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Jeonbuk Motors ou le paradoxe du football sud-coréen

Par Régis Delanoë
Jeonbuk Motors ou le paradoxe du football sud-coréen

À première vue, tout a l’air d’aller ces temps-ci pour le football sud-coréen : une sélection qui reste au top en Asie et des clubs performants sur la scène continentale, comme en atteste la présence de Jeonbuk Hyundai Motors en finale aller de la Ligue des champions asiatique ce week-end. Au pays du Matin calme pourtant, une crise durable s’est installée dans le monde du ballon rond, avec des affluences en chute libre, des scandales de paris illicites et l’exil de plus en plus précoce des meilleurs talents.

L’actualité du football sud-coréen est assurément intéressante à suivre et s’avère même plutôt excitante. Ce samedi matin se dispute la finale aller la Ligue des champions asiatique, entre Jeonbuk Hyundai Motors et Al-Ain. Les premiers nommés, déjà vainqueurs de l’épreuve il y a dix ans, sont les favoris logiques de cette double confrontation. Ils ont pour eux la solidité de leur parcours jusqu’à présent sur la scène continentale et l’impression laissée lors de la saison 2016 qui vient de s’achever en K League Classic, le championnat local, avec à la clé une deuxième place et un titre qui leur a échappé de peu. Jeonbuk, c’est actuellement la meilleure défense de Corée, la meilleure attaque, en clair ce qui s’apparente à la meilleure équipe de club d’Asie, tant la Corée du Sud, sportivement, domine la zone AFC. Avec dix titres continentaux amassés par ses clubs depuis les débuts de l’épreuve, le pays du Matin calme domine largement la compétition et la concurrence, qu’il s’agisse du Japon (cinq titres), de l’Arabie saoudite (quatre), de la Chine (trois) ou encore du Qatar (deux).

D’ailleurs, encore cette saison, il y a eu en demi-finales un duel 100% South Korea, gagné par Jeonbuk face au FC Séoul, deux clubs qui avaient éliminé chacun une des richissimes formations chinoises au tour précédent, dont le Shanghai SIPG d’André Villas-Boas et de Hulk, sorti tranquillement par Jeonbuk. Bref, les clubs du coin sont toujours aussi performants, de même que la sélection reste incontournable. Il y a quelques jours, elle n’a pas tremblé au moment d’affronter le dangereux Ouzbékistan, le dominant 2-1 pour déjà prendre une sérieuse option pour la qualification pour le prochain Mondial. Il s’agirait de sa neuvième participation de suite au plus prestigieux des tournois internationaux. Le joueur de Tottenham Son Heung-min a presque naturellement pris la place de tête de gondole du football sud-coréen, successeur de Park Ji-sung ou de Cha Bum-kun pour remonter bien plus loin en arrière. Sportivement, donc, le constat est limpide : tout va bien pour le foot chez les Tigres d’Asie. Pourtant, les coulisses et les tribunes viennent clairement nuancer ce bilan flatteur.

Des stades immenses et quasi vides

Le principal problème réside dans la popularité de son championnat domestique, avec des affluences faméliques : moins de 7 900 spectateurs de moyenne par match en K League Classic, alors même que les enceintes ont une capacité moyenne dépassant les 31 000 places. C’est simple, pas un seul stade du championnat n’affiche un taux de remplissage dépassant les 50%. Pour reprendre le cas de Jeonbuk Hyundai Motors, le club évolue à domicile à Jeonju dans un stade de plus de 42 000 places, pour 16 000 spectateurs de moyenne en championnat. Ce gros problème de surdimensionnement remonte à loin.

Une grosse partie de ces stades de la K League Classic ont été construits dans les années 90 et au début des années 2000, dans le contexte de la préparation à la co-organisation de la Coupe du monde 2002. Sauf que, déjà à l’époque, la capacité prévue pour accueillir des matchs du tournoi avaient été largement surestimée. Un exemple parmi d’autres : à Busan, l’Asian Main Stadium et ses 52 000 places avaient à peine dépassé les 50% de taux de remplissage durant les trois matchs du Mondial le concernant (dont le nul des Français face à l’Uruguay). Résultat : la K League Classic se joue devant d’immenses tribunes quasiment vides, ce qui n’a évidemment rien d’attirant ni de très chaleureux.

Un scandale de paris qui a fait des morts

Si l’affluence moyenne stagne ces temps-ci entre 7 000 et 8 000 spectateurs, elle a été meilleure pendant un temps : au-delà de 12 000 en 2008. Depuis, les réformes multiples (passage de seize à douze clubs, introduction d’un système de relégation) n’ont pas aidé à rendre le championnat plus clair et lisible. Surtout, il y a eu une période charnière entre la saison 2011 et la suivante, avec un trou de quasi 5 000 spectateurs de moyenne. La cause principale de cette méga crise qui a encore des répercussions jusqu’à aujourd’hui ? Un vaste scandale de paris illicites, avec des joueurs approchés par des parieurs peu scrupuleux pour arranger le résultat de certains matchs.

En mai 2011, deux joueurs avaient été retrouvés suicidés, ou présumés morts ainsi. Le premier, Yoon Ki-won, s’était tué par intoxication dans sa voiture, une enveloppe remplie d’argent retrouvée sur le siège passager. Le second, Jung Jong-kwan, se serait donné la mort dans un hôtel de Séoul, laissant une lettre d’adieu dans laquelle il expliquait sa honte d’avoir été mêlé à un scandale de matchs arrangés. L’enquête lancée alors avait conclu que vingt et une rencontres avaient été arrangées, pour plus de quarante joueurs concernés, dont certains ont été bannis à vie.

Des internationaux éparpillés en Europe et ailleurs en Asie

Les derniers soubresauts de ce scandale remontent à 2013, mais les conséquences restent visibles encore aujourd’hui, avec une K League Classic en totale perte de crédibilité. Les Sud-Coréens se sont progressivement désintéressés d’un championnat à l’issue suspicieuse, peu spectaculaire et sans star. En dehors de la colonie régulière de Brésiliens de second ordre, le seul nom vaguement connu est Romeo Castelen, éphémère international néerlandais. Même les jeunes talents locaux quittent le championnat de plus en plus tôt, à l’image de deux des meilleurs joueurs du moment en équipe nationale, Lee Chung-yong, actuellement à Crystal Palace, et Ki Sung-yueng, joueur de Swansea.

Dans la dernière liste du sélectionneur Uli Stielike, il n’y avait que neuf joueurs à évoluer dans le championnat domestique. Les autres jouent en Europe, mais aussi chez la concurrence asiatique, Chine, Japon ou Qatar, qui a pris le dessus, médiatiquement et/ou financièrement. Lors de la dernière Coupe du monde au Brésil, ils n’étaient que six joueurs de K League sur les vingt-trois de la liste, soit dix de moins que dans la sélection qui avait terminé quatrième de son Mondial douze ans plus tôt. Le football sud-coréen est ainsi : bourré de paradoxes, solide sportivement, mais de plus en plus en panne de popularité, gangrené par les affaires avec des talents en exil contraint. Il n’en reste pas moins incontournable.

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