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« Il ne voulait pas que l’on parle français ! »

Par Émilien Hofman
5 minutes
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Des cartons jaunes pour avoir parlé français ? C'est l'affaire de la semaine en Belgique où un arbitre est accusé d'avoir obligé des jeunes de -15 ans à s'exprimer uniquement en néerlandais sous peine d'être sanctionné... Récit.

Dimanche 22 février, aux alentours de 11h30. Vincenzo sort du terrain avec ses copains et le sourire : son club de la Rhodienne vient de s’imposer 0-7 au BOKA United. Mais ce sourire a quand même un goût amer. Ces jeunes U15 viennent ainsi de participer à un match pour le moins étrange au cours duquel deux des leurs ont reçu des cartons jaunes à l’origine incertaine. En effet, il semblerait bien que les gamins de Rhode-Saint-Genèse aient été sanctionnés par l’arbitre pour avoir parlé la langue de Molière. Tout commence au moment où le délégué des Brabançons tente de discuter avec l’homme en noir avant la rencontre. « Il m’a ensuite dit que l’arbitre n’avait pas voulu lui parler en français, explique Vincenzo. Là, je me dit« Ouille », je trouvais ça bizarre, c’est pas vraiment normal qu’on ne puisse pas parler notre langue. » Interpellé, le jeune joueur ne dit pourtant rien à ses coéquipiers, mais la surprise générale intervient quelques minutes plus tard quand les joueurs défilent près de l’arbitre pour la vérification des crampons et des identités. « À ce moment-là, notre gardien lui dit« Bonjour, ref », reprend Vincenzo. Ce dernier lui a répondu :« On ne peut pas parler français. Wij zijn in Vlaanderen dus we praten Nederlands. » ( « On est en Flandre, donc on parle néerlandais, ndlr. » ) »

« Voor wie, ref ? »

La réaction des jeunes est évidente : « Moi, j’étais par terre presque, j’étais en pleurs » , sourit Vincenzo. « Sur le coup, un enfant nous crie, en français :« Il ne veut pas qu’on parle français ! », explique Pierre, papa présent le long des rambardes. Mais là, sur le coup, l’arbitre n’a pas réagi, sa consigne s’appliquait vraisemblablement pour le match. » La rencontre ne débute donc pas sous les meilleurs auspices, et les joueurs expliquent qu’ils vont rapidement déchanter au contact de l’homme en noir. « Comme d’habitude quand il y a une sortie qu’on ne sait pas attribuer facilement, je demande« C’est pour qui, ref ? », lance Vincenzo. Mais là, je vois qu’il commence à me regarder de travers, donc j’enchaîne directement en néerlandais :« Ho sorry, voor wie, ref ? » » Sur le banc, même les membres du club adverse, entièrement néerlandophones, sont ébahis, mais pas tellement surpris. En effet, la veille, ils ont contacté un père de la Rhodienne pour le prévenir de l’excentricité de l’arbitre du lendemain, avec qui ils avaient déjà eu affaire par le passé.

Rhode-Saint-Genèse est une commune flamande à facilités linguistiques. En deux mots, cela signifie que ses habitants francophones bénéficient de certaines latitudes administratives. Au club de foot, on défend donc le bilinguisme, omniprésent dans les structures comme dans les différentes équipes de jeunes. Parler le flamand est donc tout à fait normal pour les U15 présents ce dimanche. Mais quand l’arbitre apostrophe le capitaine de la Rhodienne à la mi-temps, ce qu’il exige va littéralement mystifier les jeunes. « Toujours en néerlandais, il lui a dit :« Si quelqu’un de ton équipe parle encore français, il recevra un carton et toi aussi parce que tu es le capitaine » » , rapporte Vincenzo. L’homme en noir va ainsi tenir parole, et c’est le gardien des visiteurs qui va être le premier averti pour « avoir demandé quelque chose à l’arbitre » , se souviennent Pierre et Vincenzo. « On n’a pas trop compris, relance Pierre, le papa/supporter. Mais un membre du comité présent sur place a un peu calmé tout le monde, parce que l’arbitre peut faire un rapport sur ce qui se passe après la rencontre, donc on est resté calme. » La mascarade se poursuit, et deux autres cartons seront sortis pour les mêmes raisons – « un pour avoir parlé avec un supporter en français, l’autre pour avoir demandé« Pourquoi ? »après que l’arbitre a sifflé un hors-jeu ou une faute » apprend Vincenzo.

Fureur médiatique et réponse

« On n’a rien dit à l’arbitre à la fin du match, glisse Pierre. J’ai juste envoyé un message à un journaliste de la RTBF pour lui demander son avis, puis on a fait ce qu’on fait d’habitude : on est allé boire une bière. » Mais le message prend des proportions importantes. Pierre est interviewé le soir même dans une émission radio de la RTBF. Le lendemain, télévisions et quotidiens sont présents au terrain de Rhode-Saint-Genèse… « Tous les médias en ont fait leurs choux gras, et c’est un peu dommage, parce qu’on est un club bilingue qui n’a jamais connu de problèmes anti-francophones » , conclut Pierre. Après que la Belgique entière a été mise au courant de ce cas incroyable et, soulignons-le, isolé, les suiveurs du foot amateur attendent avec impatience la réaction du principal intéressé, l’arbitre. Elle interviendra le mardi dans les colonnes du quotidien La Dernière Heure.

« Oui, au moment où je vérifiais les chaussures, j’ai dit qu’il fallait s’exprimer en néerlandais, c’est exact » , débute l’homme qui a défrayé la chronique. Je suis francophone et ce n’est donc pas une question de langues. » Mais au moment d’aborder la question de ces fameux cartons, le « ref » dément formellement l’argument de la langue. « Ces cartons jaunes n’ont pas été donnés parce que les enfants ne parlaient pas néerlandais. Ils peuvent parler ce qu’ils veulent, même le russe. Les cartons ont été donnés pour contestation et jeu agressif. » À la télévision, il précisera ensuite qu’il s’agissait notamment d’un tacle violent, ce que Vincenzo nie totalement. « Je pense qu’il change la réalité devant les médias. Il assure qu’il y a eu deux cartons pour des tacles volontaires, alors que honnêtement, ce n’est pas vrai, c’était une poussée certes fautive, mais pas un sale tacle. » Et le jeune homme de poursuivre : « D’après lui, on pouvait parler français entre nous, alors qu’il nous regardait chaque fois de travers. »

Contacté par nos soins, l’arbitre n’a pas souhaité revenir sur le sujet, se contentant d’un « j’estime que ça n’a jamais eu lieu… » avant d’enchaîner sur l’acharnement des médias qu’il a subi : « Lundi, j’ai eu quinze coups de téléphone de journalistes. Le lendemain, j’ai eu deux chaînes télévisées… Est-ce que vous ne pensez pas qu’il est temps qu’on me laisse tranquille ? » La tranquillité, ça n’est en tout cas pas pour tout de suite, Rhodienne-de-Hoek a en effet décidé de porter plainte auprès de l’Union belge…

Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki

Par Émilien Hofman

Propos de l'arbitre en partie issus de La Dernière Heure, propos de Pierre et Vincenzo recueillis par Émilien Hofman

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