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Gary Coulibaly : « Le Falcao qui débarquait de l’Atlético était incroyable »

Propos recueillis par Florian Cadu, à Bastia
6 minutes
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Ancien vice-capitaine de Monaco sous Claudio Ranieri et de retour au Sporting Club de Bastia depuis 2017, Gary Coulibaly fête ce lundi son 34e anniversaire. Et même s'il apprécie revenir en arrière pour commenter ses buts ou ses moments partagés avec Radamel Falcao, le milieu défensif vit très bien les années qui passent. Entretien.

Joyeux anniversaire, Gary ! Depuis 2017, tu souffles de nouveau tes bougies à Bastia après en être parti à 22 ans. Comment tu le vis ?J’ai passé douze ans loin de mon île natale, et j’avais vraiment envie de rentrer afin de terminer sur une bonne note. Surtout après mon expérience moyenne vécue en Grèce (à l’APO Levadiakos, N.D.L.R.). Et puis, avoir l’opportunité d’aider mon club de cœur à se relever, ça n’a pas de prix. J’en ai des frissons, rien qu’en en parlant. C’est dur de mettre des mots…

J’ai pu affronter des grosses équipes comme l’Olympiakos ou le Panathinaïkos, et découvrir des ambiances de folie. Malheureusement, il ne s’agissait pas de nos supporters.

En fait, les gens ne peuvent pas percevoir ou comprendre l’émotion d’un joueur qui porte le maillot bleu. Quand je ferme les yeux et que je m’imagine entrer sur la pelouse de Furiani, c’est toujours un moment exceptionnel. Aujourd’hui, je me sens donc comme un privilégié. On parle d’un club mythique, qui ne peut pas mourir. Même quand je suis arrivé en National 3, je savais qu’il allait se passer des choses et qu’on allait être poussé à fond par les fans.

Quitter la Corse, c’était donc si dur ?Oui, très compliqué. Quitter ceux que tu aimes, l’endroit que tu apprécies le plus… Si j’avais pu, j’aurais réalisé l’intégralité de ma carrière au Sporting. Bon voilà, Bernard Casoni voulait que j’aille en prêt à Tours. Donc je n’avais pas vraiment d’autres choix que de partir. Avec le recul, partir m’a permis de faire carrière. Mais j’ai toujours été porté par les valeurs et l’état d’esprit inculqués par le Sporting, je me suis toujours servi de cette rage intérieure pour me dépasser malgré des publics moins… fanatiques. En Grèce, à Monaco ou à Istres, il n’y avait pas une telle ferveur populaire.


Tu dis que la Grèce n’a pas été une superbe expérience…Après la Grèce, j’étais à deux doigts d’arrêter le foot. Là-bas, j’avais signé pour trois ans. Et puis, des soucis financiers sont arrivés dès la première année.

À Monaco, j’ai évolué aux côtés de Radamel Falcao, João Moutinho, Éric Abidal, Jérémy Toulalan, Ricardo Carvalho.

Il y avait des retards de paiement, les infrastructures étaient moins entretenues. Attention, ce n’était pas mal sportivement ni culturellement. J’ai pu affronter des grosses équipes comme l’Olympiakos ou le Panathinaïkos, et découvrir des ambiances de folie. Même si malheureusement, il ne s’agissait pas de nos supporters…

Les difficultés à se faire payer en temps et en heure, ce n’est donc pas une légende en Grèce !Ah non, ce n’est pas du tout une légende ! Les retards de paiement, c’est récurrent. Les joueurs ne sont pas aussi bien protégés par la Fédération qu’en France.

Istres, Ajaccio, Laval, Monaco, Waasland-Beveren en Belgique, Levadiakos… Tu pensais bouger autant, toi qui te considères comme quelqu’un de casanier ?Non. Mais j’ai tout de même gardé une certaine stabilité dans les différents projets auxquels j’ai adhéré, avec des expériences de trois ans en moyenne.

Tu as connu ton pic de performance à Monaco, un club qui ne ressemble en rien à Bastia. Hormis la présence de la mer, peut-être.C’est sûr. Ça reste tout de même une expérience exceptionnelle.

