpignan, qui fait office de port fluvial face à la mer du Nord, au sein d'une région rurale de l'Angleterre. Un coin de l'île qui ressemble au bonhomme : tranquille. Mais ce samedi, le milieu de terrain des Tractor Boys d'Ipswich Town dispute une demi-finale aller des play-offs de Championship. Avec en ligne de mire, la Premier League. Entretien à la cool.

Après une saison marathon, ton équipe (6e au classement) a réussi à se qualifier pour les play-offsde Championship. En demi-finale, vous tombez sur le grand rival… Ipswich Town – Norwich City, c’est l’un des plus gros derbys d’Angleterre

Cela fait dix ans que le club n’a plus connu ça (en 2005, Ipswich Town s’est fait éliminer en demi-finale des play-offs par West Ham, ndlr). Dans la ville, les gens sont euphoriques. Ils attendaient ça depuis longtemps, ils veulent enfin retrouver la Premier League (depuis 2002). Moi, je suis arrivé l’été dernier, donc j’ai moins de recul. Je sais surtout que notre qualification, on l’a acquise au dernier moment, mais on l’a méritée. Recevoir Norwich, c’est le match de l’année. En plus, en play-offs, pour les fans, ça sera puissance dix ! Surtout qu’on a perdu contre eux à deux reprises cette saison (défaites 0-1 à domicile et 2-0 à l’extérieur).

Il y a de la revanche dans l’air alors. Toi, tu es content de retrouver les Canaries ou tu aurais préféré jouer Brentford ou Middlesbrough ?

À ce stade de la compétition, il faut être capable de battre tout le monde. Mais dans un sens, c’est mieux de retrouver Norwich. Certes, ils nous ont battus deux fois, mais du coup, la pression est sur leurs épaules. C’est une très bonne équipe, qui met de l’intensité, avec des joueurs techniques au-dessus du lot. Selon moi, avec Bournemouth, c’est la meilleure formation du championnat cette saison. Bournemouth (promu direct avec Watford) a le mérite d’avoir été plus régulier.

Concernant ton équipe, quelles en sont les caractéristiques ? Quel est le style du coach irlandais Mick McCarthy ?

Quand il est arrivé, il a tout simplement sauvé le club (en novembre 2012, Ipswich Town pointait dans les dernières positions du classement) ! Il a su insuffler un état d’esprit remarquable au sein du groupe. Son style, c’est jouer vite vers l’avant, à l’anglaise, pour mettre en position notre attaquant Daryl Murphy (27 buts cette saison), qui est le meilleur buteur du championnat. Le coach a essayé de recruter des bons gars humainement. Mais nous n’étions pas programmés pour la montée.

Tu es milieu de terrain, comment tu définirais ton poste au sein de l’équipe ?

Je suis un numéro 8, dans le style box to boxcomme on dit ici. J’aime toucher le ballon sur chaque action et le faire circuler. On a démarré la saison en 4-4-2 avec aussi quelques matchs en 4-3-3 : je suis milieu axe droit dans ces systèmes.
J’ai ma maison dans une petite ville tranquille à côté. C’est calme et familial, c’est ce que je recherchais.

Tu as joué 31 matchs cette saison, dont la moitié en tant que titulaire et l’autre en tant que remplaçant, comment ton rôle a-t-il évolué ?

Le coach m’a très bien géré. Il m’a intégré petit à petit. Malheureusement, quand je commençais à enchaîner les rencontres, je me suis tordu la cheville. Pareil il y a quelques mois, je me suis fait une déchirure au mollet, ça m’a fait louper la fin de saison. Bien sûr, à présent, j’espère être titulaire pour les play-offs, mais rien n’est décidé.

Comment se passe la vie à Ipswich ?

La ville est sympa, mais je ne suis pas du genre à beaucoup sortir. J’ai ma maison dans une petite ville tranquille à côté. Ici, tout se passe bien. C’est calme et familial, c’est ce que je recherchais. Les fans de l’équipe sont presque partout. Il m’arrive qu’on me demande des photos en ville, je le fais avec plaisir. Et puis, Londres n’est qu’à une centaine de kilomètres, donc j’en profite parfois pour aller faire les boutiques là-bas.

Revenons à la France, tu as pas mal bourlingué en Ligue 2. Et tu as été formé au Stade rennais où tu as remporté le championnat de France des équipes réserves en 2007. Des bons souvenirs ?

