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  • Disparition de Gérard Houllier

« Houllier à Lens, c’était un peu du Bielsa »

Par Florent Caffery
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Houllier à Lens, c’était un peu du Bielsa<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le Touquet, Nœux-les-Mines, Lens, Gérard Houllier était avant tout un enfant du Pas-de-Calais. C’est là qu’il a fait ses classes, là qu’il a laissé la trace indélébile d’un entraîneur avant-gardiste que Gervais Martel allait interviewer avec ses cassettes audio en 1983...

François Brisson (attaquant lensois entre 1981 et 1985) :

« Quand il débarque à Lens, il avait une trentaine d’années. C’est là où il a fait ses classes avec la génération Vercruysse, Sénac, Piette. Gérard a été une forte rencontre pour moi. Un jour, on perd un match de merde à Bollaert où il m’avait mis capitaine. Je n’arrivais quasiment pas à dormir. Vers 4-5 heures, je me lève et je sors prendre l’air, je n’arrivais pas à passer à autre chose. Je lui passe un coup de fil et je pars chez lui à côté d’Arras. À 6 heures du matin, il m’a reçu, j’étais là avec les croissants. On a pris le petit-déj’. Après, je me sentais mieux. Peu de temps après, il m’a rendu l’ascenseur en se pointant chez moi à 9h avec les croissants. Ça, c’était Gérard. Sous ses aspects de prof, il était très ambitieux avec une intelligence supérieure et beaucoup d’humanité. Il s’intéressait à d’autres choses que le foot, notamment l’ésotérisme.

Un jour, on perd un match de merde à Bollaert où il m’avait mis capitaine. Vers 4-5 heures, je n’arrivais pas à dormir. Je lui passe un coup de fil et je pars chez lui à côté d’Arras. À 6 heures du matin, il m’a reçu, j’étais là avec les croissants.

Il était très dans la recherche, dans la pensée constructive. On échangeait des bouquins que j’ai toujours 40 ans après. C’était un vrai stratège. Lens était un bon club pour lui, il avait des jeunes à l’écoute qui adhéraient à son discours. Ça correspondait à la marche qu’il était en train de franchir. La première saison avec lui à Lens, on termine 4es et on décroche l’Europe. S’il fallait une image, Houllier à Lens, c’était un peu du Bielsa par sa connaissance très pointue du football. Il avait un visage frais, plein de passion, luminaire, il était toujours positif tout en étant un gros bosseur. Dans les causeries, tu avais toujours l’impression qu’il avait les mots justes au bon moment, notamment pour calmer les joueurs. Même si les deux saisons suivantes au Racing ont été plus compliquées. À la fin, certains étaient peut-être un peu plus agacés, peut-être qu’il ramenait un peu trop les choses à lui. Mais, sur la suite de sa carrière, il n’y a pas vraiment de surprise. Il voulait marquer son époque, pas juste être entraîneur pour dire qu’il l’était. Il ne faut pas oublier son boulot à Clairefontaine, pour la formation, son titre dès sa première saison au PSG, Liverpool, etc. Il y a eu des plus et des moins, mais son travail a marqué le football français. »


Gervais Martel (président du RC Lens entre 1988 et 2012, puis de 2013 à 2017) :

Quelle année de merde… Il y a une semaine on enterrait Papa Bouba Diop au Sénégal, avant on a eu Arnold Sowinski, Daniel Leclercq. C’est toute une génération qui s’éteint.

« Je garderai un super souvenir de Gérard. Je l’ai connu en 1983 quand il a rejoint le Racing. À l’époque, j’avais lancé un journal gratuit, Le Galibot. J’y mettais du rédactionnel et il y avait une grosse partie consacrée à Lens. Toutes les semaines, j’allais voir Gérard pour l’interviewer. Ça pouvait durer une heure à chaque fois, j’enregistrais ça sur des cassettes que j’ai conservées. Des heures d’entretien alors que c’était pour un journal gratuit et que j’étais journaliste comme vous vous êtes la reine d’Angleterre. Il avait simplement senti que j’étais un passionné. J’en parlais encore avec lui il y a quelques mois, on en rigolait. Quand il est parti à Paris, je l’appelais encore pour PSG-Lens et ensuite, je l’ai connu en tant que dirigeant. Mais son passage au club a été un nouveau départ pour le Racing. C’était un grand technicien, quand on voit la carrière qu’il a faite, il n’y a pas de secret. Pour le développement du centre de formation de la Gaillette, il m’a aidé, idem pour la création des centres de préformation. Sa réussite à Liverpool ? Vu son niveau d’anglais, avec une mère qui était prof d’anglais, je n’avais aucun doute. Là, il était prévu que l’on se voit avant Noël. Il devait me donner des maillots pour mon association La Chance aux enfants pour des enfants défavorisés. La dernière fois que je l’ai vu, c’était sur un Lille-Lyon avant la pandémie. On s’était retrouvés dans un hôtel avec Jean-Michel Aulas. C’était une belle discussion, il était en forme. Franchement, quelle année de merde, on a l’impression que ça n’arrête pas. Il y a une semaine, on enterrait Papa Bouba Diop au Sénégal, avant on a eu Arnold Sowinski, Daniel Leclercq. C’est toute une génération qui s’éteint.


