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Jupp Heynckes, that 70’s show

Par Ali Farhat
Jupp Heynckes, that 70’s show

Jupp Heynckes fête aujourd'hui ses 70 ans. Si la carrière de l'entraîneur aux multiples titres nationaux et continentaux (dont le formidable triplé avec le Bayern en 2013) est connue, celle du joueur l'est un peu moins. Pourtant, dans les années 70, Jupp Heynckes, personnage introverti dans la vie de tous les jours, était une véritable terreur quand il enfilait le maillot du Borussia Mönchengladbach. Hommage à un joueur aussi généreux sur le terrain qu'en dehors.

Juin 1971. À une journée de la fin, le Borussia Mönchengladbach, champion sortant, est au coude-à-coude avec le Bayern Munich pour le Meisterschale. Les Bavarois sont même devant, grâce à une meilleure différence de buts (+40 contre +39). Tout ça à cause de l’ « affaire du poteau du Bökelberg » , qui a valu une défaite aux Fohlen (les Poulains) sur tapis vert face au Werder Brême. Lors de la dernière journée, le 5 juin 1971, Gladbach se rend à Francfort, qui lutte pour ne pas descendre, tandis que le Bayern se déplace sur la pelouse du MSV Duisburg, qui ne l’a battu que deux fois en 14 rencontres. À la mi-temps, il y a 1-1 à Francfort, 0-0 à Duisburg. Le Bayern est toujours devant. À la 55e minute, les Poulains apprennent que les Zèbres mènent au score face aux Bavarois. Ils décident alors d’accélérer, car une équipe composée de joueurs comme Maier, Beckenbauer, Breitner et Hoeness peut retourner un match à n’importe quel moment. Mais un quart d’heure plus tard, c’est la surprise : Rainer Budde a doublé la mise pour le MSV. Au même moment, Köppel donne l’avantage à Gladbach, avant que Jupp Heynckes ne s’offre un doublé et assure la victoire aux siens. Le Bayern ne reviendra pas. En dépit des deux points retirés, le Borussia Mönchengladbach devient la première équipe de Bundesliga à défendre son titre, et Jupp Heynckes en profite pour écrire la première ligne de son palmarès. Enfin.

Le meilleur parmi les meilleurs

Si Heynckes a attendu son 26e anniversaire pour s’offrir un cadeau digne de ce nom, c’est parce qu’il s’est pas mal fourvoyé au début de sa carrière. Arrivé au Borussia à l’âge de 18 ans, l’enfant de Gladbach n’obtient pas tout de suite un contrat. Le BMG ne peut engager que trois joueurs, et d’autres (comme son pote Günter Netzer) lui sont préférés. Et quand le boss du club vient le voir pour lui demander ce qu’il veut, Heynckes répond : « Une voiture » , et devient ainsi le premier joueur à avoir une Opel toute neuve alors qu’il n’a même pas de contrat lui assurant de revenu. Quelques années plus tard, après avoir réussi en 1965 à faire monter Gladbach en première division avec ses 23 buts, Heynckes se dit qu’il pourrait mieux gagner ailleurs. Jupp prendra donc la direction de Hanovre en 1967, quittant le club dans une totale incompréhension. Mais très vite, il se rend compte que, même si le club de Basse-Saxe a recruté du lourd, il ne jouera jamais vraiment le titre. Au bout de trois ans, Heynckes retournera dans sa ville, son club de cœur, non sans avoir appris deux leçons : l’argent ne fait pas toujours le bonheur, et Josip Skoblar, son coéquipier à Hanovre, fait super bien les demi-volées. Une chose qui lui servira par la suite.

À partir de 1971, il ne se passe pas une année – exception faite de sa dernière saison, en 1978 – où Jupp Heynckes n’est pas honoré : avec Gladbach, l’ailier remporte le championnat à quatre reprises (71, 75, 76, 77), une fois la Coupe (73) et une fois la Coupe de l’UEFA. Et quand il ne gagne pas avec son club, il est récompensé en équipe nationale. Dans les années 70, la Nationalmannschaft claque un formidable doublé Euro 72 – Coupe du monde 74. Sur le plan individuel, Heynckes est une terreur, aussi bien sur le plan national que sur le plan continental. En 1974, il finit co-meilleur buteur de Bundesliga avec 30 buts (égalité avec Gerd Müller), avant de monter tout seul sur le trône l’année suivante, avec 27 buts. En Europe, Jupp finit quatre saisons de suite (de 1973 à 1976) meilleur canonnier du continent dans les trois compétitions. Véritable tueur, Heynckes achèvera sa carrière le 29 avril 1978 sur un quintuplé historique pour une victoire tout autant gravée dans les mémoires, un cinglant 12-0 face au Borussia Dortmund. Cinq buts qui lui permettent de devenir le meilleur buteur de l’histoire de Gladbach avec 195 pions, pour un total de 220 buts en Bundesliga, seulement devancé par Klaus Fischer (268) et l’inévitable Gerd Müller (365). Au total, Jupp Heynckes aura scoré 341 fois dans sa carrière en 546 rencontres, soit une moyenne de 0,62 but/match. Costaud.

Un personnage introverti

Avec de telles statistiques, Heynckes aurait pu se la raconter. Mais ce n’est pas vraiment le genre de la maison. Et puis, à l’époque, le football allemand est rempli de grandes gueules, telles Beckenbauer, Breitner, ou encore Günter Netzer. Jupp, lui, ferme sa bouche et fait parler ses pieds. Taiseux de nature, il fuit la plupart des sollicitations publicitaires qui lui sont faites, là où un Netzer s’avère aussi talentueux sur le terrain que dans la sphère publique. À la popularité grandissante des footballeurs de l’époque, Jupp préfère le calme que lui procure le cercle familial. Mais bien qu’il soit du genre introverti, il lui arrive parfois de péter les plombs en privé, notamment quand tout ne se passe pas bien avec Gladbach. Et des désillusions, Heynckes en a connu : il y a par exemple ces titres perdus dans les toutes dernières journées, en 1974 et 1978. Pire encore, l’incident du Bökelberg du 20 octobre 1971 face à l’Inter Milan. À la 29e minute, Roberto Boninsegna est touché par une canette lancée des tribunes. L’international italien sort, blessé. Gladbach s’impose 7-1. Les Italiens protestent, le retour se joue, victoire de l’Inter 4-2. Juste après, le résultat du match aller est annulé, il est rejoué à Berlin. Score final 0-0, Gladbach est éliminé. Le genre de choses qui rendent Heynckes complètement dingue.

Bien qu’il se refasse les défaites deux jours durant et qu’il en grommelle dans son sommeil, Jupp Heynckes passe très vite à autre chose. Car au fond de lui, il sait que ses buts emmèneront le Borussia Mönchengladbach toujours plus loin. Et surtout, il sait qu’il continuera à marquer, car ses partenaires sont là pour lui. C’est donc dans l’ordre des choses qu’il soit là pour ses coéquipiers. Ainsi, le 21 mai 1975, le Borussia Mönchengladbach mène 4-1 à Enschede sur la pelouse du FC Twente. À la 78e minute, Hennes Weisweiler, le mythique architecte de cette équipe de Gladbach, fait entrer Horst Köppel pour Herbert Wimmer. Cette entrée en jeu avait été négociée par Heynckes (mais aussi Vogts et Wimmer), Horst Köppel ayant été éloigné des terrains pendant plusieurs mois suite à une opération de l’orteil. En jouant un petit quart d’heure dans cette finale, Köppel avait désormais lui aussi le droit de toucher une part de la prime promise aux joueurs pour avoir atteint la finale de la C3. Montant : 5000 Deutsche Marks.

Pari avec Berti Vogts

Quelques jours plus tard, lors de la dernière journée du championnat, Jupp Heynckes marque un doublé face au Werder Brême et finira Torschützenkönig avec 27 buts, devant Dieter Müller (25). Les joueurs fêtent le titre dans les vestiaires, et Heynckes en profitera pour les remercier. « Les amis, je suis content d’être devenu meilleur buteur du championnat. Sans vous, cela n’aurait pas été possible. On ne peut marquer beaucoup de buts quand on est dans de bonnes équipes, grâce au très bon travail de ses coéquipiers. Merci. » Grâce à son talent et son altruisme, Jupp Heynckes a marqué la Bundesliga de son empreinte. Grâce à son opiniâtreté, aussi. Berti Vogts dira d’ailleurs de lui : « J’ai toujours aimé faire des paris avec Jupp. C’est facile de le provoquer. Si je pariais avec lui qu’il ne marquerait pas au match suivant, on pouvait être sûr qu’il en mettrait au moins un. Quand il parie, il met sa vie en jeu. Et je n’ai aucun problème à perdre si, à la fin, le Borussia Mönchengladbach s’impose. »

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