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Jérémy Taravel : « Le Dinamo Zagreb, c’est le Real des Balkans »

Propos recueillis par Régis Delanoë
Jérémy Taravel : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Le Dinamo Zagreb, c&rsquo;est le Real des Balkans<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

La saison 2015/2016 du championnat croate reprend dès ce week-end avec déjà un très gros choc au programme entre le Dinamo Zagreb et Hajduk Split. Dans les rangs du décuple champion sortant (!), un Français : le défenseur Jérémy Taravel, à Zagreb depuis un an et demi, après avoir construit sa carrière en Belgique, faute d'avoir pu s'imposer en France.

Présente-nous un peu ton parcours…

Alors, je suis d’abord passé par Clairefontaine jusqu’à mes 13 ans, puis j’ai passé quatre ans au centre de Créteil, jusqu’à ce que Lille me repère et me fasse signer un premier contrat stagiaire pro. Je suis resté quatre ou cinq ans au LOSC, où j’ai également signé par la suite un premier contrat pro de trois ans. Problème : en tant que défenseur central, j’étais barré à l’époque par Chedjou, Rami, Plestan… J’ai fait quelques apparitions sur le banc, mais je n’ai jamais pu avoir ma chance et je devais me contenter de la CFA, alors j’ai fait le choix de régresser, entre guillemets, en allant en Belgique jouer d’abord pour le club de Zulte-Waregem. Ça s’est bien passé et c’est là que j’ai pu vraiment débuter ma carrière, qui s’est ensuite poursuivie à Lokeren d’abord, toujours en Belgique, puis au Dinamo Zagreb depuis un an et demi.

Pourquoi ce choix de quitter la France pour la Belgique ?

À Lille, les premiers temps où je ne jouais pas, ça ne me posait aucun problème. J’étais jeune et c’était déjà une chance de pouvoir évoluer à l’entraînement avec des gars expérimentés, ça m’a aidé à progresser. Mais au bout d’un moment, si on ne te donne jamais ta chance, tu ne progresses plus. En plus, je me suis fait les croisés et la rééducation a été longue et difficile. J’avais besoin de changer pour me relancer et c’est Zulte-Waregem qui m’a proposé un premier prêt de six mois. J’ai aussi eu des touches à cette époque avec le Standard, mais mon manager de l’époque me l’a fait à l’envers et ça n’a pas pu se faire. Je suis resté un an et demi au final à Zulte, puis trois ans de plus en Belgique à Lokeren, où on a gagné la Coupe et joué les play-offs toutes les saisons. C’étaient de bonnes années.

Pas de frustration de n’avoir jamais pu disputer un match en pro en France ?

Franchement non. Quand t’es français, bien sûr que tu rêves d’abord de jouer chez toi, mais les circonstances ont fait qu’il a fallu que j’aille en Belgique et ce n’est pas plus mal au final. Là-bas, j’ai pu enchaîner, me faire un nom, vraiment lancer ma carrière. Donc non, pas de regrets, c’est comme ça.

Il n’est pas un peu bizarre, ce championnat de Belgique avec ce système de play-offs ?

Ouais, franchement, je ne l’aime pas trop ce système, c’est un peu le bordel : t’as les six premiers qui se font un mini-championnat, mais ils repartent avec la moitié des points obtenus. Donc imagine, tu t’es fait chier à avoir 6 points d’avance sur la concurrence et tu ne te retrouves qu’avec 3 au final. Donc tu as beau avoir fait une super saison jusque-là, tu peux vite te faire doubler, et inversement. Bref, je ne suis pas très fan. Mais sinon, le championnat belge est de plus en plus intéressant. Il grandit, il s’ouvre pas mal. À l’époque où j’y suis allé, on m’avait plutôt déconseillé. « T’es pas sérieux, pourquoi tu vas en Belgique ? » Ce genre de commentaires. Résultat, deux ou trois ans après, ce sont les mêmes gars qui signent là-bas parce qu’ils se rendent compte que ce n’est pas si nul que ça et que c’est un super tremplin. Tu peux t’y faire repérer, mieux que si t’es barré en France. Je connais par exemple William Vainqueur, qui s’est fait repérer au Standard et qui depuis a signé un bon contrat au Dynamo Moscou. C’est un championnat très suivi des recruteurs et les joueurs y sont moins chers qu’en France ou en Angleterre, donc ils sont attractifs.

Et niveau public ?

Les gens aiment le foot, les stades sont pleins. À Lokeren, c’était un petit stade de 10 000 places, mais full tout les week-ends. Le plus impressionnant, c’est le stade du Standard : un peu comme à Dortmund, avec un mur de supporters derrière les buts, toujours blindé de monde.

Zulte et Lokeren sont des clubs flamands, ça n’a pas été un frein ?

Non, aucun souci. Déjà parce que j’ai fini par comprendre certains mots basiques et parce que ça parle beaucoup français dans ces clubs. Les joueurs flamands parlent tous français, et au niveau des instructions du coach, elles étaient traduites en simultané par le coach adjoint pour les francophones.

Venons-en à la Croatie : comment y as-tu atterri ?

C’était au mercato d’hiver 2014. Déjà, le club voulait me prendre l’été d’avant, mais il avait manifesté son intérêt à deux ou trois jours seulement de la fin de la période des transferts et Lokeren avait refusé, car je n’avais pas de remplaçant dans l’effectif. J’ai patienté six mois et le Dinamo est revenu à la charge, mais les négociations ont été difficiles : comme souvent, beaucoup de gens ont voulu se mettre dans le deal. Pendant un mois et demi, ça a été un bordel pas possible. Heureusement, j’ai un super agent, Mogi Bayat, qui est parvenu à directement négocier avec le président du Dinamo. En supprimant les intermédiaires, ça a fini par se faire, un soulagement.