Alain Tirloit (défenseur central de Nœux-les-Mines de 1980 à 1982, puis à Lens jusqu’en 1984) :

À Nœux, on s’entraînait trois fois dans la semaine et on a frôlé deux années de suite la montée en D1. Il nous expliquait qu’on n’avait pas besoin de s’entraîner des heures et des heures. On avait tous un boulot à côté, il savait qu’il ne fallait pas trop tirer sur la corde, mais être efficace.

« J’étais au LOSC, et Gérard m’a fait venir à Nœux-les-Mines. Il était extrêmement avant-gardiste, toujours à la pointe de ce qui se faisait d’un point de vue tactique, technique et managérial. Sur le plan humain, il était à la fois très proche de ses joueurs, mais savait aussi garder ses distances. Au départ, on lui a infligé une étiquette de prof d’anglais qui s’est estompée au fil du temps parce que, quoi qu’on en dise, il a quand même une carrière exceptionnelle. Il n’était pas du sérail et c’est ce qu’on lui reprochait. Il s’attendait à être directeur technique national, c’était écrit dans sa carrière, mais ce qui ne l’était pas, c’était d’être sélectionneur. Et avant France-Bulgarie de 1993, il m’avait dit : « Je vais avoir des soucis parce que je vais remettre Cantona et Papin alors que Ginola était très bon. » Mais il n’avait pas le choix et il a entendu revenir ces critiques sur son côté « prof d’anglais ». Il a gagné des titres partout où il est passé ou presque, il ne faut pas l’oublier ! À Nœux par exemple, on s’entraînait trois fois dans la semaine et on a frôlé deux années de suite la montée en D1 face à des clubs comme Le Havre, Rouen, etc. Il nous expliquait qu’on n’avait pas besoin de s’entraîner des heures et des heures. On avait tous un boulot à côté, il savait qu’il ne fallait pas trop tirer sur la corde, mais être efficace. Et sur chaque discours d’avant-match, c’était un motivateur hors normes. Il nous faisait grimper aux arbres. Idem sur les causeries individuelles. Quand il te convoquait, soit il allait te booster encore plus parce que tu étais dans une bonne période ou te faire comprendre ce qu’il fallait changer. Il avait un souci du détail incroyable. C’était maladif. Et il avait déjà le goût de ce qu’il appelait la préparation invisible. Il y avait le côté visible, ce que lui maîtrisait à l’entraînement, et ensuite, il nous filait énormément de conseils sur la nourriture, la récupération, les soins. À l’époque, tu n’avais pas un coach accompagné d’une dizaine de mecs qui géraient tout ça, il était tout seul ! Il aimait aussi le tennis, et puis c’était surtout un littéraire. Il lui fallait tout le temps Le Monde, Les Échos, des journaux pointus. Et puis sa carrière s’est poursuivie, et une vingtaine d’années plus tard, il a eu ce grave accident cardiaque quand il était à Liverpool. À chaque fois, je lui disais d’arrêter, mais il me répondait : « Quitte à mourir, autant mourir de ça. » Il répétait sans cesse que « chaque jour qui passe, c’est un jour de plus ». Son opération avait duré 12 heures et chaque heure d’opération correspondait à un mois de récupération. Pourtant, il est revenu après cinq mois et tout Anfield l’a acclamé. C’était impossible pour lui d’arrêter. Sauf quand il était à Aston Villa où il a eu une nouvelle alerte après deux mois, et là il a compris que ce n’était plus possible. Il n’avait pas d’enfant, et le foot était sa vie. La dernière fois que je l’ai eu au téléphone, il était à Seattle pour signer une convention avec un club de foot féminin. Il était partout, en vadrouille tout le temps. Il avait un pouvoir de récupération très fort. Trois heures de sommeil lui suffisaient pour être au taquet. Il faisait beaucoup de micro siestes d’un quart d’heure et ensuite revenait avec une patate d’enfer. Un passionné total. »

Philippe Piette (milieu de terrain de Lens entre 1982 et 1984) :

Quand on partait en bus, il était toujours avec ses journaux et ne parlait pas que de foot. C’était un peu notre prof.

« Gérard, c’est mes années lensoises, mes meilleures années de joueur. Il a su faire de moi un meilleur footballeur. Il amenait de nouvelles méthodes. En arrivant de Nœux, il n’était pas connu, c’était sa première saison en D1, il amenait le renouveau lensois. Ses entraînements étaient constamment avec le ballon, ça tranchait avec ce que j’avais connu où on ne pensait que « Arbeit », travail et c’est tout. Quand on partait en bus, il était toujours avec ses journaux et ne parlait pas que de foot. C’était un peu notre prof, il n’avait pas joué au très haut niveau, mais a su se faire accepter malgré son manque de niveau technique. C’est un des premiers entraîneurs de cette trempe. Il était aussi capable de coups de gueule. Sa deuxième saison à Lens, on avait laissé beaucoup de plumes en Coupe d’Europe, et ça allait moins bien en championnat, le vestiaire a tremblé quelques fois. Mais Gérard, c’était aussi beaucoup d’attention. Un jour, en début de saison, on venait de faire la photo officielle. C’était un lendemain de match et j’étais venu avec mon fils. Le lendemain de la photo, il m’a reçu au stade avec le journal Nord Matin dans lequel une photo de mon gamin avait été mise en une. »

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