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  • International – 22 juin 1974 – Le jour où…

Jürgen Sparwasser, héros d’un jour

Par Régis Delanoë
Jürgen Sparwasser, héros d’un jour

Il y a 41 ans à Hambourg, la RDA battait à la surprise générale les frères ennemis de la RFA, sur un unique (très beau) but de Jürgen Sparwasser. Ce dernier, héros d'un des matchs les plus politiques de l'histoire, a pourtant vite subi les conséquences plus négatives que positives de son exploit, entre jalousies, rumeurs, désobéissance et une fuite à l'Ouest pour finir, la veille de la chute du mur.

« S’il est écrit sur ma tombe « Hambourg 1974 », tout le monde saura qui se trouve en dessous. » Voici ce que disait récemment Jürgen Sparwasser dans une interview accordée au magazine 11 Freunde. L’ancien international est-allemand n’est pas dupe : si son nom est encore aujourd’hui connu des amoureux du football, c’est uniquement pour ce « one shot » dégainé au Volparkstadion d’Hambourg le 22 juin 1974, il y a très exactement 41 ans. Ce qu’il a fait avant ne compte pas tellement, ce qu’il a fait depuis pas plus. Seule importe cette 77e minute de jeu ce 22 juin au soir, lors de ce match ô combien symbolique entre la RFA et la RDA. Une merveille de 77e minute. Erich Hamann, entré en jeu peu avant, reçoit le ballon côté droit et pénètre dans le camp ouest-allemand sans être attaqué. Il temporise, lève la tête et décide de balancer au petit bonheur la chance en direction de la surface. C’est là que Sparwasser le magnifique flaire la bonne opportunité et décide d’accélérer sa course pour prendre de vitesse Berti Vogts. Avec le rebond, le cuir lui revient en plein dans la figure, mais au moins celui-ci est-il maîtrisé et désormais dans sa course. Alors il en profite et passe entre deux autres défenseurs adverses, Franz Beckenbauer et Horst-Dieter Höttges, lesquels avaient été retardés par le bon appel du malin Reinhard Lauck. Sparwasser a encore l’immense Sepp Maier à tromper et sa course l’a légèrement désaxé, mais il joue remarquablement le coup en obligeant le portier à se coucher sur une feinte de frappe, avant de le tromper d’une subtile balle piquée. C’est fait ! La RDA ouvre le score et tient ce résultat jusqu’au coup de sifflet final, pour une victoire historique. Quelques secondes d’une géniale inspiration pour la postérité. Un but pour la célébrité éternelle, comme le sont certains chanteurs ou groupes de musique pour un seul tube en carrière.

Sous la surveillance de la Stasi

Pourtant, ce match était sans enjeu ou presque. Il intervenait en dernière journée de la phase de poules du Mondial, et les deux nations siamoises séparées avaient déjà assuré leur qualification les deux journées précédentes aux dépens du Chili et de l’Australie. Sportivement, il s’agissait seulement de se disputer la première place du groupe. Politiquement en revanche, c’était évidemment une rencontre importante, en plein contexte de guerre froide, entre l’Allemagne de l’Ouest, capitaliste, et son homologue de l’Est, communiste. Les attitudes des deux camps étaient scrutées, et il est vite apparu évident que côté est-allemand surtout, instructions avaient été données de ne pas fraterniser : aucun dialogue dans le couloir des vestiaires ou pendant le match, pas d’accolades après, ni aucun échange de maillots. Des agents de la Stasi accompagnaient la sélection pour ce court voyage et surveillaient les moindres faits et gestes des joueurs et du staff. Le soir même de ce RFA/RDA, Sparwasser fut d’ailleurs interdit de quitter son hôtel pour fêter son exploit, car il aurait été indécent que le nouveau héros de la glorieuse Allemagne de l’Est soit vu en train de célébrer son but dans une discothèque de l’autre côté du mur… Bien vite d’ailleurs, de retour au pays après la fin de la compétition, l’attaquant international se rendit compte que son but du 22 juin lui attirait plus d’ennuis que d’avantages.

« Donnez la 23e médaille à Sparwasser »

Avec son club de Magdebourg (le meilleur de l’époque, avec lequel il avait aussi remporté lors de cette même année 1974 un doublé championnat/Coupe des coupes), il était plus sifflé qu’applaudi par un public jaloux, alors qu’une rumeur circulait comme quoi il aurait reçu de l’argent et une voiture en prime pour son exploit d’Hambourg. Des mensonges, expliquera-t-il bien plus tard. Sparwasser, l’artiste aux longs cheveux et à la dégaine nonchalante, n’était pas spécialement l’archétype du sportif discipliné que souhaitaient mettre en avant les dirigeants au pouvoir. Il ne fit rien d’ailleurs pour se faire plus populaire auprès d’eux, refusant par exemple de s’asseoir sur le banc de Magdebourg, son club de toujours, une fois sa carrière sportive terminée. Puis finalement, en 1988, il profita d’un match d’anciens du club en RFA pour « passer à l’ouest » , devenant un traître dans une RDA qui n’en avait plus que pour quelques mois d’existence en tant que telle. Au final, ce but du 22 juin 1974 a même d’ailleurs plus servi l’adversaire que sa propre équipe, car il a permis à la RFA d’être reversée dans une poule plus facile au second tour, avec la Pologne, la Suède et la Yougoslavie, tandis que la RDA se trouvait à ferrailler avec les Pays-Bas, le Brésil et l’Argentine. Dans une interview à Die Welt l’an dernier, il confessait ceci : « À l’issue de la victoire de la RFA au Mondial, Beckenbauer a déclaré : « Donnez la 23e médaille à Sparwasser. » »

JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Par Régis Delanoë

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