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Juventus-Gladbach et la revanche allemande

Par Eric Marinelli
Juventus-Gladbach et la revanche allemande

Il y a 40 ans, la Juventus et le Borussia Mönchengladbach s'affrontaient en huitièmes de finale de Coupe des clubs champions, l'ancêtre de la Ligue des champions. Un choc qui opposait alors le champion d'Italie à celui d'Allemagne, et, plus largement, deux des meilleures équipes du continent. Avec l'enjeu d'une et même de plusieurs revanches à prendre pour Gladbach et le contingent teuton.

21 octobre 1975. Mönchengladbach. La parole est à Berti Vogts à la veille du huitième de finale aller de Coupe des clubs champions entre Gladbach et la Juve. Une rencontre que le latéral droit allemand attend avec impatience pour prendre ses revanches. Car Berti a plus d’un compte en suspens : « Le premier remonte à Mexico. Tout le monde disait qu’on était les plus forts. Jusqu’à ce qu’on tombe sur l’Italie. » Évidemment une référence à la demi-finale du Mondial 1970, perdue 4-3 par l’Allemagne face à l’Italie. « Le deuxième avec l’Inter. On a été éliminés à cause d’une canette de bière jetée par un fou sur la tête de Boninsegna, lors d’un match qu’on avait pourtant gagné 7-1. » Explications : en 1971, Gladbach explose l’Inter en huitième de finale aller de Coupe des clubs champions. Mais après un jet de canette sur Roberto Boninsegna, l’UEFA fait rejouer le match, et c’est finalement l’Inter qui se qualifie. « Le troisième avec le Milan qui nous a éliminés il y a deux ans en demi-finale de Coupe des coupes(en 1974, défaite cumulée 2-1, ndlr). » Vexé de ces coups de Botte à répétition, Berti Vogts aborde logiquement la rencontre avec le couteau entre les dents : « Désormais, il y a cette Juventus, dont on dit le plus grand bien. Mais après ces trois défaites, il serait temps que je prenne une revanche, vous ne croyez pas ? » , lance-t-il en s’adressant aux journalistes italiens. Avant de tacler tout aussi habilement que sur les terrains : « Vous Italiens jouez toujours aux victimes expiatoires et ensuite vous nous battez. Mais on ne tombera plus dans le panneau. On sait ce que vaut cette Juve. » L’objectif est donc clair pour le Borussia : vérifier que la vengeance est un plat qui se mange froid.

Le Borussia Mönchengladbach favori

Une mission qui ne paraît pas si impossible pour le Borussia Mönchengladbach. Car il y a 40 ans, l’équipe de Rhénanie-du-Nord-Westphalie faisait office de véritable épouvantail. Tout juste vainqueur de la Coupe de l’UEFA et trois fois champion d’Allemagne en cinq ans, Gladbach était même considéré comme largement favori face à la Juve. Avec en tête de file les frais champions du monde allemands en 1974. Comme Berti Vogts bien sûr, qui a muselé Yohann Cruijff en finale à Munich un an plus tôt. Mais aussi le gardien Kleff, les milieux à tout faire Bonhof et Wimmer ou encore le buteur Jupp Heynckes, meilleur buteur de Bundesliga pour la seconde année consécutive. Sans oublier Uli Stielike ou la doublette d’ailiers danois Jensen-Simonsen (qui sera Ballon d’or en 77).

Au point de susciter la crainte chez l’entraîneur de la Vieille Dame, Carlo Parola, aux abords du match aller : « On jouera le contre. Chercher à imposer notre jeu sur le terrain du Borussia serait une folie. Le Borussia a un jeu collectif moderne (sic !) avec des automatismes rodés et un rythme très élevé. Une tactique utilisée seulement par la Pologne lors de la dernière Coupe du monde. » Le plan de jeu bianconero se lit ainsi aisément entre les paroles de Parola : bétonner en attendant une faille dans le mur allemand. Ce qui n’est pas pour ravir le mythique Dino Zoff, pas franchement convaincu par les choix tactiques de son coach : « J’espère qu’on démontrera aux Allemands qui nous considèrent défensifs à outrance, que nous savons aussi jouer. » Ambitieux.

