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Johan Audel : « On a quand même sorti la Guadeloupe de Tacalfred en éliminatoires ! »

Propos recueillis par Nicolas Grellier
Johan Audel : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On a quand même sorti la Guadeloupe de Tacalfred en éliminatoires !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Pendant que d'autres se dorent la pilule ou renouent avec les joies de la préparation physique, Johan Audel, lui, découvre la Gold Cup sous le maillot de la Martinique. Entretien avant le dernier match de poule contre le Panama (22h30).

Salut Johan, on t’avait quitté il y a un an à Nantes où tu étais en fin de contrat. Tu as opté pour une destination exotique, en rejoignant le Beitar Jerusalem, comment s’est passée cette première saison en Israël ? Ça a superbement bien commencé, je faisais partie de l’équipe type. Mais en janvier dernier, j’ai eu un coup de blues et j’ai voulu revenir en France. Je m’étais mis d’accord avec Amiens, mais j’ai signé le dernier jour du mercato, donc le contrat n’a pas pu être renvoyé à temps. À partir de ce moment-là, mon président, me sachant sur le départ, a recruté deux joueurs et j’ai commencé à moins jouer.

Tu es né en France, de parents martiniquais, quel lien entretiens-tu avec l’île de tes parents ? Chaque année, je reviens en Martinique pour y passer mes vacances, j’aime aller là-bas pour me ressourcer. Je suis toujours très bien accueilli, notamment dans les villes de mes parents où j’ai encore pas mal de famille. Mon père vient du Diamant, où le maire est justement son cousin. Ça se passe vraiment bien quand je retrouve la Martinique. Tellement bien que je suis en train de faire construire une maison au Vauclin, pas très loin de la mer.

Avec des parents martiniquais, tu as dû grandir avec la cuisine antillaise…(Il coupe) Ah ça oui ! Je me souviens encore quand j’étais petit, je regardais les interviews de Thierry Henry ou Nicolas Anelka qui parlaient des plats que préparaient leurs mères, et qui disaient que ça leur donnait des forces pour marquer des buts et pour être bons. La bouffe, c’est quelque chose qui revient souvent dans une interview d’un joueur antillais, car c’est vrai, on a pas mal de bons plats.

C’est vraiment bon pour le sport la cuisine antillaise ? Ça dépend, on peut varier avec les fruits et les légumes qu’on a chez nous. Mais bon, c’est vrai que les trucs typiques de la Martinique, ce sont le colombo et les acras, il ne faut pas en manger tous les jours quand on est sportif, mais c’est quand même pas mal.

Il y a sept ou huit joueurs du Club franciscain qui ont été sélectionnés pour participer à la Gold Cup. On retrouve aussi pas mal de joueurs du Golden Lion et des Aiglons du Lamentin dans la sélection. Ce sont les trois clubs phares du football martiniquais.

En 2015, tu joues à Nantes et le tirage de la Coupe de France place sur ta route le Club franciscain, un club martiniquais qui évolue en Division d’Honneur. Une rencontre qui a dû te laisser de beaux souvenirs. Pour moi, c’était le kiff. J’étais devant ma télévision, je vois que l’on est dans le même chapeau, je me dis que c’est impossible. Je me souviens, j’étais avec un pote au téléphone et je lui ai dit que j’aimerais tomber contre eux. Quand je vois le tirage au sort je deviens ouf ! J’appelle tout le monde, tout le monde m’appelle, c’était vraiment un truc de fou.

Cinq mille personnes de la communauté antillaise avaient fait le déplacement à la Beaujoire, ça devait être également fou dans le stade. C’est clair, il y a une équipe antillaise qui avait joué peu de temps avant contre Cholet, (en 2014, les Aiglons du Lamentin avait défié Cholet au septième tour de la Coupe de France, ndlr) et j’étais allé les voir rien que pour l’ambiance. Quand ça s’est passé à Nantes, je n’y croyais même pas. Il aurait fallu me filmer, j’étais comme un gosse. En plus, j’avais des potes dans l’équipe. Il faut savoir qu’en Martinique, Nantes et Saint-Étienne sont des clubs très suivis et quand on parle avec les gens, ces deux clubs-là ressortent aussi.

Le Club franciscain, c’est la place forte du football martiniquais ?Oui, bien sûr, ce sont encore eux qui ont gagné le championnat et leur entraîneur c’est aussi notre sélectionneur (Jean-Marc Civault, ndlr). D’ailleurs, il y a sept ou huit joueurs du Club franciscain qui ont été sélectionnés pour participer à la Gold Cup. Ce sont vraiment de bons joueurs, ils sont champions et on ne peut pas leur reprocher grand-chose. On retrouve aussi pas mal de joueurs du Golden Lion et des Aiglons du Lamentin dans la sélection. Ce sont les trois clubs phares du football martiniquais.

Tu dois avoir des sollicitations depuis longtemps pour évoluer sous le maillot martiniquais en compétition officielle. Pourquoi n’avoir accepté que très récemment ?C’est Julien Faubert qui m’a convaincu de venir jouer avec la sélection, il m’avait dit qu’il y avait un bon groupe, donc je suis venu. Mon baptême s’était très bien passé, on avait gagné 2-0 contre la Guadeloupe de Tacalfred lors des éliminatoires. J’ai vu qu’on avait de la qualité et que le groupe vivait bien. J’ai également été réceptif au fait que le président de la Ligue faisait en sorte que ce soit le plus professionnel possible, justement pour que les autres joueurs professionnels puissent venir. Ce sont tous ces éléments qui m’ont ensuite donné envie de revenir pour disputer la Gold Cup.

