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  • France – Trophée des champions – PSG/Guingamp

« Guingamp, un club avant d’être un bled »

Propos recueillis par Régis Delanoë
«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Guingamp, un club avant d&rsquo;être un bled<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avant le redémarrage de la Ligue 1, c'est l'heure du Trophée des champions cet après-midi à Pékin entre le champion de France PSG et le vainqueur de la Coupe de France Guingamp. L'occasion de discuter à bâtons rompus avec Steeve Lannuzel et ses acolytes, du groupe Craftmen Club, seul groupe de rock estampillé Guingamp.

Vous allez regarder le Trophée des champions ? Il y a moyen de taper le PSG à votre avis ?

On va essayer de voir ça. C’est à quelle heure, 14h ? On passe la nuit à Lorient où on joue dans le cadre du Festival interceltique (interview réalisée vendredi, NDLR), on verra si on peut mater ça au retour. Mais honnêtement, ça me paraît un peu difficile quand même de battre les Parisiens. C’est à Pékin, loin du Roudourou, je pense que ça peut jouer. Guingamp, c’est une équipe qui marche beaucoup avec son public, ce côté douzième homme, c’est pas une légende. On l’avait vu lors de la demi-finale de Coupe contre Monaco. Elle est capable de résultats hyper surprenants devant son kop et je pense que le public joue beaucoup là-dessus. Après, sur un match, faut voir. Les nouveaux vont jouer ? Les recrues danoises, je suis curieux de voir ce que ça va donner. Très honnêtement, je sais pas ce que ça vaut. À voir aussi ce que peut apporter Sylvain Marveaux. À mon avis, il y a moyen encore de choper des prêts de joueurs de gros clubs qui ne jouent pas. Faut leur tenir le discours du style : « Vous jouez pas ? Ben venez chez nous, là pour le coup vous avez des chances d’être titulaire. »

T’as l’effet Gourvennec aussi qui peut permettre d’attirer des bons mecs…

C’est vrai. C’est quand même super bien que ce gars-là soit à Guingamp. C’est un mec bien, ça se sent, il tient son vestiaire bien comme il faut. En plus, il a de sacrés bons goûts musicaux, tu savais ça ? Pixies, Radiohead… À l’époque où il était joueur à Rennes, j’ai un pote qui le croisait souvent dans les clubs rock de la ville comme Le Dejazey. Faudrait qu’il transmette un peu de sa culture musicale dans le vestiaire !

Vous allez souvent voir des matchs à Roudourou ?

De temps en temps, quand on a moyen. Mais souvent, les week-ends, on n’est pas dispo avec les concerts. Je connais bien le responsable de la com’ Christophe Gautier, mais on a du mal à se voir. Lui peut pas venir à nos concerts car il est souvent en déplacement, et nous, c’est pareil.

C’est par son entremise qu’un de vos morceaux, Animals, est devenu un des hymnes du club ?

Ouais, comme je te disais, on se connaît un peu et quand notre nouvel album est sorti, je lui ai filé un exemplaire. Il le reçoit et le lendemain, c’était soir de match à domicile, contre Nice il me semble. Là, sans prévenir et sans que je lui recommande une chanson ou une autre, il fait péter Animals au stade. C’était fort quand même, on ne s’y attendait pas. Faut dire que le refrain a un côté très « tribune » . C’est un morceau qui se rapproche de l’esprit anglais. C’est bien si ça peut faire évoluer un peu la mentalité des stades français qui sont très dans l’esprit « quand il pète il troue son slip » . C’est pas parce qu’on traite de football qu’on n’a pas droit d’être un peu classieux et exigeant. Et puis j’ai bien aimé aussi le discours du club, qui te dit en gros qu’on est une petite ville et qu’il faut se serrer les coudes et que c’est normal de promouvoir un groupe local. Il y a une solidarité qui nous plaît bien. Eux se galèrent dans un milieu qui n’est pas trop le leur. Nous c’est un peu pareil. C’est Guingamp quoi, pas Rennes, Paris ou autre.

Le morceau a même été repris au Stade de France en mai pour la remise de la Coupe de France aux Guingampais. Joli coup !

Alors ça, pour le coup, c’était une grosse surprise. C’est encore Christophe Gautier qui a arrangé le truc, sans nous prévenir. On pensait jamais que notre musique pouvait un jour passer au Stade de France. Puis là, Guingamp gagne, les joueurs montent en tribune et au moment de recevoir la Coupe, t’as Animals qui résonne. Bon, ce qui est con, c’est que toutes les images d’après reprises dans les différents journaux ont été montées avec un son différent. Mais sur l’instant, c’était quand même hyper impressionnant.

La collaboration entre l’EAG et Craftmen Club est partie pour durer ?

Je pense, ouais. Le club a l’air de l’apprécier, le Kop Rouge également. C’est quand même hyper dur de trouver un morceau qui plaît aux deux parties, donc y a pas de raison a priori pour que ce ne soit pas réutilisé d’une manière ou d’une autre lors des matchs à domicile cette saison. Je pense que le morceau met tout le monde d’accord aussi parce qu’on est un groupe guingampais.

Une période phare à retenir dans l’histoire de l’EAG ?

La période où j’allais le plus, c’est quand j’avais dans les 16, 17 balais, avec les potes, dans les années 90. C’était le rendez-vous à Guingamp. Une époque où on pouvait encore consommer de l’alcool au stade ! Les années Coco Michel, Carnot, Coridon, Jozwiak, Laspalles… Laspalles, c’est un gars du coin. Nous, on connaissait plus son frangin, qui avait tendance à occuper les pages faits divers quand Nicolas occupait les pages sportives (rires). Il est toujours dans le coin je crois Laspalles, il y est revenu depuis sa retraite sportive. Il avait acheté un magasin de fringues dans le centre-ville, je sais pas si ça marche toujours. Mais les joueurs de l’époque, tu les voyais pas mal. Le rituel, c’était l’après-match au pub Le Campbell’s. Maintenant, j’ai l’impression qu’ils sortent moins, ou pas dans les mêmes endroits, mais je me souviens notamment que Coco Michel était un habitué. C’était cool, t’avais vraiment cette proximité entre les joueurs et les fans, ils pouvaient boire des coups ensemble comme ça, naturellement.

La saison actuelle se profile bien ?

Ouais, même si j’ai entendu dire que le club était encore emmerdé avec sa pelouse. Elle était toute flinguée la saison dernière, une nouvelle a été posée, mais elle serait déjà bouffée par les champignons… T’as l’UEFA aussi qui a imposé de changer tous les sièges pour disputer la Coupe d’Europe, car ils n’étaient pas aux normes. Les dirigeants étaient bien emmerdés, mais ils ont quand même bien réussi leur affaire : a priori, ils ont chopé deux clubs intéressés pour refourguer leurs vieux sièges ! L’esprit débrouille à la guingampaise.

On sent que le club aime bien jouer de cet esprit Astérix…

Je trouve ça un peu déplaisant, à force, de surjouer ce côté paysan. Pas besoin d’en rajouter, je pense que les gens de l’extérieur ont bien saisi que Guingamp n’était pas une grande ville avec beaucoup de moyens, c’est bon. Quand on joue ailleurs qu’en Bretagne, on est content de dire qu’on est de Guingamp, mais on va pas en faire des tonnes là-dessus non plus. On va pas se faire prendre en photo sur un tracteur avec des bottes, ça va peut-être aller.

Quand vous annoncez en tournée que vous venez de Guingamp, les retours sont bons ?

Oui, il y a globalement une super bonne image. Si tu dis que tu es de Saint-Brieuc, qui est pourtant le chef-lieu des Côtes d’Armor et qui est bien plus grand, les gens ne vont pas connaître en général. Par contre, tu dis Guingamp, direct t’as forcément deux ou trois mecs qui vont situer et se mettre à te causer foot. Et d’ailleurs l’autre jour, j’étais à me balader dans Guingamp, j’étais hyper surpris de voir autant de touristes dans le coin. J’ai pas l’impression qu’il y en avait autant d’habitude. Mais en fait, c’est les gens qui sont en vacances et qui reviennent de la côte, ils voient le panneau « Guingamp » et ça leur fait tilt. Alors ils viennent voir, surpris. C’est comme si, dans l’esprit des gens, c’était un club avant d’être un bled. On éveille pas mal la curiosité, on est une espèce d’anomalie assez marrante, avec ce patronyme « En Avant » , ce côté un peu frondeur. T’as Damidot ou Hanouna qui reprennent l’expression à la télé. Les gens d’ici sont fiers de ce club et de l’éclairage médiatique qu’il procure.

Tu connais personnellement des joueurs ou d’anciens joueurs de Guingamp ?

Non, je connais Pascal Guezennec, un mec qui était un super joueur de foot. Il était sur le point de monter en équipe première avec l’En Avant dans les années 80. C’était le petit protégé de Le Graët. Et puis bon, il a fini par laisser tomber l’hygiène de vie de sportif et il est parti dans la musique… Aujourd’hui ? Il est charcutier-traiteur à Guingamp (rires) ! Mais attention, il a été élu meilleur ouvrier de France.

En parlant de Le Graët, ça reste encore le boss dans le coin ?

Oui, clairement. Il a été maire de la ville, premier employeur, président du club de foot. Aujourd’hui, son gendre est président et la femme qui l’a remplacé à la mairie était sa protégée. Il a encore plein de parts dans l’agroalimentaire, le poumon économique du secteur. Le seul aéroport du coin, qui est situé à Trémuson entre Saint-Brieuc et Guingamp, il ne sert que pour les avions de Le Graët et du club. Sans ça, ça fait longtemps qu’il aurait fermé.

La ville de Guingamp est-elle la même quand l’équipe gagne ou perd ?

Non, ça vit au rythme des résultats. Là c’est l’euphorie, mais j’ai souvenir qu’il y a quelques années, quand le club galérait en Ligue 2, les gens faisaient un peu la gueule et pouvaient même se montrer assez vindicatifs avec les joueurs. Des fois, on n’est pas loin du lynchage. Un peu comme il y a eu à Rennes après la finale de la Coupe, avec des altercations à l’entraînement entre des joueurs et des supporters en colère. C’est assez violent quand t’y penses, parfois injuste aussi. Les mecs ont quand même une putain de pression. On a déjà eu l’occasion d’aller sur la pelouse au Roudourou. Même à vide, c’est hyper impressionnant, t’as l’impression d’une arène de gladiateurs avec des milliers de personnes qui te matent. On t’encourage ou on te gueule dessus, tu sens presque la respiration des gens en tribune. C’est un statut vraiment pas commun, joueur de foot pro.
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Propos recueillis par Régis Delanoë

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