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Gary le fou

Par Arthur Jeanne
Gary le fou

Un petit corps râblé, une tronche d'équarrisseur et pas mal de coups de sang. Voilà à quoi ressemble le joueur préféré du public chilien. Moins talentueux que Sánchez, moins clinquant que Vidal, Gary est pourtant sans doute le joueur le plus important de la Roja

Jeudi 11 juin, l’Estadio Nacional s’apprête à vibrer pour le match d’ouverture de la Copa América la plus importante de l’histoire de la Roja. Les joueurs vont entrer sur la pelouse, et la foule est fiévreuse. Pour se réchauffer, elle scande un nom à l’unisson, le blase du gladiateur qu’elle attend. Pas celui de Vidal ou Sánchez, mais bien Gary Medel, petit homme besogneux. Ce galon de chouchou du public, Medel l’a gagné à coups de tacles rageurs et d’amour du maillot. Il faut dire que l’hincha peut facilement s’identifier à un homme qui, dès qu’il en a l’occasion, rejoint la barra brava « Los Cruzados » , et va pogoter en tribunes pour assister aux matchs de son club de cœur, celui qui l’a formé, l’Universidad Catolica. Un club qu’il aime tellement qu’il s’en est tatoué l’écusson sur le cœur.

« Vas-y tire connard ! »

Mais cette admiration du pays entier, il l’a définitivement acquise à l’occasion d’un match, le huitième de finale de la Coupe du monde 2014, perdu contre le Brésil. Ce jour-là, le pitbull blessé livre une partition héroïque, avant de finir par sortir sur une civière en pleurs. Le lendemain le pays tout entier lui rend hommage, et des plaisantins rebaptisent une des principales avenues de Santiago avenida Gary Medel. Il faut dire que l’homme avait muselé Neymar pendant 107 minutes malgré une déchirure musculaire. Au vrai, Medel est un dur, un homme capable d’asséner les coups bas quand il le faut, comme lorsqu’il piétine l’infortuné Neymar lors d’un match amical en avril dernier. Pour comprendre la violence du milieu défensif reconverti défenseur central pour la patrie, il faut aller faire un tour du côté de La Palmilla de Conchali. Le quartier natal du joueur de l’Inter.

Un barrio de maisons basses et d’impasses coupe-gorge. Un endroit où, si l’on veut exister sur un terrain de foot, il faut mettre des coups, avant d’en recevoir. Cela tombe bien, sur le terrain du Club Sabino Aguad, les Medel sont connus pour leur caractère sanguin et leur impulsivité. Dans un endroit où les matchs se terminent souvent en baston après le coup de sifflet final, le père et le frère de Gary distribuent régulièrement quelques mandales. Logiquement, Gary est fait du même moule. Le jeune Medel, qui joue alors en moyenne trois matchs par jour, a pas mal de talent, mais surtout un caractère explosif. Un caractère qui aurait pu lui coûter la vie selon une anecdote relatée par le Mercurio. Un jour lors d’un match encore plus chaud que les autres, le pitbull alors au lycée envoie un tacle un peu trop enthousiaste. Un supporter de l’équipe adverse entre alors sur le terrain et lui pointe un pistolet sur la tempe. Medel ne se démonte pas et lui dit : « Vas-y tire connard ! » Avant que sa mère n’apparaisse et ne fasse déguerpir l’agresseur.

Conduite sans permis et embrouilles nocturnes

La réputation de Medel est presque déjà faite et elle est confirmée par ses premiers entraîneurs. Mario Lepe qui l’entraîna à la Catolica se souvient d’un battant souvent à la limite : « Pour Gary, tout est une bagarre. C’est un mec qui défie tout le monde, et qui ne veut perdre devant personne. » José Sulantay a repéré le jeune homme et l’intègre à sa sélection des moins de 20 ans. Il se souvient d’une génération de joueurs talentueux mais rudes : « Presque tous les joueurs de cette génération viennent des poblaciones (équivalent des favelas brésiliennes), certains avaient des problèmes familiaux assez sévères. Dans la poblacion, ils apprennent à jouer dur, ils ont la garra et une volonté d’or, mais aussi des problèmes d’indiscipline. » De fait, Gary, qui déclara un jour « si je n’avais pas été footballeur, j’aurais été narcotrafiquant » , ne fait pas exception, et ses premières années de carrière sont agitées malgré des performances de qualité. L’homme enchaîne les cartons rouges, il est suspendu pour avoir craché sur un adversaire. En dehors du terrain aussi, Medel fait jaser : conduite sans permis, embrouilles nocturnes, et même une jeune femme qui meurt en tombant du balcon de son appartement lors d’une fête qu’il organise.

Pourtant, petit à petit, l’homme trouve la rédemption. D’abord en sélection, grâce à Marcelo Bielsa qui en fait un titulaire indiscutable, ensuite en partant du Chili. À Boca Juniors où il devient un héros en signant un doublé face à River, puis en Espagne où il s’impose comme une des valeurs sûres du FC Séville. D’ailleurs, partout où il est passé, Medel a laissé un grand souvenir. Que cela soit à Cardiff, alors qu’il n’est resté qu’une saison dans un club en plein marasme, ou à l’Inter où il s’est déjà solidement installé. Désormais délesté de ses démons, c’est sur le terrain que Medel fait parler de lui. Pas mal pour un type qui, au premier abord, semble lent, emprunté, engoncé dans un corps trop râblé pour la pratique du football. Pourtant, l’homme fait mentir la science. Bon techniquement, doté d’un excellent sens du placement et d’une science de l’anticipation hors norme, Medel est enfin reconnu pour ce qu’il est : un excellent joueur de football.

Par Arthur Jeanne

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