À Rennes, on était une bande de potes. Il y avait par exemple Jirès Kembo, qui est parti au Qatar (El Jaish SC), Prince Oniangué, devenu capitaine du Stade de Reims, et Romuald Marie, qui va sûrement retrouver la L2 avec le Red Star. Pour mon premier match de Ligue 1 (Monaco-Rennes, 2-0, le 24 janvier 2007), je remplace Jimmy Briand en fin de match… et je me retrouve face à Yaya Touré ! Pas facile. À l’époque, je ne pouvais pas deviner qu’il allait devenir le joueur qu’il est devenu, mais tu sentais déjà qu’il était très fort physiquement et techniquement.

Comment expliques-tu le fait que tu aies dû à chaque fois changer de club ? Pourquoi ne pas t’être fixé quelque part ?

D’abord, à la Berrichonne de Châteauroux et à Clermont, j’étais simplement en prêt. C’était pour m’aguerrir. À Rennes, je n’ai pas réussi à percer. Ensuite, je suis transféré à Dijon. À l’issue de la deuxième saison, on monte en Ligue 1, mais je ne reste pas. C’est vrai que là, c’est un peu de ma faute, j’aurais pu mieux gérer ce passage. Et puis en 2013, j’ai l’opportunité de partir au Levski Sofia, en Bulgarie. L’équipe allait disputer la Ligue Europa et c’était intéressant sur le plan financier.


Le Championship, je le comparerais à la Ligue 1. Je joue toutes les semaines devant 25 000 personnes, je ne suis pas sûr que ce soit le cas partout en L1…

Quand tu pars là-bas, bien sûr, tu ne parles pas la langue et tu découvres une autre culture, comment tu t’y es accommodé ?

Quand je pars là-bas, j’ai la chance d’avoir un réel ami, Azrack Mahamat. Il sortait d’une première saison en Bulgarie et avait signé pour le Lokomotiv Sofia, le rival du Levski. On a passé beaucoup de temps ensemble. Sur le plan sportif, ça s’est mal passé assez rapidement. On s’est fait sortir au premier tour préliminaire de la C3 (par les Kazakhs du FC Irtych Pavlodar). L’équipe ne marchait pas fort, du coup certains remettaient la faute sur les nouveaux. Je sentais que j’étais ciblé, qu’il y avait un malaise. D’un commun accord, on a résilié le contrat au printemps dernier. Et puis, c’était chaud avec les supporters. Il y a du racisme, beaucoup d’agressivité. Quand on a perdu le derby, ils étaient même aux portes du vestiaire pour nous demander des comptes. Au final, c’est une expérience de vie, ça me sert. Je ne regrette rien, de toute façon, je voulais voir autre chose que la France.

Comment en es-tu arrivé à signer en faveur d’Ipswich Town ?

J’avais quelques touches pour revenir en Ligue 2, mais j’ai pris mon temps. En fait, ça s’est fait par l’intermédiaire d’Antoine Sibierski (ancien attaquant du FC Nantes ou du RC Lens, qui a passé six années en Angleterre). J’ai fait un match avec l’équipe réserve, ça s’est très bien passé et je suis resté. Idem avec l’équipe première. Le coach était satisfait. Je n’ai pas signé de gros contrat, mais je n’allais pas me plaindre après ma saison pourrie au Levski. Le Championship, je le comparerais à la Ligue 1… Je joue toutes les semaines devant 25 000 personnes, je ne suis pas sûr que ce soit le cas partout en L1. Ça s’est très bien passé, au point que j’ai signé un nouveau contrat jusqu’en 2019. J’ai vraiment envie de poursuivre ma carrière ici.

Tu as la double nationalité franco-mauricienne. Après avoir évolué au sein des équipes de France jeunes, tu as choisi la sélection de l’île Maurice. Comment se passe les matchs internationaux avec les Dodos ?

En janvier dernier, Didier Six (champion d’Europe 1984 avec les Bleus) a repris les rênes de la sélection (dans la poule de qualification pour la CAN 2017 avec le Cameroun, l’Afrique du Sud et la Zambie). C’est une bonne nouvelle. Il apporte son expérience du très haut niveau. Il y a de plus en plus de sérieux et de moyens financiers. Le manque de moyens : c’est ce qui nous posait problème par le passé. Étant donné que j’étais blessé, je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer le sélectionneur, mais il a pris de mes nouvelles au téléphone. J’ai hâte de retrouver la sélection. L’objectif, c’est de se qualifier un jour pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations. Je souhaite d’ailleurs remercier les Mauriciens qui m’envoient des messages d’encouragement tout au long de l’année.
Les Lyonnaises et la revanche européenne

Propos recueillis par Florian Lefèvre

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