Ce soir, c’est France-Suède. Forcément, lorsque l’on évoque ces deux pays, on ne peut pas s’empêcher de penser au Mondial 1958, disputé justement en Suède.
Oui, c’était il y a 56 ans déjà, mais les souvenirs me paraissent tellement proches. Ce qui m’avait marqué, dès notre arrivée là-bas, c’est que le pays était magnifique. Les conditions de préparation étaient vraiment idéales. À côté de là où nous logions, il y avait beaucoup de lacs où nous pouvions pêcher. D’ailleurs, pendant huit jours de suite, nous étions allés pêcher dans un même lac avant qu’un garde champêtre local ne vienne nous expliquer que c’était interdit. Forcément, on n’en savait rien.
Et les stades en Suède en 1958, cela ressemblait à quoi ?
Ils étaient assez petits, mais toujours remplis. Avant la compétition, nous avions rencontré beaucoup d’équipes d’amateurs pour nous préparer et il y avait toujours du monde. D’ailleurs, je me souviens que j’avais raté beaucoup de buts, mais bon…
Pendant ce Mondial, vous n’avez jamais croisé la route de la Suède. Vous souvenez-vous tout de même de cette équipe ?
Oui. Nous étions en demi-finale contre le Brésil et eux disputaient l’autre demi-finale contre l’Allemagne. Ils étaient très bons, très solides. Mais pas seulement. Ils comptaient aussi dans l’effectif des joueurs magnifiques.
Comme ?
Il y avait ces deux fantastiques ailiers, Lennart Skoglund, qui évoluait à l’époque à l’Inter Milan, et bien sûr Kurt Hamrin de la Juventus, puis qui ira à la Fiorentina après cette Coupe du monde. Et croyez-moi, à l’époque, il fallait être vraiment très bon pour se retrouver en Italie. Il y avait également ce milieu de terrain, Nils Liedholm… C’est lui qui a marqué le premier but en finale contre le Brésil à la quatrième minute, leur permettant de mener au score. Ils se sont finalement inclinés 5-2, comme nous en demie.
D’ailleurs, cette demie contre le Brésil de Garrincha et du tout jeune Pelé, vous en gardez quel souvenir ?
Des regrets, bien sûr. Ils ont vite mené 1-0, puis j’ai égalisé. Nous avons bien tenu pratiquement jusqu’à la mi-temps. Mais en deuxième mi-temps, nous avons dû nous défendre à dix après la blessure de Robert Jonquet, après son choc avec Vava. C’était une époque où tu pouvais changer l’issue d’un match avec ce genre de « blessure » , faute de remplaçants. Tiens, par exemple, moi, j’ai eu la jambe cassée en mars 1960 par un autre avant-centre (Sekou Touré, ailier de Sochaux, ndlr) que je n’aurais jamais dû croiser, a priori.
Depuis ce Mondial 1958, vous êtes le recordman du nombre de buts inscrits lors d’une Coupe du monde (13). Vous continuez d’en tirer une petite fierté ?
Ah oui, évidemment. Il faut être fier de ce genre de choses. Tiens, récemment, j’ai par exemple été reçu au PSG avec tous les égards. Le président m’a même dit que j’y étais chez moi. Salvatore Sirigu a donné des gants à mon petit-fils, qui est gardien de buts comme lui. Moi, en retour, j’ai envoyé 32 DVD à tous les joueurs parisiens avec le parcours des Bleus en 1998 et surtout tous nos buts inscrits en 1958. Dans l’exemplaire destiné à Zlatan Ibrahimović, j’ai écrit : « D’un buteur à un autre » . Dommage qu’il ne soit pas présent ce soir pour le match face aux Bleus.
Vous pensez que quelqu’un battra un jour ce record ?
Oh… Treize buts… Je pense tenir encore un peu (Rires). Allez, au moins jusqu’en 2018.
Les notes de Sainté-Marseille