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Horda Contrôle
Lyon revient à Metz pour boucler une bonne fois pour toute cette affaire de pétard. Sur le terrain, du moins. Car en tribune, le cas des supporters messins de la Horda Frénétik est loin d’être réglé, toujours en conflit avec une direction qui leur a mis beaucoup sur le dos.
« Les encouragements de la Horda nous manquent forcément. » Invité ce lundi de Graoully Mag sur Mirabelle TV, Philippe Hinschberger donne un signe de soutien attendu depuis longtemps par la Horda Frénétik 1997. Depuis quatre mois et le match Metz-Lyon, les ultras sont persona non grata dans les travées de Saint-Symphorien. La faute à deux pétards, touchant Anthony Lopez et un soigneur lyonnais, projetés depuis la Tribune Est-Basse, où la HF97 a installé son kop depuis vingt ans maintenant. La détonation résonnait encore dans l’enceinte messine que tout le stade pointait déjà du doigt la Horda. « Ce n’est jamais agréable de voir tout un stade vociférer à notre encontre, alors qu’on est d’habitude appréciés » , se remémore Olivier, un des historiques du groupe. « Pendant quatre jours, ça a été un vrai déferlement. Il y a eu des articles sur nous jusqu’au Brésil ! »
Les sanctions ne se font pas attendre : le club est condamné par la Ligue à un retrait de trois points au classement dont un avec sursis (réduit à trois points en sursis après appel), le match face à Lyon devant être rejoué, et l’ensemble de la Tribune Est est fermée à titre conservatoire. Sans attendre les conclusions de l’enquête, le président Bernard Serin incrimine la Horda Frénétik, ne la reconnaissant plus comme un groupe officiel de supporters du FC Metz. « Le club était persuadé de notre implication et on sait que les dirigeants ont rapidement travaillé sur la dissolution du groupe » , se désole Olivier. Sauf que l’auteur du délit ne faisait pas partie de la Horda.
Freiner la frénésie
« Il faut comprendre que le noyau dur de la Horda, c’est 50 à 60 personnes » , resitue Raphaël-Anthony Chaya, fondateur de la Section Graoully entre 1991, dont sont issus plusieurs membres de la Horda. « Mais comme c’est une tribune ouverte, 300 à 400 personnes gravitent autour sans être encartées. » D’où la difficulté de contrôler chacun des supporters qui se massent dans leur parcage. « Il faut arrêter avec cette image d’Épinal qui dit qu’on sait tout ce qu’il se passe dans sa tribune » , fulmine Olivier. Antiracistes, aux valeurs d’ouverture, de mixité sociale et culturelle, les responsables de la Horda savent que pour vivre leur passion, mieux vaut être irréprochable. « Au point qu’à chaque manif, les leaders demandent à ce qu’aucune canette ne soit laissée par terre » , abonde Maître Chaya, qui en plus d’être supporter grenat, a déjà défendu des membres de la Horda devant la justice.
Aujourd’hui, la Horda Frénétik se considère clairement victime d’un jugement hâtif. Que cela soit par communiqué ou même à vif, les porte-parole des ultras ont toujours condamné ce geste. « Sur les images, on voit bien les capos engueuler tout le monde dès le premier pétard lancé, sachant tout de suite que ce geste allait pénaliser tout le monde. Ils n’incitent en aucun cas à envoyer le deuxième pétard » , argumente Raphaël-Anthony Chaya. L’affaire n’a d’ailleurs pas été portée sur un terrain juridique, mais fait place au silence. Les semaines passent et la Horda se rabat sur les matchs de la CFA et des U19 pour ne pas perdre la main.
Comme des hors-la-loi
C’est seulement au mois de février que le dialogue a été rétabli, « sous la pression du public qui demandait notre retour » , selon Olivier. « On a été invités à trois réunions où on nous a exposé des mesures ultra-sécuritaires. » Au programme : pose d’un filet protecteur couvrant toute la tribune, instauration d’une billetterie nominative, réimplantation de sièges dans la partie basse et délocalisation de la Horda Frénétik en partie haute. Des dispositifs qui ne conviennent pas aux représentants du groupe, qui décident de boycotter le stade jusqu’à la fin de la saison. « On sait qu’il y aura un avant et un après Metz-Lyon » , concède Olivier. « Pour les billets nominatifs, on comprend que Bernard Serin veuille savoir qui est dans le stade. Mais il est dans la quête absolue du risque zéro. Nous recaser en tribune haute, c’est une manière d’éloigner le danger. »
Raphaël-Anthony Chaya estime que cet incident était l’occasion pour la direction de régler ses comptes avec des ultras un peu trop encombrants : « La Horda neutralisée, c’est moins de risques d’amendes. » Les incidents de Metz-Lyon ont également soulevé la question de la responsabilité du club envers le comportement de ses supporters. « Le club est l’organisateur de l’événement, donc responsable civil et pénal » , clarifie l’avocat. « À cela s’ajoute un élément supra-juridique : le FC Metz a eu plus peur des sanctions de la Ligue que de la justice. » Comme à chaque cas de tensions entre les clubs et leurs ultras, tout le monde en sort perdant. Ce mercredi, les Grenats rejoueront leur match contre Lyon dans un stade vide. « Ça va laisser des traces et Metz n’avait pas besoin de ça » , regrette Raphaël-Anthony Chaya. « La Horda a pris beaucoup de coups sans pouvoir en rendre. La réponse qu’elle doit apporter à cette crise est d’être mieux structurée à l’avenir. » En septembre, la Horda Frénétik fêtera ses vingt ans, qu’elle compte célébrer depuis son parcage d’origine, avec pour seul filet entre eux et le terrain celui du but de Thomas Didillon et pour seules mèches allumées celle de ses bougies.
Par Mathieu Rollinger
Propos d'Olivier et Raphaël-Anthony Chaya recueillis par MR