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«Je suis le meilleur buteur portugais»

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«Je suis le meilleur buteur portugais»

L'Espagne, les ligaments croisés, Angel Marcos, Benfica, un fils qui s'appelle Del Nido, le ménisque, les pompes de Meira... Aziz –alias "Ariza"– Makukula en a vécu des histoires. Et s'il ne les raconte pas souvent, c'est parce qu'il «parle sur le terrain», dit-il. Et que Queiróz soit prévenu, le meilleur buteur du championnat turc, avec Kayserispor, entend bien faire partie de la Selecção en Afrique du Sud.

Comment t’es-tu retrouvé en Turquie, à Kayserispor ?

J’étais en danger. Ma carrière était en danger, à Benfica. Ça me rappelle ce que j’avais déjà vécu après avoir quitté Séville. Je n’avais plus de club. Personne ne voulait de Makukula. J’ai alors choisi de signer pour un petit club : Maritimo. Là-bas j’ai pu me relancer. Après une demi-saison, je figurais parmi les meilleurs buteurs du Portugal et Benfica a vite réagi. Je me retrouvais dans un grand club portugais mais après le départ de Camacho, je n’ai plus joué avec Chalana aux commandes.

Pourquoi la saison suivante, Quique Flores ne t’a-t-il pas fait confiance ?

Il se retrouve avec un joueur qui n’a pas joué. C’est plus que normal qu’il ait douté de moi. Quand un entraîneur change, il veut ses joueurs à lui. J’ai fait la préparation avec Benfica, puis joué deux, trois matches. C’était plus un problème du club. Ils ne se sont pas battus pour que je reste.

Tu es prêté par Benfica à Kayserispor qui détient une option d’achat. Souhaites-tu poursuivre en Turquie ?

Kayserispor a manifesté son intérêt pour lever l’option qui est de 2M€. Mais il faut aussi que l’accord se fasse avec moi. J’ai mes enfants et ma femme à mes côtés et ce n’est pas facile pour eux. La ville est petite, il n’y pas d’école française ou portugaise. C’est aussi une question familiale. Moi je me sens bien mais je dois surtout penser à eux.

Et un retour à Benfica ?

Je n’ai pas trop Benfica en tête. Là-bas je n’ai pas joué quand j’y étais. Je leur dis merci mais ils ne m’ont pas montré grand intérêt.

« Benfica ne m’a pas montré de grand intérêt »

Comment vis-tu leur titre de champion (Benfica reçoit Rio Ave tandis que Braga se éplace au Nacional Madère pour la dernière journée. Un nul suffit aux Aigles, ndlr) ? Est-ce que c’est aussi un peu le tien ?

Je suis super content mais je me sens pas du tout champion, je n’y joue plus.

En signant ici, quel était ton sentiment ? Tu avais la grinta, non ?

Ce n’est pas par hasard si Makukula a joué pour Séville, Nantes –qui pour moi est un grand club français– ou Benfica. Je suis international portugais. Et tout ça malgré tout ce que j’ai connu dans ma vie, malgré les nombreuses blessures. En signant en Turquie, j’avais faim.

As-tu hésité quand même ?

Oui, un peu. Avant de venir ici, je ne connaissais pas du tout Kayserispor. J’avais d’autres propositions, Blackburn notamment. Mais je me suis dit que c’était l’endroit idéal pour me relancer. J’ai accepté de baisser mon salaire, de faire des sacrifices. Ici, l’entraîneur me voulait depuis longtemps. Après les deux, trois premiers matches, je n’avais pas marqué et il m’a dit : « Ça viendra » . La journée d’après c’est venu et, depuis, je n’ai plus arrêté.

Que réponds-tu à ceux qui estiment que le niveau du championnat turc n’est pas terrible ?

Ça me fait trop rire. Ce n’est pas parce que les équipes turques ne se sont très bien battues dans les coupes européennes cette saison que le niveau est mauvais. Disons que c’est un championnat différent. Les défenseurs sont peut-être moins forts tactiquement mais ils compensent par l’agressivité. Demandez à Rothen qui joue à Ankaraguçu et vous verrez s’il vous dira que le niveau est faible…

« J’ai toujours rêvé d’avoir Rothen dans mon équipe »

Tu connais Jérôme Rothen ?

Je lui ai parlé quand je suis arrivé ici, oui. C’est un joueur que j’admire beaucoup. J’ai toujours rêvé de l’avoir dans mon équipe. Lui comme moi, on est venus ici pour nous relancer.

