Le toit du monde, puis la chute
Entre 2008 et 2010, Villa joue 30 matchs internationaux et marque pas moins de 24 buts. Si la sélection espagnole est irrésistible, elle le doit à son numéro 7. Après avoir été le meilleur buteur de l'Euro et le co-meilleur buteur de la Coupe du monde, Villa égalise même le record de Raùl en sélection (44 buts) le 12 octobre 2010, jour de la fête nationale espagnole. David Villa est sur le toit du monde. Dans les vingt derniers mètres, il est alors peut-être le meilleur joueur au monde. Le flair d'un Van Nistelrooy, les mouvements d'un Kun Agüero. Slaloms et buts du tibia. Un combo alliant manière et efficacité. Villa, c'est le fils de mineur devenu l'ultime condition de succès de son pays. Sans Villa, l'Espagne n'avait pas les buts. Ni son cynisme. David se permet de refuser le Real et Chelsea pour rester à Valence. Meilleur joueur espagnol de la Liga en 2006, meilleur passeur en 2007, il tient le club des Chés à bout de bras. Et le monde à ses pieds.
Mais après deux ans et demi, la situation de David Villa aurait autant besoin d'un plan de sauvetage que celle des mineurs asturiens, qui avaient annoncé une « grève illimitée » en mai dernier. À l'Euro 2012, David Villa n'était pas là, et l'Espagne a quand même gagné. Pour le remplacer, Del Bosque a fait confiance à un Cesc Fàbregas pas vraiment attaquant et un Fernando Torres pas vraiment excellent. Le périple ukraino-polonais a démontré que l'Espagne n'a plus besoin d'El Guaje pour gagner. Aujourd'hui, la carrière de Villa semble errer dans les couloirs du Camp Nou à la recherche de reconnaissance, d'amour et de place. Une place de numéro 9 qui n'existe plus.
La prison dorée barcelonaise
Aller au Barça, cela avait du sens. Depuis petit, David Villa est nourri par les exploits du héros de sa région, Luis Enrique, devenu le joueur le plus important du vestiaire blaugrana au début des années 2000. D'ailleurs, lors de sa première saison en Catalogne, le mariage fait illusion. Le bilan est plutôt positif : « J'ai joué quelques très bons matchs et j'étais vraiment content avec mes performances, même si je n'avais pas marqué. » 23 buts en 52 matchs, un rôle d'énième fidèle lieutenant espagnol de Messi, et des titres. Une Ligue des champions, avec cette merveille de lucarne en finale, et une Liga. Lors de la manita de novembre 2010, Villa signe même un doublé chirurgical. Le Barça traverse son meilleur moment. En août 2011, lors de la Supercoupe d'Espagne, Villa refroidit tout Bernabéu d'un but d'une beauté inouïe. Quand Messi n'est pas là, l'Espagnol prend la relève. Après tout, David Villa, c'est autre chose que Pedro, Alexis, Tello, Cuenca ou Afellay. Sauf que Messi est là, de plus en plus souvent là, toujours là.
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Délocalisé, puis viré ?
Depuis qu'il est revenu de blessure, la situation a empiré. Guardiola est parti, et l'arrivée de Jordi Alba a bouleversé l'ordre du côté gauche. La profondeur du Catalan a poussé Vilanova à placer Iniesta sur le côté gauche de l'attaque barcelonaise, Cesc est toujours plus polyvalent, Messi a toute la légitimité du monde pour gueuler sur ses coéquipiers, et le Barça semble à nouveau invincible. Même à gauche, David Villa n'a plus sa place. Comme si le Barça l'avait délocalisé et avait ensuite supprimé son emploi. Dans son livre, Ibrahimović écrit : « Au Barça, je me suis rendu compte à un moment que je n'étais plus moi-même, je ne me reconnaissais plus. » Il faut sauver le soldat Villa dès cet été. Avec Pep Guardiola dans le rôle de Tom Hanks ?
Par Markus Kaufmann À visiter :
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