Le 28 décembre, pour le jour des Innocents, tu as fait une sacré frayeur aux supporters du FC Séville en annonçant ton départ pour l’Angleterre. Tu as l’air de t’être bien acclimaté aux coutumes locales ?
J’essaye d’apprendre la culture andalouse et espagnole. Pendant mes cours d’espagnol, j’ai appris que le 28 décembre était la journée qui correspondait au 1er avril en France. Je me suis permis de faire cette blague. Je pense qu’en Espagne, ils n’ont pas eu trop peur parce qu’ils ont vite compris que c’était une référence à ce jour particulier.
Comment s’est passé ton intégration à la ville ?
La ville est super cool. Au niveau de la taille, ça ne fait pas un grand changement par rapport à Reims. En revanche, il fait beaucoup plus chaud. J’ai beau être polonais, je préfère la chaleur au froid. Quand je suis arrivé, il y a eu un petit choc. Il faisait 45 degrés et ce n’était pas forcément évident, surtout pour les entraînements. Du coup, on s’entraînait soit super tôt, soit super tard, histoire de travailler dans de bonnes conditions. Que ce soit la région ou la ville, tout est très beau. La vie ici est très agréable. Cela fait maintenant six mois que je suis ici, j’apprends l’espagnol. Ça m’aide pour m’intégrer dans le groupe, mais aussi pour tout ce qui touche à la vie quotidienne.
Tu as retrouvé Damien Perquis à Séville. Il t’a donné des bons plans ?
Quand je suis arrivé, on s’est retrouvé pour manger ensemble. C’est un super ami que j’ai rencontré en sélection. Il m’a dit que c’était une super ville, où il faisait bon habiter. Il m’a aussi prévenu que c’était une ville qui vivait pour le football. Franchement, c’était agréable de le retrouver dès mon arrivée.
Tu n’es pas le seul joueur qui vient de la Ligue 1 au FC Séville. Ça aide pour l’intégration ?
C’est plus facile pour communiquer, surtout au début quand on ne parle pas la langue. Lorsque tu débarques, c’est vraiment agréable. Après, cette sécurité ne doit pas te faire oublier d’apprendre l’espagnol pour communiquer avec les autres joueurs et les gens du club qui eux ne parlent pas forcément français ou anglais. C’est ça, la base d’une bonne intégration.
Tu parles déjà un peu espagnol du coup ?
Ça commence à venir. Ce qui est bien, c’est que la langue n’est pas trop éloignée du français. Ça m’aide énormément. Désormais, j’arrive à bien communiquer avec mes coéquipiers. Ça doit être un signe que je suis sur le bon chemin.
En parlant de dialogue, comment est-il entre Unai Emery et le groupe ? Sur quel point insiste-t-il aux entraînements ?
Il y a un mot qui correspond bien : le travail. Il insiste énormément sur la préparation du match, sur tous les petits détails. Peu importe le match, l’adversaire, il est toujours minutieux dans son approche des rencontres. Un autre aspect important, c’est que même après des défaites, il reste toujours positif. Il arrive, et il nous dit « C’est pas grave les gars. Il y a ce point-ci, ce point-là sur lesquels on n’a pas été très bons. On va se concentrer là-dessus pour rebondir, pour s’améliorer. » Du coup, ça pousse le groupe à ne pas cogiter et à toujours être dans la progression. De toute façon, on joue tous les trois jours, on n’a pas le temps de s’apitoyer. Il est à la fois perfectionniste et positif.
À un niveau personnel, que te conseille-t-il ?
En arrivant en Espagne, je savais plus ou moins les points sur lesquels je devais progresser. Comme il me le dit, ce sont les petits détails qui font de grandes différences. Ces détails, ce sont l’orientation du ballon sur la première touche de balle, de savoir avant de recevoir le ballon où je dois jouer.
Si je devais refaire un choix, je ferais exactement le même.
Comment définirais-tu ce FC Séville version 2014-15 ?
