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Jean-Eudes Maurice : « Faire parler d’Haïti pour d’autres choses que ses problèmes »

Propos recueillis par Alexandre Pedro et Clément Chaillou
Jean-Eudes Maurice : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Faire parler d&rsquo;Haïti pour d&rsquo;autres choses que ses problèmes<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

On l'avait un peu oublié, et puis on l'a vu ressurgir en beauté la semaine dernière contre l'Espagne et l'Italie avec la sélection haïtienne. À bientôt 27 ans, Jean-Eudes Maurice est toujours sous contrat avec le PSG. Mais après un passage délicat au Mans, l'ancien d'Alfortville veut repartir sur de nouvelles bases et peut-être rebondir en Angleterre où il a des contacts avancés.

Ton premier match en sélection (une victoire 6-0 contre les Îles Vierges, le 2 septembre 2011), c’était également le premier match d’Haïti sur ses terres depuis le terrible séisme. Et en plus tu marques. Ça a dû être un moment particulier pour toi…Oui, c’est clair. Le match s’est joué au stade Silvio Cator, le seul monument à être resté debout dans toute la capitale. C’était vraiment important pour moi de disputer ce match, surtout dans ce contexte. Mais c’était important pour le peuple haïtien, surtout. C’est une fierté de porter ce maillot.

Quels liens entretiens-tu avec Haïti ? Tu es né à Alfortville, mais tu as encore des attaches dans ton pays d’origine ?Mes parents sont tous les deux haïtiens, et j’ai encore de la famille là-bas. J’y allais souvent étant petit, mais franchement, je n’en avais pas trop de souvenirs. La dernière fois que j’y avais mis les pieds, je crois que j’avais 8 ans…

Tu as dit oui immédiatement quand ils t’ont proposé de rejoindre l’équipe nationale ?J’étais partant dès le début, oui, même si mon club ne voulait pas trop que je fasse de longs voyages. Mais finalement ça s’est fait assez naturellement.

Quand tu joues pour Haïti, tu sens que tu représentes quelque chose d’important ? C’est plus que du football, c’est un peu la vitrine de tout un pays, non ?Jouer avec Haïti, c’est représenter tout un peuple. Un peuple qui souffre. Le maillot d’Haïti, il est vraiment lourd à porter. Là-bas, il y a des personnes qui ne mangent pas pendant des jours, et il suffit que la sélection nationale arrive pour leur faire tout oublier. On a aussi envie qu’on parle d’Haïti pour d’autres choses que pour ses problèmes, même si c’est la réalité.

Et l’ambiance ?Franchement, c’est indescriptible. Quand on joue à Port-au-Prince, tout le peuple est derrière nous. Même quand j’en parle, là, j’ai des frissons. Et puis voir sa famille dans les tribunes, ça fait toujours chaud au cœur.

Quel est le niveau de la sélection ? Tu n’es pas le seul à évoluer en France…Non, il y a Jean-Jacques Pierre qui joue à Caen, Jeff Louis qui joue à Nancy, Kervens Belfort au Mans, et après il y a des mecs qui jouent en MLS, au Portugal… et au pays aussi, il y a plusieurs joueurs locaux.

C’est une équipe qui peut prétendre à quelque chose dans les prochaines années ?Oui, on peut rivaliser contre le Paris Saint-Germain (rires). Non, franchement, il y a un bon niveau. On l’a démontré contre l’Espagne et l’Italie, je pense qu’on n’a pas été ridicules, loin de là. Il y a sûrement de bonnes choses à faire. Dans quatre ans, on aura un coup à jouer pour la qualification en Coupe du monde avec tous les jeunes.

D’ailleurs, le but de Donald Guerrier contre l’Espagne (défaite 2-1) n’est pas mal du tout…C’est un beau but oui, mais je crois qu’il est capable de marquer contre toutes les équipes, c’est vraiment un bon joueur. Bien sûr, on en parle plus parce que c’est contre l’Espagne, c’est pas n’importe qui en face. Ça l’a un peu fait monter en l’air (rires). On l’a félicité, mais je crois que c’est surtout une grosse performance collective.