Quand je regarde la première feuille de match, je me dis : « Qu’est-ce que c’est que ça ? On a clairement changé de dimension, là ! »

À Monaco, j’ai évolué aux côtés de Radamel Falcao, João Moutinho, Éric Abidal, Jérémy Toulalan, Ricardo Carvalho… J’ai été entraîné par Laurent Banide, Marco Simone ou encore Claudio Ranieri dont j’étais le vice-capitaine.

Quelle relation vous aviez, avec Ranieri ?C’est une personne qui, malgré son curriculum vitæ, est arrivée en toute simplicité. Mon côté travailleur, mon professionnalisme lui ont plu. J’étais très apprécié dans le vestiaire, donc je pouvais faire passer des messages « subliminaux » entre lui et mes partenaires.

Une année après ton arrivée, l’ASM commence à recruter à tour de bras avec la signature de Dmitri Rybolovlev. Jusqu’à attirer Falcao ou James Rodríguez… Qu’est-ce que tu te ressens, à ce moment-là ?Quand je regarde la première feuille de match, je me dis : « Qu’est-ce que c’est que ça ? On a clairement changé de dimension, là ! » Avec ces renforts de classe mondiale, notre statut se transformait. Au départ, ça fait un peu peur. Je ne jouais plus autant qu’avant, mais j’étais finalement le plus heureux. Car j’allais m’entraîner chaque jour avec les meilleurs, et je progressais. J’avais également envie de montrer que je n’étais pas là par hasard, tout en m’imprégnant de la qualité de l’effectif.

Une montée est toujours quelque chose de dingue à vivre. Mais la fêter avec mes amis à Bastia est vraiment fort.

Mais c’est vrai qu’à l’entraînement, j’observais des choses… Le Falcao qui débarquait de l’Atlético de Madrid, c’était incroyable ! Devant le but, il était absolument injouable. Derrière, tu avais James Rodríguez qui t’envoyait ses feintes de corps que je n’avais jamais vues de ma vie. Même le toro d’échauffement, tu prenais le bouillon et tu n’en sortais plus si tu n’étais pas à 200%. On se devait de se surpasser constamment.

Un mot sur ce superbe but, que tu as marqué avec la Principauté contre Sedan. Qu’est-ce qui t’est passé par la tête, pour balancer un cachou pareil ?(Rires.) Franchement, je n’ai pas inscrit beaucoup de buts dans ma carrière, mais ils étaient souvent jolis ! En Grèce ou avec Istres, j’en ai mis quelques-uns de sympathiques. Bon, celui-là reste peut-être le plus beau. Simone venait d’être nommé, il m’avait confié le brassard parce qu’il aimait ma mentalité. Et bizarrement, avant le match, il m’avait indiqué dans son bureau que je ne me projetais pas assez vers l’avant à son goût. Que je ne marquais pas assez, et qu’il allait me faire évoluer sur ce plan-là. Et bim, voilà ce qu’il s’est passé…


Entre ton titre de National en 2009 avec Istres, celui de Ligue 2 en 2013 avec Monaco ou celui de National 3 avec Bastia la saison passée, lequel est le plus fort ?Compliqué de choisir, forcément.

Mon rêve serait de terminer sur un maintien en Ligue 2 avec Bastia.

Istres, c’était ma première expérience hors de mes terres, donc grosse émotion. Monaco, on était attendu et on n’avait pas le choix, donc grande libération. De toute façon, une montée est toujours quelque chose de dingue à vivre. Mais la fêter avec mes amis à Bastia, sous les tribunes… C’est vraiment très, très fort.

Tu as 34 ans aujourd’hui, combien de temps vas-tu encore rester sur les pelouses ? Tu as une idée de reconversion ?J’ai passé des diplômes d’entraîneur, mais je n’oublie pas que je suis passé sur le billard à 33 ans pour une pubalgie. Et que l’objectif de cette opération, c’était de taper la balle encore quelques saisons. Actuellement, je me sens vraiment bien. Donc mon rêve, ce serait de terminer sur un maintien en Ligue 2 avec Bastia. Et avec le 25 dans le dos, numéro avec lequel j’ai commencé.

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Propos recueillis par Florian Cadu, à Bastia

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