Comment ça se fait qu’un boxeur se retrouve à faire le tirage au sort de la Coupe de la Ligue ?
J’étais aux Étoiles du Sport, et, en arrivant, France Télé et ses responsables m’ont proposé de le faire. Vu mon actualité et ma carrière, ils recherchaient ce type de profil.
Quand tu arrives au studio, il se passe quoi ?
Je sors des Étoiles du Sport, à la Plagne, puis un chauffeur m’amène à Lyon. C’est 2h30-3h de trajet. J’arrive là-bas, je suis super bien reçu au stade, puis au studio. Je passe au maquillage, on me présente les gens et on m’explique un peu comment ça va se passer, le tirage au sort, ce que c’est. Ensuite, il faut attendre que les matchs se terminent. Je regarde la première mi-temps assis au stade. On vient me chercher à la mi-temps pour que je retourne au plateau. On discute un peu, on fait le lancement, puis je suis retourné au stade. Je suis revenu sur le plateau pour voir la fin du match. Une fois que c’est fini, il y avait le magazine, on a discuté, et le tirage au sort a commencé.
Pour les repas, ça se passe comment ? Tu manges sur le plateau ou bien dans le stade ?
J’ai mangé quand je suis reparti. Quand j’étais sur le plateau, j’aurais pu manger, mais, en fin de compte, je n’avais pas faim.
Quand tu as vu que Lyon-Monaco est allé jusqu’en prolongation, qu’est-ce que tu as pensé ?
Ça mettait la pression. Je me disais, bon, la première mi-temps était un peu monotone, il n’y avait pas beaucoup d’action. En deuxième, ça s’est accéléré, puis en prolongation, il y a eu les buts. Après ce sont les tirs au but, et ça met un peu la pression. Je fais le pari avec le présentateur : « Je suis sûr que ça va se retourner et que Monaco va l’emporter. » Lyon avait quand même dominé et avait eu plus d’actions, mais je lui ai dit que je sentais que Monaco allait gagner. Quand le gardien a stoppé le péno, je lui ai dit que c’était fort. Je ressentais la pression, alors que je n’y étais pas. C’est marrant quand même parce qu’on n’est pas dans le truc, mais on ressent quand même la pression.
Quand le studio reprend l’antenne, il y a d’abord le magazine, puis le tirage. Comment tu appréhendes ce retour au direct ?
Déjà, il y a le magazine où on revoit les buts, et on discute un peu. Je me renseigne un peu parce que je ne regarde pas beaucoup le championnat, seulement quand je peux étant donné mon emploi du temps. Là, y a des penaltys, la pression, et puis je demande un peu autour de moi. Il y en a qui sont pour Lyon, d’autres pour Monaco. Je me mets la pression tout seul et je me dis : « Il faut que je fasse le bon tirage, je sais pas comment ça se passe, mais il faut que je fasse le bon. »
Tu t’étais entraîné à tirer les boules ?
Entraîné non, mais pour les dévisser, ouais. Parce que, bon, parfois, il y en a qui se dévissent bien, d’autres mal, donc je m’étais entraîné, et ça s’était bien passé. Après sur le plateau, il fait chaud. On est dans le stade, c’est un petit plateau, il y a tous les projecteurs. J’y étais toute la prolongation, la séance de tirs au but, donc à force, avec toutes les lumières, il y a une chaleur qu’on ressent bien. À un moment, j’ai dévissé, et le truc était un peu bloqué. Je me dis : « Je vais pas le casser » , donc je force un peu.
Tu t’es pas dit « Tiens, je vais mettre un coup de poing, au moins, ça va l’ouvrir » ?
(rires) Non, je me suis dit que si j’appuyais un peu, j’allais le casser donc ça la foutait mal. Je me suis dit que j’allais essayer avec délicatesse, mais j’avais les mains un peu moites et qui glissaient un peu. Luyat, qui était à côté de moi, s’est proposé de m’aider parce que peut-être qu’il avait les mains moins moites que moi.
Pendant ce temps-là, Laurent Luyat a meublé avec quelques blagues. Tu l’as trouvé drôle ?
Ça me fait marrer parce que c’est tout l’effet du direct. Il se passe un truc, tu dois combler. Tu fais ce que tu peux. Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que tu fais le truc, ça te met un peu la pression. Je reçois des SMS de mes amis, sur les réseaux sociaux en me disant que c’est le bon tirage. Tu penses à ça, donc c’est drôle.
Tu t’es fait chambrer après ?
Par certains, ouais. Il y a pas mal de supporters du PSG qui attendaient un bon tirage. Pour moi, il n’y avait pas de problème, puisque Marseille était sorti. C’était un peu drôle, tu vois tout l’enthousiasme autour du foot, c’est quand même incroyable.
Une fois que le tirage a été fini et que vous avez rendu l’antenne, il se passe quoi ?
On est resté un peu parce que les gens sont très sympathiques. Tout le monde était sympa, on a échangé, on a rigolé. On m’a un peu parlé de ma carrière, le dernier combat, on a rigolé. Puis on m’a offert un verre de champagne et on m’a invité à boire un coup. Je ne bois pas d’alcool, donc on a rigolé là-dessus. Ensuite, je me suis dit que j’avais encore 3 heures de trajet pour retourner à La Plagne, alors que là-bas, il neigeait. Je leur ai dit que j’allais quand même partir parce que ça allait faire tard. Je devais repartir le lendemain tôt, je faisais la matinale de beIN Sports. On est rentré il était 3h et quelques, je me suis couché à 4h. Le lendemain, je me levais super tôt, vers les coups de 7h pour repartir à 8h30, prendre le train vers 10h parce que j’avais des rendez-vous sur Paris.
Comment tu compares cette pression à celle que tu as en montant sur le ring ?
C’est pas pareil, ce sont des univers différents. Le ring, c’est mon métier, je le fais depuis tellement d’années. Tu as cette pression mais, à la rigueur, il faut. J’en ai besoin parce que c’est si je n’y vais pas que c’est inquiétant. Le mal de ventre, ce mal-être, une fois que tu es monté et que le gong a sonné, toute cette pression s’évacue. Tu te transformes, tu te transcendes, et là, tu dois faire ton truc. Sur le ring, tu es tout seul, tu peux prendre un coup ou en donner un, et ça peut s’arrêter à n’importe quel moment.
Concernant ton actualité, tu as perdu ton dernier combat et, sur le plateau, tu as parlé de prendre la présidence de la Fédération.
J’ai tapé un petit coup de gueule par rapport à la Fédération. J’ai dit que c’était une maison de retraite. Une maison de retraite, ce n’est pas sur l’âge, mais plus pour dire que c’est l’institution et la lenteur de ses gens qui laissent mourir la boxe professionnelle. En fin de compte, je pense que c’est ce qui plaît au public et ce qui fédère.
Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki