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Gignac au Mexique : mode d’emploi

Par Thomas Goubin, au Mexique
Gignac au Mexique : mode d’emploi

L'aventure chez les Tigres d'André-Pierre Gignac débute réellement ce mercredi soir avec une prometteuse demi-finale aller de Copa Libertadores face à l'Internacional. À l'occasion de ce baptême en grande pompe, on vous donne les clés pour suivre la saison de l'ex-Marseillais, dans un pays où l'organisation des compétitions se révèle un brin complexe.

Pour le moment, André-Pierre Gignac n’a joué que des matchs amicaux à huis clos, au Mexique. Ce mercredi soir, une transition brutale attend le Français : à Porto Alegre, il disputera une demi-finale aller de Copa Libertadores, face à l’Internacional d’Andrés D’Alessandro, Lisandro López et Charles Aránguiz. Une ambiance survoltée et un accueil hostile sont à prévoir dans le stade des Colorados, vainqueurs de l’épreuve en 2006 et 2010. Mais au fait, pourquoi les Tigres, club mexicain appartenant à la zone CONCACAF, participent-ils aux joutes sud-américaines ? C’est l’une des multiples particularités d’un football qui a le cul entre deux confédérations.

Terminer huitième et être sacré champion

Comme le Mexique en Copa América, les clubs du pays d’Hugo Sánchez jouent la Libertadores en tant qu’invités. Une faveur de la CONMEBOL, attirée par l’argent mexicain, qui a ses contreparties. Ainsi, si les Tigres devenaient le premier club mexicain à remporter l’épreuve sud-américaine, ils devraient laisser leur place au Mondial des clubs au finaliste malheureux. Pour les équipes mexicaines, la compétition qui donne un ticket pour le Mondial des clubs est la médiocre Ligue des champions de la CONCACAF. Les Tigres la disputeront d’ailleurs à partir de la mi-août, pour avoir été finalistes du tournoi d’ouverture 2014, en décembre dernier. Un tournoi où les Tigres avaient terminé deuxièmes de la saison régulière, ce qui leur donnait le droit de jouer… la Libertadores. Vous suivez ?

Au Mexique, deux championnats sont joués chaque année, organisés sur le modèle des sports US. Ainsi, si les Tigres ont terminé en tête de la saison régulière du dernier tournoi de fermeture (Clausura), ils n’ont pas été sacrés champions, pour avoir été éliminés en quarts de finale de Liguilla, les play-offs qui concluent le tournoi mexicain et concernent les huits premiers du général. Autrement dit, en LigaMX, le nom du championnat mexicain, terminer huitième peut vous conduire vers un titre. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à Santos Laguna, club entraîné par le Portugais Caixinha, ami de Mourinho, qui a éliminé les Tigres en quarts, avant de remporter la finale face au Querétaro de Ronaldinho, en mai dernier. Riche en suspense, mais surtout grande génératrice d’audience, la Liguilla est la poule aux œufs d’or de la LigaMX, même si elle ne récompense pas forcément le meilleur club de la saison.

Terminer huitième et être relégué

Pour l’Apertura 2015, André-Pierre Gignac sait donc d’ores et déjà que son équipe pourra multiplier les faux pas, sans perdre ses chances de titre. Il sait aussi que les Tigres, même en cas de saison catastrophe, ne descendront pas. Car le modèle américain a tellement influencé le Mexique que l’on peut presque parler de ligue fermée. Ainsi, chaque année, c’est-à-dire tous les deux tournois, un seul club descend. Et il ne s’agit pas du bonnet d’âne de la saison, mais du club ayant la moyenne de points la plus faible sur trois ans. Un système dit « au pourcentage » qui avait rendu fou Pep Guardiola, quand il avait terminé sa carrière aux Dorados Sinaloa, club qui luttait pour son maintien, en 2006. Huitièmes de la saison, les Dorados étaient tout de même descendus. « Ce système au pourcentage, vous le gardez pour vous, s’était emporté Guardiola lors de son ultime conférence de presse. C’est une farce, beaucoup d’équipes ne jouent rien parce qu’elles savent qu’elles ne vont pas descendre même en perdant tous leurs matchs. » Les Tigres de Gignac et consorts n’auront ainsi aucune frayeur à se faire, eux qui débutent la saison au quatrième rang, sur dix-huit, du classement dit « au pourcentage » . Une formule bâtie pour éviter la catastrophe industrielle de la descente d’un grand. Plus généralement, le mode de compétition mexicain pardonne l’inconstance avec une générosité qui rappelle celle de la justice du pays envers El Chapo Guzmán.