Tu t’es renseigné un peu avant de signer là-bas ?

Oui, à Lokeren, j’ai pu discuter avec un ancien international croate qui connaissait bien le championnat et qui m’a conseillé d’y aller. Le truc qui m’a vraiment décidé, c’est la possibilité de disputer la Ligue des champions. C’est le gros objectif que j’ai désormais, car depuis un an et demi que j’y suis, on a tout gagné sur le plan national : deux championnats, dont le dernier sans perdre un match, et la Coupe. La saison dernière, on a échoué au troisième tour préliminaire de la Ligue des champions. Cette fois, on ne veut pas se louper.

Le Dinamo n’a pas d’adversaire de son niveau en Croatie, c’est pas un peu démotivant parfois ?

C’est sûr que ça fait bizarre, surtout quand t’arrives de Lokeren où je n’avais pas trop de pression ni de grosses attentes. Là, tu te dois de gagner tous les matchs. Un match nul et c’est direct la pression des supporters et des journalistes, qui attendent la moindre erreur pour allumer l’équipe. On peut gagner dix matchs 5-0, si le onzième on fait 0-0, les médias vont tout remettre en question ! Le Dinamo, c’est le Real Madrid des Balkans, tous les jours il y a quatre ou cinq pages sur le club dans les journaux. L’attente est grande, surtout que ça fait un moment qu’on n’a plus joué la phase de poules de la Ligue des champions (depuis 2012, ndlr).

Ce n’est pas dur à supporter parfois cette pression ?

En championnat, ça va : à part Hajduk Split, Rijeka et une ou deux autres équipes, le niveau n’est pas énorme, donc on s’en sort bien. Mais l’Europe, c’est un sacré défi. Après, la pression… La chance que j’ai en tant qu’étranger, c’est de ne pas lire la presse locale, donc ça me met à l’abri des commentaires ! Parfois, ça vient à mes oreilles, mais je suis moins exposé que mes coéquipiers croates quand même.

Le gros choc du football croate, c’est ce match face à Hajduk Split…

Ouais, surtout quand on joue là-bas, le stade d’Hajduk est énorme et full pour ce genre de matchs. Les supporters là-bas sont bien chauds. Tiens, une anecdote. La saison dernière, le match qu’on devait jouer à domicile contre Hajduk a tourné court. En fait, leurs supporters ont été interdits de stade, je ne sais plus pourquoi, un problème de papiers. Bref, ces supporters refoulés à l’entrée du stade ont prévenu l’équipe : si vous jouez sans qu’on soit là, vous allez avoir des ennuis en rentrant à Split… Du coup, les joueurs ont refusé de sortir du vestiaire. On s’est retrouvés à entrer sur la pelouse sans adversaire, avec seulement les arbitres. C’était surréaliste. On a gagné 3-0 sur tapis vert. Et dimanche, on joue direct contre eux pour le démarrage de la nouvelle saison. C’est bien, ça va nous mettre direct dedans !

À titre personnel, tu t’y plais bien ?

Oui, même si les débuts ont été difficiles. En arrivant de Lokeren, je joue le premier match de championnat, puis dans la foulée, je me refais les croisés à l‘entraînement. Un manque de chance : en taclant un joueur, il me retombe dessus et la jambe a lâché. Un moment dur pour moi, mais aussi pour le président, qui m’avait acheté cher. Heureusement, j’ai pu revenir et disputer une bonne saison dernière.

En parlant du président Mamić, j’ai lu qu’il avait de gros ennuis avec la justice, tout comme l’entraîneur, qui se trouve être le frère du président (enquête en cours pour corruption et fraude fiscale, les deux frères Mamić ont été placé en détention provisoire)…

Oui, j’ai suivi ça aussi… Disons que c’est leurs histoires. J’espère que ça va bien se passer pour eux, car ils font tout pour ce club et pour les joueurs.

Qui vous entraîne en attendant ?

L’adjoint. Ce n’est pas un problème, l’équipe est soudée et le groupe assez intelligent pour se concentrer sur les objectifs à venir : la reprise du championnat et la Ligue des champions dès la semaine prochaine (contre les Luxembourgeois de Fola Esch, ndlr).

Mais quand même, avec ce que tu dis de la pression au quotidien en temps normal, ce genre d’affaires ne doit pas aider ?

C’est sûr. En plus, ça s’ajoute au fait que les supporters ne viennent plus au stade depuis l’an dernier. Ils sont en désaccord avec la politique du président. Ce qui fait que dans un stade de 35 000 places, il nous est arrivé de jouer devant 2 000 spectateurs. En fin de saison dernière néanmoins, c’était mieux : 15 ou 20 000. Mais c’est pour ça aussi qu’on espère jouer la Ligue des champions : pour faire revenir du monde au stade.

Et pourquoi sont-ils en désaccord avec la politique du président ?

Ils l’accusent de ne pas garder les jeunes joueurs assez longtemps. Des jeunes comme Halilović, parti au Barça, ou Brosović à l’Inter Milan. Mais pour l’instant, le mercato est plus calme cet été, personne n’a été vendu.

Et toi alors, tu es en Croatie pour combien de temps encore ?

J’avais signé pour quatre ans et demi, il me reste donc trois ans de contrat. Zagreb est une bonne ville, j’y suis avec ma femme, mon enfant, mon frère aussi qui joue en équipe réserve et a un contrat pro. On s’y plaît bien, tous ensemble, la mer est à 1h30, la vie est plaisante… Et puis avec cet objectif Ligue des champions, c’est clair que je ne suis pas dans l’état d’esprit de vouloir partir.
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