Carlos Queiróz divulgue sa liste pour le Mondial le 10 mai. Espères-tu faire partie de la Selecção ?

C’est mon premier objectif. Un rêve. Je me dis que quand on travaille pour avoir de bons résultats, ça fini par payer. Nuno Gomes avec qui j’ai joué à Benfica n’a joué que très peu de matches cette saison. C’est un joueur important mais il n’a presque pas joué… Et je dis ça sans rancune. Nuno est un ami. Il m’a beaucoup aidé à Benfica. Aujourd’hui, je prouve que Makukula n’est pas mort. Mes 20 buts en championnat réveillent les gens. Et parmi ces buts, il n’y a aucun pénalty et aucun coup-franc. Je pense à ça tous les jours et comme on dit ici, inch’allah, je retrouverai la Selecção.

Es-tu en contact avec Queiróz ?

Je ne l’ai pas eu directement au téléphone mais j’ai eu son adjoint. Queiróz est venu me voir jouer en mars dernier. Je n’ai pas pu lui parler. Malheureusement, ce match-là, on a perdu 3-0 contre l’équipe de Rothen. Mais il ne s’arrêtera pas à cette seule rencontre pour juger.

Penses-tu être actuellement le meilleur buteur portugais ?

Si on regarde cette saison, je suis le meilleur portugais du moment. Mais moi je ne regarde pas ce que les autres font. Je suis content de mes performances, de jouer et de marquer.

« On disait que le Portugal n’avait pas d’avant-centre. Et moi ? »

La Selecção a beaucoup péché dans la finition lors des éliminatoires pour le Mondial 2010. Comment as-tu vécu cette phase ?

J’ai eu mal. J’avais l’impression qu’on ne me regardait pas. On disait que le Portugal n’avait pas d’avant-centre. Et moi ? On ne m’appelait pas. Le dernier match, l’amical contre la Chine, je m’attendais à une petite surprise mais je n’ai pas été convoqué… Si je n’avais pas été international avant, je ne me sentirais pas comme ça.

Souhaites-tu adresser un message à Queiróz ?

Mes messages, je les donne sur les terrains de football.

Finalement n’es-tu pas le joueur idéal pour jouer dans le 4-3-3 qu’adopte le Portugal ?

Je me souviens que pour mon premier match en A, j’ai pu marquer grâce aux bons ailiers que nous avions. Cristiano Ronaldo et Ricardo Quaresma sont excellents à ce poste. Avec eux, je pourrais marquer quinze buts ! Ils ont une facilité à dribbler et à centrer. Un truc de fou ! Mais le choix des joueurs, c’est le coach qu’il l’a.
Que penses-tu de la récente naturalisation du buteur du Sporting, Liedson ?

Je ne veux pas trop faire de commentaires là-dessus. C’est un grand joueur et s’il vient pour aider le Portugal, c’est tant mieux. Moi-même je suis un peu congolais, comme Bosingwa, alors je n’ai pas grand-chose à dire…

Un groupe avec le Brésil et la Côte d’Ivoire… Comment sens-tu le Mondial pour le Portugal ?

C’est le groupe le plus difficile. Les matches seront très équilibrés et très beaux à voir. La rencontre entre le Portugal et le Brésil sera spéciale. Tout le monde n’attend que ça.

Ta première sélection, c’était une sacrée histoire, non ?

Une histoire de dingue ! C’était en 2007, un match au Kazakhstan. J’ai été appelé pour remplacer Nuno Gomes qui s’était blessé. J’ai dû changer d’avion trois ou quatre fois et arrivé sur place, mes bagages étaient perdus. Je n’avais rien, même pas de chaussures pour jouer ! On a parcouru tous les magasins pour trouver une paire à ma taille (45) mais rien ! Du coup, c’est Fernando Meira qui m’a prêté ses crampons. Je suis entré en fin de match et j’ai marqué le but de la victoire…

Qui est pour toi le meilleur joueur du monde ?

Pour moi, ça reste « o Fenomeno » , Ronaldo. Il a tout pour lui… Mais j’aimais beaucoup Patrick Kluivert aussi. Je sais qu’il n’a pas laissé un grand souvenir lors de son passage en France mais ceux qui connaissent bien le football savent ce qu’il a fait, ce qu’il vaut vraiment.

Et entre Crsitiano Ronaldo et Messi ?

Cristiano est plus complet. Il est très fort de la tête et pour le reste, il a tout. Et je ne dis pas ça parce que c’est un ami. Mais bon, Messi, il n’y à rien à dire non plus.

