Vous vous souvenez de la toute première fois que vous avez joué au foot ?
Quand j’étais enfant, j’habitais un petit village où le foot était le sport numéro 1 : j’y jouais avec tous les garçons du village… sauf avec mon frère, qui est six ans plus vieux que moi. Ce n’est que plus tard que j’ai pu jouer avec, à 17 ans.
Quel type d’enfance avez-vous eu ?
Nous étions une famille moyenne, mais la Tchéquie à l’époque, c’était le communisme, la vie était un peu difficile. Bon, nous les enfants, on ne sentait rien, on habitait un village dans lequel nos parents travaillaient, on était un peu en dehors de tout. Mais à côté de ça, je ne connaissais pas Coca-Cola ou les bananes.
Quand est-ce que le foot s’est « imposé » à vous ?
C’est arrivé aux alentours de mes 19 ans, quand je m’entraînais avec l’équipe du Sparta Prague.
C’est un rêve de se retrouver au Sparta Prague pour un jeune Tchèque ?
Pour moi, le Sparta est le plus grand club de Tchéquie. Mais depuis toujours, je suis un grand fan des ennemis : les Bohemians. Mon rêve, c’était d’être joueur de foot professionnel, mais pas au Sparta Prague. En revanche, je remercie encore le Sparta de m’avoir lancé !
Si vous n’aviez pas été footballeur, vous auriez fait quoi ?
Quand j’étais enfant, à l’école, j’adorais tout ce qui touchait à la mécanique. Ça m’aurait plu de travailler avec les voitures, mais là, c’est trop tard aujourd’hui.
Quand Lokeren vient vous chercher, en 1996, le Sparta sort d’une saison de merde, mais le club belge, lui, vient d’être promu en D1… Pourquoi allez-vous là-bas ?
Je n’étais pas bien au Sparta, je voulais quitter le club parce que j’avais beaucoup de problèmes avec les coéquipiers. Comme un joueur du Sparta avait déjà signé à Lokeren, mon manager m’a proposé un test de trois semaines sur place, donc j’ai tenté le coup.
Manchester, ils nous ont peut-être manqué de respect
Vous vous souvenez de vos premiers pas à Lokeren, dans ce nouveau monde ?
Au début, c’était difficile. C’était nouveau pour moi. Je ne jouais pas bien et je devais tout apprendre. Le plus difficile, c’était la langue. On a appris le néerlandais avec mon coéquipier du Sparta, mais tout est bien entendu oublié désormais.
En 1998, vous terminez meilleur buteur du championnat, avec toujours la même fête de but : les bras tendus en gueulant. Pourquoi ?
(rires) C’est automatique ça, il n’y a rien de spécial, de préparé…
À ce moment-là, le choix d’Anderlecht, c’est une évidence ou bien il y a eu d’autres offres ?
J’ai reçu des propositions d’Anderlecht et du Standard. J’ai trouvé que les dirigeants des Bruxellois étaient très sympathiques, alors que ceux du Standard étaient bizarres. En plus, Anderlecht est le meilleur club de Belgique et son entraîneur me voulait absolument.
C’est quoi votre meilleur souvenir avec Anderlecht ?
Les deux titres de champion de Belgique ! Puis, bien sûr, notre parcours en Ligue des champions en 2000-2001, quand on a battu le Real Madrid, la Lazio et Manchester United…
Justement, lors de votre victoire contre Man U (2-1), vous n’avez pas eu l’impression que les Mancuniens vous prenaient de haut, avec notamment Barthez qui tentait sa chance de son rectangle ?
Peut-être… En même temps, au match aller, on avait pris 5-1. Au retour, en première mi-temps, on a très bien joué en inscrivant deux buts. Après, on a quand même été sous pression parce que Manchester était la meilleure équipe à l’époque. Mais oui, ils nous ont peut-être manqué de respect.
L’année 2000 est une année importante pour vous : champion de Belgique, Soulier d’or (Ballon d’or belge, ndlr), meilleur Tchèque. Mais un Euro un peu raté, qu’est-ce qui n’a pas été ?
