Jules Koundé, la fierté de La Brède

À 20h22, ce mardi, un séisme de magnitude 6,5 a été ressenti à 20 kilomètres au sud de Bordeaux. L’épicentre ? Le stade André Mabille de La Brède, terrain de jeu des Rouge et Blanc du club de foot local. Eh oui, Didier Deschamps vient d’annoncer la première convocation en Bleu de celui qui a foulé cette pelouse entre ses 12 et 15 ans, Jules Koundé. « On est un groupe de potes depuis l’enfance, on jouait ensemble à La Brède. Hier soir, on a fait un FaceTime pendant la liste. Ceux qui sont toujours à Bordeaux se sont réunis et nous ont appelés pour que l’on vive ça ensemble. Et puis quand on a entendu « Jules Koundé », on a exulté. » Louis Vivin, avec qui il formait une charnière centrale redoutée en U14 et devenu un de ses meilleurs amis, est sur un petit nuage.

L’ascension de l’actuel défenseur du FC Séville est fulgurante, mais, à La Brède, à l’image du président Tony Gómez, on n’est pas vraiment étonné : « Quand je vois son abnégation, les progrès qu’il continue de faire. Cela devait forcément arriver. Jules, il est dans la vie comme sur le terrain : juste. Pour nous au club, c’est une immense fierté. Qui peut se targuer d’avoir vu passer dans ses rangs un international français ? »

Jules a rejoint ses potes sur FaceTime

Plus tard dans la soirée, Jules a rejoint ses potes sur FaceTime. Pour celui qu’ils surnomment le « Curt » , voir son nom associé à l’équipe A n’était pas prévu. « Il pensait s’accorder un peu de repos entre l’Euro 21 Espoirs et de potentiels JO. Mais DD en a décidé autrement à sa grande surprise et à sa plus grande joie. On ne partira donc pas en vacances avec lui, mais il fera quand même le tour de l’Europe », se marre Nathan Nass, un autre de ses meilleurs amis.

Son ancien entraîneur U15 à La Brède, Thomas Herreria, a également échangé avec lui : « C’est marrant, le matin, je lui ai envoyé un souvenir Facebook : il y a 9 ans jour pour jour, on jouait la finale de la Coupe du Sauternais (coupe du District). Il ne m’a pas répondu alors que d’habitude, il le fait assez vite. Et puis après l’annonce, je lui ai transmis mes félicitations, et là, il m’a écrit en me disant qu’il était très surpris, mais surtout très heureux ».

Jules Koundé, plus jeune, s’est beaucoup inspiré de stars comme Cristiano Ronaldo ou Karim Benzema. Ce dernier fait son retour en équipe de France en même temps que sa première convocation. Un signe du destin pour son ami Louis Vivin : « C’est fou. Il y a 5-6 ans, on lui avait offert le maillot de Benzema. C’est un joueur qu’il apprécie beaucoup. D’ailleurs, lors du dernier Séville-Real, Jules avait demandé son maillot à la fin du match. Eh là, il va jouer un Euro avec lui… »

Il s’est toujours inspiré de joueurs offensifs, lui, le défenseur. Il faut dire que dans son jeu, la projection vers l’avant est une caractéristique depuis petit. « À l’époque, quand le match était compliqué, notre entraîneur le faisait passer devant et il a mis de superbes buts », détaille Thomas Herreria. Le coach de l’époque confirme : « Dans les dix dernières minutes, si on perdait, je le mettais sur l’aile. Il faisait des différences et avait un sacré coffre. C’est ce qui montre à quel point il était déjà un joueur différent des autres. »

Jules Koundé et le président du La Brède FC, Tony Gomez, en août dernier lors du premier match de championnat de l’équipe première, au stade André Mabille.

Le jour où il s’est emmêlé les pinceaux contre Bayonne

Cette envie d’aller de l’avant lui a parfois coûté cher, et Thomas Herreria s’en souvient bien : « Une fois, lors d’un match primordial contre Bayonne pour la montée en U15 DH, Jules s’emmêle les pinceaux en partant à l’abordage et on prend un but. » Le coach avoue lui avoir un peu remonté les bretelles : « C’était un joueur comme les autres, peut-être meilleur, mais il était logé à la même enseigne. Après, il était déjà impressionnant à plein de niveaux : son sens de l’anticipation, sa détente, sa puissance… »

Son ancien coach dévoile également une passion pour la gastronomie américaine : « Je l’amenais souvent à l’entraînement, on passait toujours devant le McDo et il me tannait pour qu’on s’arrête. Deux-trois fois, je lui ai pris un petit truc. Super le coach qui offre McDo à son joueur avant l’entraînement.(Rires.) Puis après, je lui achetais le goûter et il me charriait parce que je prenais des gâteaux « sous-marques ». C’est Jules, il est réservé, mais quand il connaît bien les gens, c’est un sacré chambreur. »

« On peut même lui dire qu’il est nul au foot »

« Ce qui est fou avec Jules, c’est qu’il n’a jamais changé. Avec nous, tout est simple. On le charrie sur tout, on peut même lui dire qu’il est nul au foot.(Rires.)En revanche, il a un esprit de compétition propre à ces joueurs de haut niveau. Il fait tout pour gagner tout le temps. Et quand on fait des soirées FIFA, attention le trash-talking », rigole son ami Nathan Nass.

Pour le président Gómez, avoir un modèle comme Jules Koundé pour ses petits de l’école de foot est une chance. « C’est un garçon qui n’a jamais oublié d’où il venait. Je pense qu’avec cette convocation, je pourrais faire un album Panini qu’avec Jules, il se vendrait tout seul », s’amuse-t-il. Preuve de plus de son attachement au LBFC : lors de son dernier match avec La Brède en U15, juste avant de rejoindre les Girondins de Bordeaux, il s’était inscrit les initiales du club dans les cheveux.

Pour son dernier match avec La Brède, avant de rejoindre les Girondins, Jules Koundé s’était inscrit les initales du club dans les cheveux.

Après ceux des Girondins de Bordeaux et du FC Séville, le président de La Brède FC espère bien habiller son nouveau club house avec un maillot de l’équipe de France. Toujours floqué Koundé, évidemment.