- Italie
- Serie A
- 26e journée
- Milan/Hellas Vérone
Honda a le moteur encrassé
Après un départ canon (six buts en sept matchs), Keisuke Honda a vu son rendement chuter, comme le Milan en fait. S'agissait-il d'un malentendu, ou d'un syndrome qui touche tous les joueurs rossoneri ?
Lancé dans l’intervalle par Adil Rami, Keisuke Honda échappe à la vigilance des défenseurs adverses et s’en va battre le portier du Hellas pour le but du 3-0 en faveur du Milan. Le Japonais s’offre même un doublé lors de cet après-midi ensoleillé au Bentegodi, son premier depuis qu’il est arrivé en Italie. Nous sommes à la septième journée de championnat, et Honda s’impose alors comme des grands bonhommes du début de saison avec déjà six buts inscrits. Le Milan, lui, a remporté quatre matchs et figure à une bonne 4e place avec la meilleure attaque. Le projet d’Inzaghi prend forme, et le Samouraï en est un joueur clé. C’était il y a pile un demi-championnat. 19 matchs sont passés, et les Rossoneri n’ont engrangé que 20 unités depuis. Honda, lui, n’a plus marqué.
Nippon ni mauvais
Était-ce un malentendu ? Que s’est-il passé pendant ces quelques semaines où il marchait sur l’eau ? S’agit-il juste d’un retour à la normale ? Car avant de flamber, Honda avait déjà passé six premiers mois difficiles au Milan AC. Pour beaucoup, il s’agissait même d’un énième flop de la direction du Milan qui avait encore misé sur un joueur en fin de contrat. Un homme-sandwich juste bon à vendre des maillots et attirer des sponsors nippons. Le Japonais débarquait alors du CSKA Moscou et n’avait pas compris grand-chose aux exigences technico-tactiques d’un Seedorf aux idées confuses. Ajoutez à cela le choc des cultures, la barrière de la langue et un joueur un peu tout seul sur sa planète, le rendement fut largement insuffisant. Honda, c’était déjà limite de l’histoire ancienne l’été dernier, mais le professionnel hors pair qu’il est a mis le bleu de chauffe durant l’été et convaincu Inzaghi de miser sur lui. « La vérité est au milieu » raconte un vieux dicton italien. Honda n’est ni un top player, ni un bidoneet n’est surtout pas arrivé au bon moment au Milan.
Qu’en faire tactiquement ?
C’est donc à droite du trio offensif que le Samouraï explose les compteurs durant l’automne dernier, il a aussi pu compter sur la collaboration d’un Ignazio Abate dans la forme de sa vie. Un duo qui a vraiment impressionné par sa complicité sur le terrain (en dehors, on a des doutes), dédoublements à foison, Honda qui repique dans l’axe où il retrouve en Ménez un parfait relais. Depuis, Abate est retombé dans ses tracas physiques, Cerci a débarqué durant l’hiver et Inzaghi abandonné le 4-3-3. Certes, le rendement du Japonais a également coulé à pic, mais ces bâtons dans les roues ne lui ont pas facilité les choses. Quid du 4-3-1-2 qui est utilisé depuis deux rencontres ? Affublé du numéro 10, Honda pourrait y trouver son bonheur, son ancien sélectionneur Zaccheroni ne cessant de répéter que c’est son poste de prédilection. Énième contretemps, c’est la place de Bonaventura, meilleur joueur du club cette saison et « trequartista » atypique dont Inzaghi ne peut se passer.
On connaît les dégâts que peut provoquer une compétition comme la CAN en cours de saison, on oublie souvent que ces initiales signifient Coupe d’Afrique des nations, mais aussi Coupe d’Asie des nations. Tenant du titre, Honda ne pouvait manquer le rendez-vous et était donc en Australie tout le mois de janvier, revenant finalement plus tôt que prévu suite à l’élimination en quarts contre les Émirats arabes unis. Le staff médical estimait que ce petit séjour dans l’hémisphère sud aurait pu le retaper, il n’en fut rien. Et pourtant, Honda n’a pas perdu son temps, comme racontait Inzaghi le mois dernier. « Il est rentré en Italie le dimanche matin à 8h, une heure après, il était en train de courir à Milanello. Dès qu’il a été mis au courant de la mise au vert, il n’a même pas demandé s’il pouvait repasser par chez lui. » L’attitude irréprochable mérite d’être soulignée, mais on ne note aucune amélioration sur le plan physique. Les errances tactiques de son coach et l’absurde concurrence en attaque ont fait le reste. Au bon endroit, au mauvais moment.
Par Valentin Pauluzzi