Après mon Soulier d’or, ça a été bizarre, difficile pour moi. Il y a eu beaucoup de pression, tout le monde parlait de moi, les télévisions, la publicité… ce n’était pas bon pour le foot. Je n’aime pas trop qu’on me voit à la télévision, et je n’étais pas prêt pour ça. En plus, j’étais irrité par certains journalistes qui s’intéressaient plus à ma femme qu’à moi : tout le monde voulait la photo de nous deux, c’était vraiment difficile.
En revanche, sur le terrain, on a toujours eu l’impression que vous étiez un joueur calme, détendu. Vous provoquiez quand même les défenseurs ?
Oui oui ! De temps en temps, j’étais très nerveux sur le terrain. Bon, je ne me souviens pas d’avoir crié en tchèque sur un défenseur adverse, mais c’était contre les grandes équipes que ça arrivait le plus. Contre le Standard, c’était avec Daniel Van Buyten, que j’ai affronté aussi en Bundesliga ! C’était vraiment des combats, je recevais des coups, mais moi aussi j’en donnais évidemment.
Contre un Philipp Lahm ou cette catégorie de joueurs, l’arbitre sifflait tout le temps au moindre duel contre moi
En 2001, vous signez à Dortmund, où il y a plus de supporters derrière le but que dans tout le stade d’Anderlecht… Ça a dû être la folie ?
Là-bas, je me suis dit : « Maintenant, c’est vraiment le top du football ! » On jouait devant 80 000 personnes contre de bons adversaires, c’était vraiment du beau football.
Vous vous souvenez d’avoir fait rire tout le monde en enfilant les gants quand Lehmann s’est fait exclure contre le Bayern Munich…
(Rires) Ouais, je me souviens, il restait 20 minutes quand il a été mis dehors et on devait en plus jouer à 9 contre 11. Quand j’avais cinq-six ans, j’étais gardien de but et j’aimais aussi aller dans les cages aux entraînements, donc c’était normal que j’y aille. Et je l’ai d’ailleurs demandé à l’entraîneur.
Vous voilà avec des talents de gardien… Et finalement dans le jeu, c’est quoi votre atout : votre tête ou vos pieds ?
(Rires) Je ne sais pas, la moitié, allez ! Mais jouer avec ma taille était parfois difficile : quand tu es opposé à Philipp Lahm ou cette catégorie de joueurs, l’arbitre va tout le temps siffler contre moi au moindre duel.
Après quelques superbes saisons, vous quittez Dortmund pour Monaco, pourquoi ?
Après cinq ans à Dortmund, il y a eu beaucoup de problèmes financiers pour les joueurs, et je cherchais un club en fonction de ce qui était le mieux pour ma famille. Depuis, Monaco est devenu notre maison.
Avec le recul, la superbe génération tchèque est quand même un beau gâchis, non ?
L’équipe nationale, c’est peut-être mon meilleur souvenir : jouer avec Nedvěd, Poborský, Šmicer, Rosický, Baroš… était formidable. Mais oui, je suis triste qu’on n’ait rien gagné, surtout la Coupe d’Europe 2004. On jouait vraiment bien, donc quelle frustration de perdre contre la Grèce et sa tactique si défensive en prolongation.
Après des derniers passages à Nuremberg, Samara et Cannes, vous stoppez votre carrière en 2011 avant de vous lancer dans le beach soccer, pourquoi ?
J’ai essayé une fois à Saint-Tropez, c’était sympa et j’ai rapidement reçu une proposition de contrat des Bohemians Prague, mes favoris. Jusqu’à maintenant, on a deux titres de Tchéquie à notre palmarès, j’aime beaucoup même si c’est fatigant de jouer dans le sable, surtout pour un grand comme moi.
Toujours en activité à 41 ans et avec le même surnom, Dino, qui vous a suivi durant toute votre carrière. Quelle est son origine ?
Quand je jouais au Sparta Prague, il y avait Jurassic Park de Steven Spielberg au cinéma. Bon ben, les dinosaures, c’est grand… donc on m’a appelé comme ça et ça m’est resté.
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