Le problème de Séville, c’est que, chaque été, le club vend ses meilleurs éléments à de grands clubs. L’été dernier, c’était le cas : quatre ou cinq joueurs sont partis. Franchement, ce qu’arrive à faire le club est assez extraordinaire. Arriver à se renouveler chaque été tout en ayant des objectifs toujours plus hauts, c’est fort. Normalement, pour construire une équipe, il faut du temps. Nous n’en avions pas, alors on a mis les bouchées doubles pendant la préparation. Depuis le début de saison, on est en progression constante.
Que t’a apporté ton arrivée en Liga ?
Je suis un milieu défensif dont les qualités sont la puissance, l’engagement, l’agressivité. Le championnat espagnol me permet de progresser dans l’aspect technique. Je ne pense pas m’être trompé, c’est vraiment le meilleur endroit pour que je devienne un meilleur joueur.
Tu affrontes donc Valence ce dimanche. C’est le choc des outsiders de cette Liga. Tu pensais que vous seriez aussi bien en championnat ?
C’est une question difficile. Forcément, quand tu commences la saison, tu as envie de figurer parmi les meilleurs. Ce qui nous a aidés, c’est que l’objectif du club est très clair depuis le début de saison : finir européen. Pour le moment, on est sur la bonne route pour atteindre cet objectif. Mais le plus dur arrive. Ce qui fait la différence entre le Real, le Barça, l’Atlético et les autres clubs, c’est d’être capable d’être au top à chaque match. Si on veut rivaliser avec ces équipes, on n’a pas le droit à l’erreur. Il faut que l’on confirme à chaque match que l’on mérite cette place. Mais je suis persuadé qu’on est capable de le faire, on a le groupe pour y arriver !
Vous avez réalisé la meilleure phase aller de l’histoire du club. Comment les supporters réagissent ?
Il y a forcément une grande attente de leur part. Et les supporters sont à la hauteur de nos ambitions. Ils tirent dans le même sens que nous. À chaque match à la maison, l’ambiance est exceptionnelle. Il faut que ça continue comme ça. On est capables de faire de grandes et belles choses cette saison, et on y arrivera si tous les gens qui composent le club sont à 100 %. Il faut que personne ne baisse sa garde. Ici, il suffit de perdre deux matchs, et on se retrouve sixièmes.
Honnêtement, les objectifs doivent être élevés. Quels sont-ils ? Un trophée et la qualification en Ligue des champions ?
Franchement, on ne fonctionne pas comme ça. Dans la vie d’une équipe, il y a les bonnes et les mauvaises séries. Personne ne peut nous garantir que la bonne lancée sur laquelle nous sommes va continuer jusqu’à la fin de saison. On essaye de ne jamais trop se projeter, on se concentre seulement sur le match d’après.
Un mot sur Monchi, le directeur sportif du FC Séville. Beaucoup disent que c’est l’un des meilleurs directeurs sportifs d’Europe. Comment travaille-t-il ?
Il fait un travail formidable. Si Séville est aussi fort chaque saison, c’est en grande partie grâce à son directeur sportif. Sur le marché des transferts, même si Séville joue l’Europe chaque saison, c’est tellement difficile de concurrencer les clubs anglais de milieu de tableau, voire les clubs allemands. Il ne faut pas se mentir : ici, le Real et le Barça prennent la plus grosse part des droits télés. Personnellement, je me suis longuement entretenu avec lui avant mon arrivée. Il aime bien discuter avec tous les joueurs qu’il supervise. Séville est un grand club, il n’a pas eu trop de mal à me convaincre. Pareil, avant de signer, j’ai eu quelques conversations avec l’entraîneur. Il m’a expliqué qu’il comptait énormément sur moi, qu’il avait confiance en mes capacités et dans ma marge de progression. Je voulais faire un pas en avant dans ma carrière, et je ne me suis pas trompé. Si je devais refaire un choix, je ferais exactement le même.
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