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Ils ont marqué le foot anglais, de 30 à 21

Par Maxime Brigand, Alexandre Doskov et Florian Lefèvre
9 minutes
Ils ont marqué le foot anglais, de 30 à 21

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On enchaîne avec l'Angleterre, et les joueurs classés de la 30e à la 21e place.

30. Stuart Pearce

Il a la couleur de la rage. C’est celle de la revanche, aussi. Sous son numéro trois, il gueule, il frappe dans l’air de Wembley. Stuart Pearce était Psycho. Il a enjambé les destins, entre un tir au but raté en demi-finale de la Coupe du monde 90 et un penalty réussi lors d’une séance contre l’Espagne en 1996. Pearce est l’histoire, aussi, d’une façon. Car il a traversé trente ans de football, dans les bras de Brian Clough, ceux de Sir Bobby Robson ou encore Bobby Gould. Sur le terrain, Stuart Pearce était aussi la classe, un défenseur propre, fin et qu’on aimait voir glisser. Ce n’était pas un casseur, simplement un protecteur. Au point de revenir, il y a quelques mois, à 53 ans, pour une dernière pige à l’AFC Longford, en treizième division nationale. Car Pearce est avant tout le jeu. MB

29. Chris Waddle

Y a-t-il vraiment besoin de justifier la présence de Chris Waddle dans ce top ? Son style, son transfert de Tottenham à Marseille pour 45 millions de francs (le plus gros de l’époque), son mulet, ses six premiers mois catastrophiques, ses crochets, son but contre le Milan AC, ses grimaces, son hit en duo avec Basile Boli We’ve got a feeling, son maillot Panasonic avec les trois bandes bleu fluo, son lob sur Joël Bats, ses coups francs contre Bordeaux, son poteau en demi-finale de Coupe de monde 90 contre les Allemands, pire, son tir au but, le dernier, raté. Son sourire, son souvenir. L’un des seuls Marseillais jamais ovationnés par les fans du PSG.

28. Sol Campbell

Sol Campbell aime Londres. Né dans la capitale anglaise, le Big Roc a eu le culot de passer de Tottenham à Arsenal l’année où il avait déclaré dans la presse qu’il ne jouerait jamais pour les Gunners. Depuis sa retraite, Campbell semblait s’ennuyer et ne pouvait pas se contenter de coller des autocollants I Love London sur son pare-brise, alors il a voulu devenir maire de sa ville. Le discours de campagne est aussi solide que ses épaules : « Je sais que je ne suis pas le favori, mais quand je vois les personnes qui ont gouverné ces cinq, dix, quinze dernières années… » Recalé par son parti, Campbell croit encore en son destin politique et mène actuellement campagne pour le Brexit, qui favoriserait selon lui le foot anglais. L’ancien meilleur défenseur de la Premier League est clairement un soutien de poids, prêt à mordre les mollets de ses adversaires comme à la grande époque. Toujours fougueusement, comme sur sa tête rageuse en finale de la Ligue des champions 2006 face au Barça. AD

27. Michael Owen

​C’est l’histoire d’un virtuose qui avait toujours un coup d’avance. Un bolide qui démarre à 100 à l’heure dans le dos de la défense pour finir dans le décor à la fin du film. Michael Owen, meilleur buteur de PL à 18 ans, Ballon d’or trois ans plus tard. 2001, l’année où Boy Wonder remporte la Coupe UEFA et éclabousse la finale de la Cup contre Arsenal de toute sa classe. Sa plus belle partition, le prince du Royaume la récite peut-être encore à ses débuts, au Mondial 98, quand il dompte la défense argentine sur le pré de Geoffroy-Guichard. « Un tueur à la tête de poupon » , comme le qualifiera plus tard son sélectionneur de l’époque Glenn Hoddle. Après Figo, Zidane, Ronaldo et Beckham, Owen débarque au Real en 2004 dans le costume du nouveau galáctico​. Mais le costard est trop large pour les épaules frêles de l’Anglais. De retour au pays, le buteur de génie empile les blessures autant que les déconvenues. S’enfonce de Newcastle à Stoke en passant par MU, sans jamais retrouver son niveau d’antan. Le triste symbole de la « golden generation » gâchée des Three Lions. Comme quoi, à Fox River ou Liverpool, le meilleur avec Michael, ça reste encore la saison 1. FL

