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Grasshopper sur la ville

Par Adrien Candau
Grasshopper sur la ville

Bon dernier de Raiffeisen Super League et d'ores et déjà relégué à trois journées de la fin du championnat, le Grasshopper Zurich, club le plus titré de l'histoire du football suisse, s'en va goûter à la deuxième division pour la première fois depuis 1949. Une descente qui fait logiquement baliser ses supporters, mais qui n'est que l'aboutissement d'un longue dégringolade sportive.

Dimanche 12 mai, le dinosaure du football suisse avait comme soudainement rétréci à l’échelle d’un vulgaire australopithèque. Voilà depuis 1949, soit 70 longues années, que le Grasshopper Zurich n’avait plus goûté à la deuxième division. Un long bail dans l’élite qui a subitement pris fin le week-end dernier, donc, alors que le GCZ, bon dernier du championnat et défait quatre à zéro par Lucerne, n’arrivait même plus à recoller les morceaux avec ses propres supporters. Une frange de ces derniers, excédée, menaçait alors d’envahir le terrain, interrompant à vingt minutes du terme une rencontre que le club devrait perdre sur tapis vert et qui scellera sa relégation en D2 helvète. L’aboutissement d’une descente affolante entamée il y a plusieurs années et qui devenait presque douloureuse à observer.

Échec programmé

À première vue, l’échec du GCZ, qui affrontera donc pour du beurre les Young Boys ce jeudi soir pour le compte de la 34e journée du championnat, pourrait d’abord sembler purement sportif. Avec, au bout du compte, une descente en Challenge League (la D2 helvète) qui n’étonne finalement pas tant que ça. Privé de titre de champion depuis 2003, le Grasshopper, mastodonte historique du football suisse avec 27 championnats et 19 coupes nationales dans sa besace, est désormais loin de sa grandeur passée : « Évidemment, c’est un vieux club qui respire l’histoire du foot suisse, c’est l’équipe la plus titrée en coupe comme en championnat, avance Grégory Quin, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences du sport de l’université de Lausanne et co-auteur du Football suisse : des pionniers aux professionnels. Le club lui-même joue de ça, en se présentant comme la deuxième formation la plus ancienne de Suisse, après Saint-Gall. Chaque génération d’amateurs de foot pouvait s’identifier à sa grande équipe du Grasshopper qui avait gagné deux-trois titres de suite. »

Du moins, jusque avant le début de la décennie en cours, où le club a flirté à plusieurs reprises avec la catastrophe. « L’équipe aurait déjà dû être reléguée au terme de la saison 2011-2012, juste avant que je m’engage là-bas, se souvient Stéphane Grichting, qui a évolué au Grasshopper de 2012 à 2015. Elle n’avait dû son salut qu’au dépôt de bilan de Xamax et au retrait de 36 points au FC Sion sur le tapis vert. Grasshopper avait profité de ce coup du sort pour remettre un peu d’ordre… Nous avions fini deuxièmes du classement deux fois de suite et remporté la Coupe de Suisse en 2013. » Une embellie passagère : au seul regard de son effectif, la descente du Grasshopper ne ressemble pas non plus à une absurdité sportive. « Il faut bien se dire qu’en début de saison, le Grasshoper n’était pas annoncé comme champion potentiel par la presse suisse… On disait plutôt qu’ils allaient se battre pour le maintien, reprend Grégory Quin. Là, ils sont juste un peu en dessous des pronostics finalement. »

Désamour footballistique

Si le Grasshopper en est arrivé là, il ne le doit pas qu’à sa gestion sportive hasardeuse observée ces dernières années. Mais aussi à la perte de sa suprématie économique. Là où le club fut autrefois très prisé des décideurs et entreprises locales, et notamment par les institutions bancaires zurichoises, Vontobel est la dernière banque à avoir été le principal sponsor maillot du GCZ, lors de l’exercice 2011-2012. « Il y avait sans aucun doute plus d’investisseurs locaux dans les années 1970, 1980, déroule Grégory Quin. La place financière zurichoise était autonome à l’époque. Maintenant, elle est connectée, intégrée dans un monde globalisé… Tout ça a pu accentuer l’éloignement des élites financières vis-à-vis du club. » Si l’internationalisation de la société suisse a touché l’ensemble du football helvète, condamné à devenir un championnat de seconde zone, elle a pu plus particulièrement affecter Zurich, alors que l’autre club historique de la ville, le FC Zurich, était lui déjà descendu en seconde division en 2016, avant de remonter dans l’élite la saison suivante.

« Cet intérêt modéré pour le football, c’est un diagnostic qu’on peut faire pour l’ensemble de la Suisse, oui. Les équipes de première division peinent à remplir leur stade, d’ailleurs, acquiesce Grégory Quin. Mais peut-être que ce désintérêt est encore plus poussé à Zurich, qui est la capitale économique. C’est une place financière importante, avec un des aéroports les mieux desservis d’Europe, plein d’entreprises dont l’activité gravite autour des banques… Un certain nombre de gens résidant à Zurich viennent de l’étranger, y restent parfois quelques années avant d’émigrer à nouveau. On n’est pas dans le registre type de l’amateur de foot, qui va se déplacer pour aller au stade. »

Le stade critique

Le stade, justement, a constitué pour le Grasshopper un problème aux contours longtemps insolvables ces dernières années. Le légendaire, mais vétuste stade du Hardturm, l’enceinte historique du club, a été démoli en 2008. Sans domicile fixe, le GCZ doit depuis plus de dix ans se réfugier chez son ennemi intime, le FC Zurich, dont le stade du Letzigrund, beaucoup plus moderne, est cependant doté d’une piste d’athlétisme qui incite d’autant moins les foules à se déplacer pour encourager les footballeurs locaux. « Maintenant, la construction d’un nouveau stade pour le GCZ à l’horizon 2022 est potentiellement actée, même si la décision est encore en débat » , ajoute Grégory Quin. Une bonne bouffée d’espoir pour les fans du Grasshopper, qui n’ont plus qu’à espérer que leur club ne stationne pas pendant des années en seconde division. « Il y a quand même de fortes chances que le club remonte vite dans l’élite. En Challenge League, on a deux, trois équipes qui ont vraiment les moyens de jouer la montée, pas plus. » Et si le dinosaure suisse n’a plus l’allure fringante de T-rex, son extinction, elle, est heureusement encore loin d’être à l’ordre du jour.

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Par Adrien Candau

Propos de Grégory Quin receuillis par AC, ceux de Stéphane Grichting issus du Matin.ch

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