« Marseille, c'est évidemment une partie importante dans ma vie familiale et sociale. J'aime vivre à Marseille, dans mon village à Cassis, aller au Vélodrome. » Christope Galtier
La Galette des Cailloles
« Ce n’est pas pareil, Galtier a déjà franchi l’étape en entraînant à Lyon, Saint-Étienne, Nice... Il a fait le triangle des Bermudes de nos rivaux » , expliquait Smaïn, membre des MTP de 30 ans, au plus fort des rumeurs concernant Zidane. Avant d’ajouter : « Que Galtier aille au PSG, c’est presque logique. » Le Twittos Emboucaneur préférait, lui, comparer la Galette à Laurent Blanc, plutôt qu’à Zizou : « Blanc, c’est un mec de la région, qui a été capitaine de l’OM, mais qui n’a pas hésité à aller au PSG. » Globalement, tous les supporters marseillais s’accordent sur ce point : la trahison de Galtier n’est en rien comparable à celle qu’aurait été la signature de Zidane au PSG. Et ce, même si le nouvel entraîneur parisien est lui un pur produit de l’OM et de la cité phocéenne.
Cousin de Jean-Charles De Bono, membre de la mythique équipe des Minots, Christophe Galtier est né à Marseille à la fin de l’été 1966. Son père est policier, sa mère caissière, et il part souvent pêcher dans les calanques du coin, quand il n’a pas sa raquette de tennis à la main ou qu’il ne rend pas visite à sa grand-mère, à Cassis. Comme Jean Tigana ou Éric Cantona, il a tapé ses premiers ballons aux Sports olympiques Caillolais, avant de rejoindre le véritable olympique de sa ville, au centre de formation. Il y retrouve d’ailleurs son cousin, avec qui il débute en D1 le 30 juillet 1985, sous le maillot phocéen. Son style de jeu fait que ce défenseur rugueux ne laisse pas une grande trace dans les mémoires collectives. À la prise de pouvoir de Tapie, le Minot est poussé vers la sortie. Direction le LOSC après 68 premiers matchs avec l’OM (quand même) et deux finales de Coupe de France perdues.

« Pour moi, l'OM, cela représente des matchs en famille dans les tribunes. Mon papa était policier à l'époque, il faisait la sécurité, mais il n'y en avait pas besoin, donc il prenait ses gamins, les posait dans un coin, et on regardait le match. Il trichait un peu parce qu'on ne payait pas les places » , se souvenait Galtier à son époque lilloise. Avant d’ajouter : « C'est tout un pan de mon adolescence et de mon apprentissage. Ensuite, il y a le premier match pro, mon parcours, revenir puis être entraîneur adjoint. C'est évidemment une partie importante dans ma vie familiale et sociale. J'aime vivre à Marseille, dans mon village à Cassis, aller au Vélodrome et encore plus quand il y a des supporters. » À tel point qu’en 1995, alors que l’OM est en D2, il revient au club pour l’aider à retrouver son rang. Galette dispute 52 matchs, avant d’aller terminer sa carrière entre Monza et la Chine. En 1999, jeune retraité, il revient à son port d’attache.
« C'est un club qui ne laisse personne insensible, ça, c'est sûr. J'aimerais entraîner Marseille. » Christope Galtier
Un intérim oublié
Les crampons à peine raccrochés, le défenseur dur sur l’homme entame sa mue. En 1999, Rolland Courbis démissionne, et l’OM se cherche un staff. Christophe Galtier endosse le rôle d’adjoint de Bernard Casoni, puis reste malgré son départ, officiant sous Abel Braga avant de devenir entraîneur intérimaire de l’OM avec Albert Emon en novembre 2000. Un passage oublié par beaucoup, qui se souviennent plus aisément des raisons de son départ. Le 7 avril 2000, quand une bagarre éclate dans le tunnel après un Marseille-Monaco, Christophe Galtier fait partie des agresseurs de Marcelo Gallardo. Il écope finalement de six mois de suspension, ce qui le pousse à quitter l’OM pour l’Aris Salonique en décembre 2001. Un épisode sur lequel le champion de France 2021 ne revient jamais.

Mais son lien avec l’OM ne se rompt jamais véritablement. Après une longue carrière d’adjoint, durant laquelle il fait notamment tomber son club en finale de Coupe de France avec le Sochaux d’Alain Perrin, Christophe Galtier entame sa carrière de numéro un le 19 décembre 2009 avec Saint-Étienne. Et devinez contre qui ? Ses Verts arrachent un nul contre l’OM, en route vers son premier titre depuis 17 ans. Depuis, Christophe Galtier a glané autant de Ligue 1 que son club formateur sur la même période, et s’est fait un nom sur le continent. Il a aussi plusieurs fois ouvert la porte à un retour, comme en juin 2020, un an avant sa saison millésimée à Lille, interrogé par Canal+ : « Si un jour je voudrais entraîner l'OM ? En tant que marseillais, je réponds que oui. Mais on n'entraîne pas l'OM dans n'importe quelle condition. Je pense qu'il faut être armé, en pleine forme. C'est un club qui ne laisse personne insensible, ça, c'est sûr. J'aimerais entraîner Marseille. »
Représenté par Jean-Pierre Bernès, le Lillois était même espéré par le peuple phocéen avant la nomination de Jorge Sampaoli. Sa proximité avec plusieurs emblèmes locaux avait d'ailleurs irrité André Villas-Boas, qui s’était plaint en conférence de presse en février 2021 en faisant référence aux « entraîneurs des autres clubs qui veulent venir ici. Ils coachent des clubs en concurrence avec l'OM, mais ils en parlent tout le temps ! Tout le monde a des rêves, moi aussi. » Mais si Galtier rêvait de revenir à Marseille, son souhait vient de prendre du plomb dans l’aile avec sa nomination à Paris, où il doit maintenant apprendre à rêver plus grand.
Par Adrien Hémard-Dohain
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