Une finale avant l’heure

Mais aussi avisé. Car la Juventus n’a pas à rougir de ses forces non plus. Pour cause, la Vieille Dame reste, elle, sur trois Scudetti en quatre ans et peut se targuer d’une expérience jusqu’en finale de Coupe des clubs champions en 73, perdue 1-0 contre l’Ajax. L’équipe est 100% italienne (sauf si on considère Altafini comme brésilien) et compte dans ses rangs ce qui se fait de mieux de l’autre côté des Alpes : Zoff aux cages, Scirea et Gentile en défense, Capello, Causio et Tardelli au milieu, sans oublier le capitaine Furino, et une attaque all-star avec Anastasi, Bettega ou encore Altafini et Gori. Mais Carlo Parola opte donc pour un classique catennacio sur le terrain de Düsseldorf, refait à neuf pour la Coupe du monde en RFA, où a émigré provisoirement le Borussia.

Une tactique approuvée par le président bianconero Giampiero Boniperti : « Commençons par un match nul ici et on discutera de leur qualité à l’extérieur, à Turin. » La Juve doit toutefois faire sans deux hommes forts au match aller. À la suspension programmée de Franco Causio vient en effet s’ajouter la blessure au genou de dernière minute de Fabio Capello. Un gros coup dur pour Parola qui doit bricoler et faire jouer Spinosi et Tardelli, alors en gros manque de compétition. Au coup d’envoi donné par le fantasque arbitre français Robet Wurtz, la Juve fait ainsi pâle figure. Et le verrou ne tarde pas à sauter. Dès la 26e minute, Heinckes trouve l’ouverture sur une superbe reprise de l’extérieur du pied. Avant qu’Allan Simonsen ne double la mise une dizaine de minutes plus tard après un une-deux d’école avec Heynckes. Le score ne bougera plus et apparaît presque flatteur pour la Juve qui a dû s’en remettre plusieurs fois à Zoff pour éviter une note plus salée. Mais la Vieille Dame est encore debout avant le match retour à Turin quinze jours plus tard.

L’espoir italien et le coup de poignard allemand

L’entraîneur allemand à la dégaine d’acteur américain, Udo Lattek, aborde toutefois sereinement ce second rendez-vous : « On a du respect, mais pas de peur pour la Juve. (À l’aller), on a mis deux buts et ensuite on a attendu de voir leur jeu. On voulait voir de quoi ils étaient capables… » , ose-t-il avant de dénoncer l’illusion du football italien. Côté bianconero, la donne est évidemment différente avec Roberto Bettega fin pronostiqueur : « Je suis convaincu qu’on arrivera à la prolongation où les Allemands s’écrouleront parce qu’ils ne s’attendent pas à une Juventus capable de remonter deux buts. » Une opinion presque visionnaire… Devant 70 000 spectateurs au stadio Comunale (pour un record de recettes à hauteur de 284 millions de lire soit un peu moins de 150 000 euros), la Juve présente une tout autre copie.

Avec les retours de Capello et Causio, l’équipe alignée par Parola est bien plus offensive et bouscule le bloc allemand. Gori se procure ainsi rapidement deux occasions en début de match et finit par trouver l’ouverture à la 35e minute. Zoff sauve ensuite plusieurs fois la Juve, avant que Bettega ne remette les compteurs à zéro à l’heure de jeu comme il l’avait annoncé. Mais la justesse de sa prédiction s’arrête là. Après deux frappes de Wimmer repoussées par Zoff, Danner brise les espoirs italiens. La Juve ne s’en remettra pas et encaissera même le but égalisateur de Simonsen en fin de match. Parola sera pris à partie par les tifosi bianconeri pour avoir remplacé assez incompréhensiblement Bettega. Des sièges arrachés au stadio Comunale échoueront même devant l’habitation du président Boniperti. Mais rien n’y changera, la Juve devra attendre la retraite de Zoff et jusque 1985 pour remporter enfin la coupe aux grandes oreilles, dans les circonstances que l’on connaît. Le Borussia échouera, lui, face au Real au tour suivant (au cumul des buts à l’extérieur), puis en finale la saison suivante contre Liverpool. Des échecs qui ne remettront pas en question la revanche allemande sur l’Italie… jusqu’à la Coupe du monde 1982. Et 2006.

Par Eric Marinelli

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