Vidéo

La sélection, et ces tournées, c’est l’occasion pour toi de disputer des matchs de très haut niveau. C’est une chance ?Oui, ça nous permet de jouer contre les meilleurs joueurs du monde, ça nous permet de nous jauger, de voir où on en est, et sur quels domaines on doit encore progresser.

C’est aussi l’occasion de taper dans l’œil d’un club…Moi, je m’occupe surtout du terrain, hein (rires). On a des consignes, j’essaye de les respecter et de donner tout ce que j’ai sur la pelouse. Le reste…

Tu en es où actuellement, au niveau de ta situation, de ton contrat ?Pour le moment, j’ai toujours un contrat avec le PSG, il me reste un an.

Donc à la reprise, tu seras au Camp des Loges ?Non, à la reprise, je disputerai la Gold Cup (du 7 au 28 juillet, ndlr) avec Haïti. J’espère trouver un point de chute durant la compétition, pour enfin repartir sur quelque chose de neuf. J’aimerais bien signer à l’étranger, découvrir de nouvelles choses, un nouveau jeu, apprendre une autre langue… J’aime beaucoup l’Angleterre, l’Allemagne et l’Espagne. Je suis ouvert.

Tu as abandonné l’idée de te faire une place au PSG alors ?Il faut être réaliste, le PSG a pris une nouvelle dimension… Mais je respecte leur travail, ils ont fait quelque chose de grand, et je resterai toujours supporter de Paris, quoi qu’il arrive.

Pourtant, ça n’avait pas mal débuté à Paris. À la base, tu étais arrivé au PSG pour jouer avec la CFA…C’est vrai que tout s’est débloqué rapidement. Mais quand j’étais à Alfortville, j’espérais déjà devenir professionnel. Je m’entraînais pour, en tout cas, donc mon évolution ne m’a pas surpris tant que ça.

En marquant contre Boca Juniors lors de l’Emirates Cup en juillet 2011, tu es devenu l’un des premiers buteurs de Paris version QSI…Oui, en effet. Mais je ne pense pas que ça reste dans les annales (rires).

À ce moment-là, avec Kombouaré, tu te dis que tu as une chance, non ?Honnêtement, on parlait déjà de leur projet depuis plus d’un an. Quand j’ai vu des titulaires indiscutables qui d’un seul coup n’étaient plus sûrs d’avoir une place, je me suis dit qu’il valait mieux que j’aille voir ailleurs, que je trouve un club qui me ferait confiance et avec qui je pourrais jouer 90 minutes chaque week-end.

Comment tu as vécu ce changement de dimension du PSG ?Déjà, tout le monde s’est mis à parler anglais et italien du jour au lendemain (rires). Je n’ai pas eu le temps de tout voir parce que je suis parti à Lens, puis au Mans, mais rien qu’au niveau du cadre, de l’organisation, tout est devenu très professionnel. Paris a commencé à faire comme le Real, comme Barcelone ou comme Manchester. Comme un grand club européen.

Tu évoquais ton passage au Mans. Comment tu expliques que tu n’as pas réussi à t’imposer là-bas ?J’ai eu une blessure au genou qui m’a pas mal handicapé. Mais cette descente a fait du mal à tout le monde. Il y a vraiment de bonnes personnes là-bas, et j’espère que le club saura remonter la pente très vite. Quand on parle de dépôt de bilan, c’est vrai que ça fait assez peur.

Donc là, dans l’immédiat, tu vas jouer la Gold Cup avec Haïti. Quels sont vos objectifs ? Passer le premier tour ?Non, on veut gagner ! Je pense qu’avec ce qu’on a fait contre l’Espagne et l’Italie, on ne peut pas se permettre de viser que le second tour. Je joue au foot pour gagner, et j’ai envie de gagner la Gold Cup avec mon pays.

Avec 8 buts en 10 matchs, tu as un ratio en sélection meilleur que celui de Benzema avec les Bleus. Un conseil à lui donner ?C’est pas gentil ça ! (rires) Je pense qu’il faut respecter Karim Benzema, c’est un grand attaquant, il a su gagner sa place au Real Madrid quand même. Et puis bon, on ne joue pas vraiment contre les mêmes équipes…

C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

Propos recueillis par Alexandre Pedro et Clément Chaillou

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