26. Rio Ferdinand

Mel Machin n’en croit pas ses yeux. Cela fait maintenant plusieurs semaines qu’il en prend plein la gueule. Alors il décroche son téléphone : « Alex, j’ai un gamin en prêt de West Ham. File et achète-le ! » Alex, c’est Sir Alex Ferguson. La scène date de 1997. Mel Machin est, lui, le manager de l’AFC Bournemouth. « Comment s’appelle-t-il ? – Rio Ferdinand. » Voilà comment est née la légende Rio. Pour Manchester United, la bataille aura été rude. Terry Brown, propriétaire de West Ham, avait été clair : « Ok, donnez-nous un million de livres et David Beckham. » Ferdinand a longtemps été une bombe à retardement. « À West Ham, on fumait, on buvait, on pariait, on sortait sans arrêt. Dans le bus de l’équipe professionnelle, Julian Dicks et John Moncur s’asseyaient toujours à l’arrière avec leur stock de bières et ils nous ont initiés, Frank(Lampard)et moi, aux coutumes du « vrai footballeur ». Je passais au moins quatre nuits par semaine dehors, et je m’enfilais des bouteilles de Jack Daniel’s. J’étais complètement accroc. » Rio aimait la vie, c’était comme ça. Mais Ferdinand a découvert l’amour à Manchester United dans les bras de Ferguson, finalement, en 2002. Il esquivera un contrôle antidopage, soulèvera une C1, six Premier League, fabriquera une doublette légendaire avec Vidić et applaudira des arbitres. Avec un nom pour l’éternité. Rio Grande. MB

25. John Terry

John Terry est un bordel ambulant. Un homme capable de jeter des cacahuètes sur des touristes américains le lendemain du 11 septembre 2001, de craquer 70 000 euros pour l’anniversaire d’un coéquipier et d’avoir un papa vendeur de coke. Un personnage qui couche avec la femme de son meilleur ami, qui insulte le frère d’un autre, mais qui a, aussi, un monde à ses pieds. Son monde, celui du Chelsea FC, depuis 21 ans, dont il est progressivement devenu le capitaine et le pilier de l’histoire. John Terry est un monument, une gueule du siècle, un homme qui glisse pour se sacrifier. En octobre 2006, il prit même les gants pour remplacer Petr Čech, sorti sur blessure. Les années 2000, c’est aussi un peu de John Terry. On le déteste, mais au fond, on l’aime. C’est paradoxal mais inexplicable : « J’ai toujours su ce que je voulais faire de ma vie et de ma carrière, mais j’ai toujours été aidé par quelqu’un. Quand des personnes comme Zola, Dennis Wise ou Marcel Desailly prennent le temps pour vous conseiller, on doit se battre pour continuer. » MB

