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Gündogan prévoyance

Par Ali Farhat
4 minutes
Gündogan prévoyance

A son arrivée, beaucoup de critiques. Aujourd'hui, tout le monde s'incline devant le talent d'Ilkay Gündogan. Match après match, le numéro 8 du Borussia Dortmund n'a de cesse de monter en puissance. 22 ans et déjà un style de daron à qui on la fait pas : le métronome du BVB a tout pour devenir un milieu de classe internationale.

Ce mec qu’on ramène en soirée, tout le monde le connaît. C’est un type super discret, mais super important dans la bande de potes (c’est pour ça qu’il est là, d’ailleurs). Le genre de personne que l’on n’entend jamais parler, mais qui est super efficace. Bien qu’il passe son temps à boire sa binouze dans son coin, il sera toujours le premier au buffet, le premier à dégainer son feu pour la gentille demoiselle qui organise la fête et le premier à rentrer au moment où la soirée devient chiante pour pouvoir être en forme le lendemain. Ilkay Gündogan (prononcer Gun-do-han), c’est un peu pareil : coincé entre les classieux et pimpants Hummels, Reus, Götze, Lewandowski, ce n’est pas le premier joueur du Borussia Dortmund auquel on pense. Mais voilà, quand vient l’heure de jouer, difficile de nier l’évidence. Désormais, Ilkay Gündogan est le premier nom que Jürgen Klopp couche sur sa feuille de match.

Un enfant de Schalke

Le moins qu’on puisse dire, c’est que celui qui est devenu le métronome de son équipe a bien galéré pour en arriver là. Le poids de la responsabilité qui lui a été confiée, sans doute. Arrivé chez le champion 2011, Ilkay Gündogan devait ni plus ni moins remplacer Nuri Sahin, capitaine et véritable idole à Dortmund. Le fait que tous les deux soient nés en Allemagne de parents turcs renforce cette analogie : ce que Sahin a fait, Gündogan doit pouvoir le faire. Seulement, ça ne fonctionne pas aussi bien que prévu. Du moins pas dès le début. Arrivé à l’orée de la saison 11/12, le meneur de jeu joue de manière frileuse, a du mal à aligner deux passes de suite. Du coup, Ilkay est immédiatement pris en grippe par le public, qui ne retient de lui que son lieu de naissance : Gelsenkirchen (ou plutôt « Herne-West » comme on dit là-bas, vu qu’il est proscrit de prononcer le nom de la ville interdite). Il est vrai qu’Illy a porté les couleurs du Null-Vier, mais il n’avait que 8 ans, et une blessure au tendon d’Achille l’a sorti de l’équipe. Déception pour le jeune homme, qui ne resignera pas là-bas quand l’occasion se représentera à lui quelques années plus tard.

Regarder le match de là-haut

Au lieu de quoi Gündogan atterrira au VfL Bochum pour parfaire sa formation, avant de signer en 2009 au 1.FC Nuremberg. En Franconie, il joue à tous les postes du milieu de terrain, mais force est de constater qu’il n’est jamais meilleur que lorsqu’il joue dans l’axe, avec un rôle légèrement offensif. Lorsqu’en 2011, le départ de Nuri Sahin pour le Real Madrid est acté, c’est en toute logique que Jürgen Klopp opte pour le meneur de jeu du « Club » . Nuremberg ne fera d’ailleurs pas de chichis, convaincu qu’une équipe qui joue le maintien n’a pas les moyens de retenir une telle perle. Mais voilà, les débuts sont donc difficiles. Ilkay sort de l’équipe, allant même jusqu’à se retrouver en tribunes : « Quand j’ai vu les matchs de là-haut, j’ai compris pourquoi j’avais quitté Nuremberg, pourquoi j’avais signé à Dortmund. Tu as la responsabilité envers toi-même et envers le club d’en faire le maximum grâce à tes capacités. Dans ma tête, un truc s’est allumé. J’ai commencé à m’entraîner autrement, de manière plus intensive, et plus longtemps » .

Schweinsteiger amélioré

Ilkay Gündogan est un garçon doué, et très intelligent. Petit à petit, il regagne sa place au milieu de terrain, profitant des absences pour cause de blessure et/ou de méforme de Bender et de Kehl, sans parler de la non-éclosion de Leitner. Du coup, le patron du milieu, c’est lui. Revenu à Dortmund, Nuri Sahin touche du banc, regardant son numéro 8 porté par un autre gars qui a le même gabarit et qui fait son job, mais en mieux. Passes courtes, passes longues, percées dans l’axe, décalages, Ilkay Gündogan sait tout faire. Quand il va, Dortmund va. Du coup, les performances de celui qui est vu comme un « Schweinsteiger amélioré » outre-Rhin ne laissent pas Joachim Löw insensible : « Ilkay a progressé de manière incroyable, aussi bien avec le BVB qu’en équipe nationale. Contre la France, il a rempli son rôle à merveille, rendu le match plus rapide, effectué les bonnes passes. Il a beaucoup gagné en estime de soi et joue à un top niveau. Toutes les conditions sont réunies pour qu’il devienne un joueur de classe mondiale » . De son côté, Ilkay Gündogan ne dit rien. Vu tout ce qu’il a traversé, il se dit qu’un jour, il finira par rester à la soirée et par emmener la propriétaire des lieux dans un coin sombre de son appartement pour conclure.

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