Au Mexique, André-Pierre Gignac va sans doute apprendre le nom de quelques cartels, mais aussi se familiariser avec d’autres spécialités locales, comme la multi-propriété, cette pratique, pourtant interdite par la FIFA, qui permet à deux clubs ou plus d’être détenus par un même propriétaire. Lors du tournoi d’ouverture, les Tigres joueront ainsi face à Pachuca et León, deux clubs détenus à 30% par Carlos Slim, le deuxième homme le plus riche de la planète, selon le classement Forbes. Gignac croisera aussi la route de l’Atlas Guadalajara et de Morelia, entités qui appartiennent à TV Azteca. Évidemment, cette petite cuisine mexicaine ne conduit jamais à des arrangements entre amis, c’est en tout cas ce qu’assurent les dirigeants de la LigaMX…

Changements de climat

Ce mercredi soir, face à l’Internacional, les Tigres devront faire sans deux de leurs meilleurs joueurs : le latéral Jorge Torres Nilo, et le milieu, Jésus Dueñas, tous deux mobilisés par le Mexique lors de la Gold Cup. Ils pourront toutefois compter sur leur imposante légion étrangère pour compenser ces absences. À Porto Alegre, les Tigres pourraient d’ailleurs présenter un onze avec huit joueurs non nés au Mexique : les Argentins Nahuel Guzmán, Guido Pizarro et Damian Álvarez, l’international uruguayen Egidio Arévalo, l’Équatorien Jorge Guerron, les Brésiliens Rafael Sóbis et Juninho et le Franchute APG. La limite d’étrangers autorisés est pourtant de cinq au Mexique, mais début 2014, la LigaMX a décidé de s’aligner sur la loi migratoire plutôt que de conserver l’exigence d’avoir joué au moins dix tournois pour être naturalisé. Au Mexique, si l’on est un Latino-Américain ou un Espagnol, une naturalisation est envisageable après deux ans de résidence. De même si l’on a un enfant né mexicain. Au total, l’effectif des Tigres compte quatre naturalisés : Arévalo, Pizarro, Juninho et Álvarez, ce dernier, immigré de longue date, ayant même joué avec El Tri.

Outre la Libertadores, le prochain grand rendez-vous pour les Tigres sera le Clásico regiomontano (nom des habitants de Monterrey) contre les Rayados. Un match qui paralyse la ville et que les Tigres joueront à domicile, le 19 septembre, à l’occasion de la 9e journée. Au Mexique, le championnat se joue sans phase retour, entre les dix-huit équipes qui composent le championnat. Avec la Libertadores, la Conchampion’s, la LigaMX, mais aussi la CopaMX, une coupe qui concerne toutefois avant tous les remplaçants lors des premiers tours, André-Pierre Gignac ne va vraiment pas se dorer la pilule au Mexique. Il devra aussi apprendre à apprivoiser les brutaux changements de climat et d’altitude. Après la froideur de Porto Alegre, qui se trouve en plein hiver austral, il viendra griller sous le soleil sec de Monterrey, avant d’aller baigner dans la chaleur humide du Costa Rica ou d’apprivoiser l’altitude de México. En route pour l’aventure…

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