Vidéo

24. Ian Wright

« Certains footballeurs sont des grands buteurs. D’autres encore marquent des buts merveilleux. Ian Wright était les deux à la fois. » Voilà comment le Hall of Fame d’Arsenal introduit ​sa star des nineties, deuxième meilleur buteur de l’histoire des Gunners pour encore un bout de temps. Un homme débarqué dans le professionnalisme à presque 22 ans, après être passé ​notamment ​par la case prison (14 jours) pour amendes impayées et conduite sans assurance. Le maçon obtient finalement un essai à Crystal Palace et saisit sa chance. Un gros bout de viande qui se fait une spécialité d’envoyer des sacoches au fond des filets. Transféré pour 2,5 millions de livres à Arsenal – un prix phénoménal à l’époque -, Wright est un fer de lance des épopées en Coupe des coupes (victoire en 93-94, finale en 94-95) et du premier sacre national de l’ère Wenger en 98. Un personnage fantasque, capable de tacler violemment Peter Schmeichel à qui il reprocha des injures racistes, ou dans un tout autre registre de dégainer un T-shirt Nike « 179 just done it » quand il croit battre le record de Cliff Bastin en septembre 1997. « En fait, ça fait 178, le record est seulement égalé » , reprend le commentateur en direct, à Highbury. Mister Wright s’en fout, il claque le 179e cinq minutes plus tard et s’offre ensuite un hat trick. Thierry Henry peut alors reprendre le flambeau. FL

23. Glenn Hoddle

On peut être une légende de Tottenham et porter Arsène Wenger dans son cœur. La preuve avec Glenn Hoddle, classieux tripoteur de ballon et brillant architecte du jeu des Spurs une douzaine d’années durant (1975-87). Brian Clough affirmait ainsi qu’Hoddle avait « plus de technique dans un pied que n’en avait la plupart des joueurs au sein de leur corps » . Sa classe, la star des Spurs l’emmène à l’AS Monaco – Wenger l’arrache au dernier moment à son homologue du PSG, Gérard Houllier – à la fin des années 80, où il remporte le championnat dès sa première saison en France. Devenu plus tard sélectionneur de l’Angleterre, l’homme qui croit dur comme fer au karma et à la réincarnation se fera virer en affirmant dans une interview que les personnes handicapées sont « punies pour leurs péchés dans une vie antérieure » . Pas sûr que là-haut, on lui pardonnera Diamond Lights, duo kitsch s’il en est avec Chris Waddle. FL

22. Peter Shilton

En cette journée de 1963, l’équipe de Leicester organise un camp d’entraînement pour les écoliers de la ville. De quoi faire courir les mômes et leur permettre de rencontrer leurs stars préférées. Soudain, au bord du terrain, le légendaire Gordon Banks est surpris par l’habileté dans les buts d’un gamin de 13 ans. Il balance immédiatement au coach des Foxes, George Dewis : « Ce petit est bon ! » Dewis opine du chef, et lui rétorque un moqueur : « Oui, il va te sortir de l’équipe première dans pas longtemps. » Prémonitoire. Trois ans plus tard, à 16 ans, Peter Shilton débarque dans les cages de Leicester et pousse Banks au transfert en à peine une saison. C’est le début tonitruant de la carrière interminable de trois décennies de Peter Shilton. Il a au passage écrit la légende des Three Lions dont il est le joueur le plus capé – 125 sélections alors qu’il était en concurrence avec Ray Clemence -, et a claqué une bonne partie de ses gains à cause de son addiction au jeu, au point d’être surnommé par le Mirror « The goalkeeper who could save almost anything, but money » . AD

21. Tony Adams

C’était un jour de titre. Highbury était un bain de soleil. La pause est entrée dans la légende à quelques minutes de la fin d’un match contre Everton (4-0) au printemps 1998 : Tony Adams est debout, les bras comme un oiseau, écartés, Marc Overmars lui saute dessus, Ian Wright aussi. Cette scène est devenue une statue devant l’Emirates Stadium. Adams, lui, est une légende. Le fils d’une histoire d’amour entre un joueur de foot, entré au centre de formation des Gunners en 1980, et Arsenal. Avant d’en devenir le capitaine, le premier jour de l’année 1988, à 21 ans. Il ne lâchera plus le brassard jusqu’en 2002. Une course de 504 matchs, quatre championnats d’Angleterre, trois FA Cup, deux League Cup et une C2. Adams est le seul joueur de l’histoire du championnat anglais à avoir remporté un titre lors de trois décennies différentes en tant que capitaine. Une putain de légende. MB

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