Du district à la Buli, il n’y a qu’un pas
Des histoires de pros jamais passés par un centre de formation, il en existe des centaines, c’est vrai. Mais celle d’Hendrik Weydandt est intéressante, car elle ne fait que commencer. Le géant numéro 9 de Hanovre (1,95m) compte 706 minutes de jeu avec l’équipe première et se paye le luxe, à 23 ans, de taper le cuir pour un club dont il a refusé de rejoindre le centre de formation à l’âge de quatorze ans. Déjà, parce que dans la famille Weydandt, ce sont les études qui priment. Mais aussi parce que le petit Hendrik a commencé par prendre son pied en district avec son club de Groß Munzel, avec lequel il remporte la Coupe des régions et le championnat de sa commune.« Aujourd’hui, je n’ai plus le temps d’aller les voir jouer. Ça m’agace car je suis très attaché à mon village » , explique au magazine 11 Freunde celui qui regrette ne plus pouvoir « boire deux bouteilles de bière après l’entraînement et sortir le week-end avec les potes. Ce sont des avantages que j’avais en district, mais je ne regrette pas de les abandonner si cela me permet de jouer en Bundesliga. » Après avoir franchi l’étape supérieure en se frottant aux divisions régionales, Hendrik, son bac en poche, termine finalement dans la réserve de Hanovre, et lorsque Volkan Bulut, l’entraîneur de l’époque, le convoque en juillet 2018 pour passer une semaine avec les pros, il n’hésite pas.
Un million pour un esclave
Devenu pro sur le tard, Weydandt n’abandonne pas les bancs de l’école pour autant. Au mois de décembre, il obtient son diplôme d’ingénieur commercial, option fiscalité et audit. « Mon sujet de fin d’études concernait les dividendes cachés au sein des trusts. Un sujet fiscal, plus spécifique, sur lequel je travaillais depuis longtemps. » Le paternel, justement conseiller fiscal, était d’ores et déjà prêt à l’accueillir dans son cabinet, mais l’appel de la Buli a finalement été plus fort. Même si l’après-carrière semble déjà toute tracée. « Tout est rapidement allé vers le haut, tout peut donc redescendre aussi vite. Il suffit d’une blessure. Je suis assez réaliste pour le savoir. »En attendant, il conserve encore un petit morceau de son innocence époque amateur en vivant toujours dans sa piaule de quatorze mètres carrés au sein d’une coloc dans le centre-ville de Hanovre. Pas besoin de planning des corvées selon lui, chacun est suffisamment responsable : « Quand on n’a pas envie de ranger, on laisse les choses en plan et si quelqu’un a un problème avec ça, il le dit. La situation n’est pas conflictuelle. » Et quand le samedi après-midi rime avec jour de match, les colocataires vont s'enfiler des shots de vodka loin du buteur : « Si je leur dis : "Eh les mecs, vous pouvez aller picoler ailleurs pour votre pré-soirée ?", ils le font et je peux me reposer correctement". » Mais le rêve éveillé vécu par Hendrik Weydandt pourrait pourtant prendre rapidement fin. « Je suis allé regarder le montant de ma valeur marchande sur Transfermarkt : un million d’euros très exactement. Quelques-uns de mes potes se sont mis en tête de réunir la somme pour faire de moi leur esclave ! Et ils prétendent qu’ils finiront par y arriver à plusieurs » , se marre-t-il. Il ne lui reste plus qu’à sauver Hanovre de la relégation pour leur rendre la tâche impossible.
Par Julien Duez Propos de HW recueillis par 11 Freunde
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