Notre capitaine, Sébastien Crétinoir, quand je discute avec lui, il me dit qu’il a son boulot et que c’est compliqué pour lui de quitter l’île. Désormais, les mecs ont lâché l’affaire pour tenter leur chance ailleurs, on dirait qu’ils se mettent en mode « pro » uniquement avec la sélection.

Tu connaissais tous les joueurs de la sélection ? Non, je ne connaissais pas tout le monde. Mais j’avais quand même joué avec certains d’entre eux comme Steeven Langil ou Yoann Arquin. Après, je connaissais aussi les stars locales que je croisais de temps en temps au pays.

Il y a de la qualité dans cet effectif. Oui, évidemment, quand je vois des joueurs comme Kévin Parsemain (le meilleur buteur de l’histoire de la sélection, ndlr) ou Sébastien Crétinoir, je me dis que c’est du gâchis. Ce sont des joueurs qui ont, encore aujourd’hui, le niveau pour jouer en Ligue 2. Quand je vois notre capitaine (Sébastien Crétinoir, ndlr), c’est un roc sur le terrain. Contre les États-Unis, il a fait une prestation de haut niveau. C’est un joueur qui m’impressionne. Quand je discute avec lui, il me dit que maintenant il a son boulot et que c’est compliqué pour lui de quitter l’île. Désormais, les mecs ont lâché l’affaire pour tenter leur chance ailleurs, on dirait qu’ils se mettent en mode « pro » uniquement lorsqu’il y a un rendez-vous avec la sélection.

Passons à la Gold Cup, après une belle victoire 2-0 contre le Nicaragua où tu fais les deux passes décisives, vous jouez contre les États-Unis, le pays organisateur. Il devait y avoir beaucoup d’émotion avant d’entrer sur la pelouse. Je confirme qu’il y avait beaucoup d’émotion, d’autant plus quand tu entends la Marseillaise… On n’est pas l’équipe de France, mais on est quand même des joueurs français. Quand la Marseillaise retentit et que tu vois en face de toi la grande équipe des États-Unis, la première puissance mondiale, ça donne des frissons. Pour ma part, même si j’ai eu une belle carrière, ça me laisse un goût d’inachevé. Mais bon, je suis quand même fier d’avoir pu disputer ce match historique entre la Martinique et les États-Unis. On a failli faire l’exploit, on perdait 2-0 et on est revenu à 2-2. Bon, après on prend un but sur une erreur, car eux ont plus d’expérience que nous. On a directement pensé à mettre le troisième, alors qu’un match nul nous aurait suffi pour nous qualifier (défaite 2-3 finalement, ndlr). Voilà, ça s’est passé comme ça, mais c’est un match qui va nous faire grandir et c’est vraiment un souvenir qui va rester dans toutes les têtes, c’est certain.

Sur le papier, le Panama est supérieur à nous. Après, ça ne veut rien dire car, personnellement, je ne connais pas un joueur du Panama. Et je pense qu’eux n’en connaissent que deux ou trois de notre équipe…

Les deux premiers de chaque groupe se qualifient pour les quarts de finale, ainsi que les deux meilleurs troisièmes. Pour éviter les calculs compliqués, vous aller devoir gagner contre le Panama. Oui, là on est obligés. Il va falloir essayer de les battre pour être certain de se qualifier. Sur le papier, ils sont supérieurs à nous. Après, ça ne veut rien dire car, personnellement, je ne connais pas un joueur du Panama (rires). Et je pense qu’eux n’en connaissent que deux ou trois de notre équipe. Le Nicaragua, on nous disait que c’était une bonne équipe, mais bon, ils étaient catastrophiques.

Peut-on dire qu’il y a un style de jeu antillais ?Non, nous on se rapproche beaucoup de ce qui se fait en France. La formation antillaise est quand même plus une formation à la française. Après là, on rencontre pas mal d’équipes sud-américaines, donc ça essaye d’aller vite de l’avant. Le Nicaragua ne construisait même pas, ils essayaient de casser directement les lignes, de toucher les attaquants et de provoquer. Ce sont des équipes souvent coupées en deux, il n’y a pas cette notion de bloc équipe. Nous, on a un autre style de jeu.

La meilleure performance martiniquaise en Gold Cup est un quart de finale en 2003, c’est une performance qui t’a marqué ? Non pas vraiment, mais j’en ai entendu parler. Notre intendant est un ancien joueur et il avait participé à cette épopée. À chaque causerie, il nous le rappelle, donc t’inquiète que je suis au courant ! (Rires) Il nous fait rire, car il nous dit toujours : « Moi, à mon époque… » Vous savez comment sont les anciens, hein… On aimerait faire mieux qu’eux pour pouvoir lui dire : « Tu vois, ton époque est révolue. Maintenant, il faut que tu passes à autre chose, mon gars ! » (Rires)

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Propos recueillis par Nicolas Grellier

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