« Avec Angel Marcos à Nantes, d’entrée c’était foutu pour moi »

En 2002, tu es passés par Nantes. Quel souvenir en gardes-tu ?

C’est bien que tu me le demandes parce que je ne me suis jamais expliqué là-dessus… Quand Nantes est venu me chercher, j’étais le meilleur buteur de D2 espagnole avec Salamanca. J’étais content car c’était Denoueix qui avait œuvré pour ma venue. Et puis, Angel Marcos est arrivé. Je ne le connaissais pas du tout et lui ne me connaissait pas non plus visiblement. Ce qui est curieux, parce qu’en tant qu’entraîneur, il se doit de connaître ses joueurs… Dès le premier jour, je vais le saluer et il me sort : « Tu n’es pas mon style de joueur. Je n’ai jamais joué avec de grands avants-centres comme toi » . D’entrée, je savais que c’était foutu pour moi. J’ai fais quelques matches mais le système de jeu n’était pas adapté à mes caractéristiques et puis mentalement, c’était difficile. Ce que Marcos m’a lancé m’a mis une claque…

Au final, si ça n’a pas marché, c’est la faute à qui ?

D’abord, je parlerais des dirigeants. Ils ne m’ont pas soutenu. Je n’étais pas mûr. Il m’aurait fallu un peu de temps pour apprendre le football nantais. C’était un style particulier. J’aurais pu aller à Lens par exemple qui à l’époque avait jeu plus direct, plus adapté à ce que je connaissais et j’aurais pu y réussir. Mais Nantes n’a pas su former une équipe pour moi. Et puis, il y a Angel Marcos… Il n’a jamais rien gagné à Nantes. On ne s’est jamais compris lui et moi. On ne m’a laissé le temps de rien. Je ne connaissais rien de la France. Je n’avais que 21 ans et j’étais loin de ma famille. C’est sûr que je n’étais pas à mon niveau. Ça me blesse quand j’entends que Makukula est comme si ou comme ça. C’est clair, je ne suis pas Ronaldo, je n’ai pas sa technique mais j’ai aussi des qualités que d’autres joueurs n’ont pas. Je suis un joueur différent.

Tu suis toujours les performances des Canaris ?

Oui, toujours ! C’est un club que j’aime beaucoup. Je souhaite qu’ils remontent vite en L1. Bon cette année, ça paraît difficile mais c’est Nantes ! Un club historique ! Tu sais, j’aimerais revenir un jour en France pour me venger. Au final, j’ai beaucoup appris et gagné dans tout ça. Quand j’ai quitté Nantes pour Valladolid, j’étais l’un des meilleurs buteurs des matches aller, là-bas. Et je jouais en Liga. Je n’ai rien contre la Ligue 1 mais…. Là-bas on a su m’utiliser comme il faut. Ensuite Séville m’a acheté et Nantes a empoché 5M€ alors que j’avais une blessure au genou. Les Nantais n’ont pas tant perdu que ça avec moi.

Après Nantes, il y a eu Séville. Un grand moment de ta carrière mais surtout de ta vie…

Séville, c’est une grande famille. Les blessures m’ont éloigné pendant deux ans mais à côté de ça, il y a eu la victoire en Coupe de l’UEFA (2006) à laquelle j’ai participé.

Tu parlais d’une grande famille. Tu as carrément donné le nom de ton président, Del Nido, à ton fils !

(Rires) Je n’ai jamais parlé de ça… En Espagne, ça avait fait toute une polémique. Le président Del Nido est quelqu’un que j’aime beaucoup. Nous avions une relation spéciale. Aujourd’hui encore nous sommes en contact. A Séville, je m’étais cassé le genou, puis le ménisque et lui a tout de même voulu me prolonger. Il était comme un père pour moi. Il m’a beaucoup aidé et c’est une marque de reconnaissance de ma part. Et puis Del Nido, c’est un nom que j’aime bien. Il me rappelle celui d’un acteur que j’adore : De Niro. Toi tu t’appelles bien Nicolas, comme Anelka. Mon fils s’appelle simplement Aziz Del Nido Makukula.

Aziz… Presque comme toi alors…

En fait, je m’appelle Aziz moi aussi. En Espagne, ils ont commencé à m’appeler Ariza. Je ne sais pas pourquoi. Ils n’arrivaient pas à dire Aziz je crois et ils trouvaient ça moche. Et puis, c’est resté, comme un surnom.

Propos recueillis par Nicolas Vilas

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