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« He’s a Kenyan, a mighty Kenyan, called Victor Wanyama »

Par Maxime Brigand
6 minutes
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Arrivé cet été à Tottenham pour rejoindre Mauricio Pochettino, qui l’avait fait exploser à Southampton, Victor Wanyama est devenu en quelques semaines un homme indispensable dans le système des Spurs. Loin de Nairobi, où tout a commencé.

Un train de la ligne Middlesbrough-Londres, quelques canettes de Beck’s et des gros costauds qui font bouger la voiture. Le cocktail est parfait, et la preuve que les supporters anglais sont les plus grands auteurs de tubes de tribunes est une nouvelle fois apportée. Quelques heures plus tôt, le Tottenham de Mauricio Pochettino a validé son excellent début de saison par une quatrième victoire en six matchs de championnat sur la scène du Riverside Stadium de Middlesbrough. Alors, l’heure est venue de rendre hommage à une nouvelle pièce déjà devenue indispensable au système Pochettino. Un boulon à un peu plus de treize millions d’euros arraché cet été à Southampton qu’on aime déjà chanter sous les écharpes des Spurs. Cette fois, le choix s’est porté sur un remix de La Bamba de l’immense Ritchie Valens – « Victor Wanyama, Victor Wanyama, he eats spaghetti… » –, histoire de rappeler au nouveau milieu kényan de Tottenham un tweet de mai 2012 : « I had spaghetti and it was very nice i enjoyed it. » Cette sortie a depuis aidé à construire le personnage, un homme devenu référence sur le tableau de la Premier League et qui semble atteindre actuellement sa pleine expansion. C’est simple : depuis le début de saison, Wanyama a été de toutes les feuilles de match de Pochettino en championnat. Plus encore, le seul jour, hors soirées de coupe nationale, où le technicien argentin n’a pas utilisé le joueur qu’il a contribué à faire exploser lors de son passage à Southampton, Tottenham a chuté en C1 contre l’AS Monaco (1-2). Oui, cette saison, les Spurs sont plus forts que la saison dernière, car Eric Dier possède aujourd’hui un seconde ventricule pour faire battre le cœur du jeu des Londoniens. Il s’appelle Victor Wanyama et n’a qu’une seule exigence : vivre par le combat.

Les élastiques, le cinéma et le numéro 67

L’international kényan a toujours eu un rapport particulier à l’histoire. Celle de son pays, d’abord. Wanyama est un enfant du Nairobi du début des années 90 avec tout ce que cela comporte. Le gamin a grandi dans le quartier de Muthurwa, où on peut « marcher et tomber sur des voleurs à l’arraché ou un mec qui en menace un autre avec un couteau pour de l’argent. Pour un jeune enfant, voir les choses que j’ai vues était un peu comme une torture » . Le foot est alors un exutoire, au sein de quelques équipes locales et avec une volonté affichée de ne pas « tomber du mauvais côté » . Il complète : « Les terrains n’étaient pas top et on pouvait s’éclater l’orteil. Souvent, il y avait du sang partout, mais on continuait. On avait les terrains qu’on avait, mais c’était cool. Vraiment cool. » Voilà comment Victor Wanyama s’est forgé une mentalité saluée de tous et a gagné sa première paire de crampons lors d’un tournoi de moins de douze ans où l’on jouait avec « un ballon fabriqué avec du papier et des élastiques » . Ses parents bossent alors tous les deux pour la société nationale Kenya Railways, ce qui assure un équilibre de famille « ni riche, ni pauvre » . « Oui, ils ne pouvaient pas forcément m’acheter des chaussures de foot, mais il n’y a pas un soir où je me suis couché sans avoir mangé. » Reste que le clan Wanyama s’est déjà fait un nom dans le foot : entre le papa, Noah, international en son temps, et le grand frère McDonald Mariga, aujourd’hui à l’US Latina en Serie B après avoir été notamment champion d’Europe avec l’Inter.

C’est par lui que Victor Wanyama va décoller : en l’accompagnant d’abord en Europe, à Helsingborgs en 2007. McDonald Mariga arrive alors à convaincre ses dirigeants d’engager son frère à l’académie, mais l’histoire ne va durer que quelques mois. « Helsingborgs m’a beaucoup aidé. Si j’étais resté au Kenya, je n’aurais jamais eu cette expérience qui m’a permis de comprendre comment est un joueur pro. Au Kenya, il y a moins de facilités qu’en Suède. Ça a été une vraie chance pour moi. Je suis resté avec mon frère et quand il est parti à Parme en 2007, je suis rentré au Kenya pour rejoindre une académie qui s’appelait JMJ avant de partir en Belgique » , racontait-il récemment. 2008, le Germinal Beerschot. L’histoire durera trois ans avant de rejoindre le club de ses rêves : le Celtic. « Quand j’ai signé pour ce club, je connaissais déjà leur histoire et j’ai fait d’autres recherches. J’ai appris comment ils avaient battu l’Inter en finale de la C1 à Lisbonne et j’ai décidé de prendre le numéro 67. Je rêvais de jouer l’Europe, la Ligue des champions. Je rêvais beaucoup. » Une culture travaillée gosse dans le cinéma de Muthurwa qui retransmettait les matchs de foot britannique, du Celtic, des Rangers, mais aussi de Manchester United et de Roy Keane dont était fan Victor Wanyama. Résultat ? Deux titres de champion en deux saisons et l’une des meilleures partitions du costaud contre le Barça en 2012.

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« Pochettino est comme un père »

C’est là que viendra le chercher Mauricio Pochettino pour le faire venir à Southampton. Là aussi où va se nouer la bascule pour un joueur complet, très physique, mais à la rigueur tactique limitée. C’est là-dessus que Pochettino va bousculer Wanyama au point d’en faire un homme indéboulonnable de ses compos. Lui préfère philosopher : « Je suis quelqu’un qui n’a pas peur d’essayer parce que je crois que l’échec n’existe que quand on n’est pas prêt à se battre. Je suis prêt à me battre. » À force de se bastonner, le milieu a évolué vers un style de jeu qui se marie parfaitement avec celui de la Premier League et encore plus avec ce que demande l’Argentin. Cet impact physique manquait à Tottenham la saison dernière au cœur d’un effectif jeune et finalement assez inexpérimenté. Dans un entretien donné à FourFourTwo, le joueur de vingt-cinq ans a précisé ce rapport à son entraîneur : « Pochettino est vraiment une bonne personne au sein et en dehors du football. Pour tous les joueurs, c’est comme une figure paternelle qui parle beaucoup avec tout le monde et donne des conseils. C’est comme un père. » Et voilà Wanyama au sommet, enfin, avec un Tottenham qui est encore la seule équipe invaincue cette saison en championnat. L’international kényan est au bout de sa longue route, accroché à son statut, et a même participé l’an passé à l’écriture d’un film sur un jeune footballeur au Kenya. Histoire de compléter le scénario.

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Par Maxime Brigand

Propos de Victor Wanyama tirés du Guardian.

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