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  • 1982 et 1986

Franky Vercauteren : « On a fait la fête, mais c’est normal quand on bat l’Argentine»

Propos recueillis par Martin Grimberghs
Franky Vercauteren : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>On a fait  la fête, mais c&rsquo;est normal quand on bat l&rsquo;Argentine»

Plus qu'une patte gauche, plus qu'un Petit Prince, Franky Vercauteren, c'est un geste, le centre « banane », et deux Coupes du Monde avec les Diables rouges d'Éric Gerets dans les années 80. À une époque où le meilleur joueur de la sélection belge était arrière droit, où les journalistes squattaient le même hôtel que les joueurs et où un petit verre n'était jamais de trop. Souvenir, souvenir.

1982, pour votre premier match de Coupe du monde, vous vous coltinez l’Argentine, championne du monde en titre, au Camp Nou devant 95 000 personnes et en match d’ouverture. Le summum de stress ?

Honnêtement, on n’a pas arrêté de rigoler. Je crois qu’on a même dû stopper un peu l’ambiance parce qu’elle était trop axée sur le plaisir. Mais c’était bien, quelque part. On était à l’hôtel, on était ensemble, on était un groupe et on ne faisait que rigoler avec des bêtises, des conneries. Il y avait une super ambiance, mais on ne perdait pas de vue l’événement. Ce n’était pas de la dispersion, parce qu’on était conscients qu’il s’agissait d’une opportunité sensationnelle. En fait, il n’y avait pas de pression, pas d’obligation, aucune peur non plus. Même à l’approche de la fin de la cérémonie, dans le tunnel avant de monter sur le terrain, il y avait de la confiance. Si j’ai tremblé un tout petit peu, c’est parce que les Argentins ont commencé à gueuler pour nous intimider verbalement dans le couloir, mais ça a dû durer 5 secondes avant qu’on se mette aussi tous à crier. On était vachement impressionnés par leur manière de se préparer dans les ultimes minutes, mais on a voulu répondre pour leur montrer qu’on était là. Ce n’était pas forcément notre façon de faire, mais il fallait répondre.
Vidéo


Il paraît qu’après cet exploit, l’ambiance était plutôt à la fête dans le groupe belge. Quelques journaux titrèrent sur le « Whisky y Amor » . Des soirées bien arrosées auxquelles étaient aussi invitées des danseuses affriolantes. Le tout organisé par la fédé…

Disons que ce sont des extrêmes. C’est vrai qu’on pouvait boire après les matchs un peu d’alcool, on avait des bières ou ce genre de choses-là, naturellement les médias ont directement comparé ça avec d’autres équipes dans lesquelles tout ça était interdit. Et puis on a parlé d’Amor parce que nos femmes étaient là, nos propres femmes qui venaient nous rendre visite. C’était toléré. Pour certains médias, c’était en lien direct avec l’amour, le sexe et autres. Alors que c’étaient nos femmes qui pouvaient venir dans notre hôtel… Pas tout le temps, mais à des moments bien définis. Bon, et puis, oui, on a fait un peu la fête, mais c’est un peu normal quand on bat l’Argentine. Je crois qu’on avait une qualité, c’était de faire les choses en équipe, et on les faisait bien. Mais il y a différentes manières de fêter quelque chose. On peut le faire sans trop boire, sans trop sortir et en étant sobre.

Toujours en 1982, vous jouez contre la Hongrie un match capital pour l’accession au second tour quand Pfaff et Gerets se télescopent en plein match. S’ensuivra un cinéma incroyable de Jean-Marie Pfaff qui aboutira à sa non-titularisation contre la Pologne quelques jours plus tard. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ce jour-là ?

Pfaff était vraiment blessé à l’épaule, mais Gerets avait une commotion cérébrale. Pour les journalistes, c’était du bluff, ça n’en était pas tout à fait, mais la différence était grande entre un Gerets inconscient et Jean-Marie qui avait un petit problème à l’épaule. Mais Jean-Marie a toujours été quelqu’un qui avait besoin de se sentir important et il a toujours très bien fait ça. Nous, on l’acceptait comme il était. On savait comment il fallait le gérer, quand on pouvait rigoler avec lui, quand il fallait être sérieux. Et puis, il nous a surtout beaucoup apporté au niveau sportif. C’était un très grand gardien. Jean-Marie était vraiment unique.


1986, c’est la preuve qu’on peut réussir son Mondial en foirant son premier match (défaite 2-1) contre le Mexique ?

C’était calculé. On savait que notre premier match allait être très difficile. Jouer le Mexique, chez lui à la maison avec son public, avec ses qualités et dans des circonstances pas évidentes dues à la chaleur, l’altitude… Bref, on n’était clairement pas favorisés. Pour nous, ce n’était pas normal de perdre, mais on va dire qu’on l’avait envisagé. Le problème qu’on avait en 1986, c’est que la presse belge logeait dans notre hôtel. Dès qu’il se passait quelque chose, ils étaient là, tout le temps. Ce n’était pas évident, on croisait les journalistes plusieurs fois par jour dans le hall, les couloirs, le jardin. Mais Guy Thijs avait une excellente relation avec les journalistes. Un peu comme Marc Wilmots aujourd’hui. Et une bonne communication, ça donne souvent de bons résultats.

Expliquez à la France ce qu’est un bon centre « banane » …

Un, c’est une qualité. Je crois que je suis né avec ça. C’est quelque chose que j’avais. Quand j’étais petit, je frappais mes corners directement dans le but. Mais je l’ai énormément travaillé. Normalement, quand t’es petit, tes entraîneurs te disent de travailler ton jeu de tête, ton pied droit, ton pied gauche, moi on me disait de bosser mon centre banane pour que ça devienne ma spécialité. C’est quelque chose que j’ai comme d’autres ont un super jeu de tête. Je l’ai travaillé tout au long de ma carrière pour en faire une arme. Cela m’a aidé à devenir ce que je suis.

Et ce but fou contre le Paraguay, c’est un centre banane, oui ou non ?

(Rires) C’est un centre banane raté. C’est un mauvais centre banane parce qu’il était destiné à Georges Grün au deuxième poteau et j’ai raté. Mais bon, je suis très content de l’avoir raté. Rassure-toi, ce n’est pas le plus mauvais que j’ai fait non plus. J’ai eu une saison pendant laquelle mon centre banane était très mauvais. Chaque balle que je centrais, je croyais que j’allais rater. Donc j’ai centré plein de ballons derrière le but. Contre le Paraguay, c’était bancal, mais cadré. Après ce but, j’ai pris plaisir à jouer le jeu des médias. Il y avait deux parties à ce moment-là. Ceux qui connaissent le foot et qui ont tous vu que c’était un centre raté et les autres qui n’y connaissaient rien et qui pensaient que je l’avais fait exprès. Je les laissais croire. Je voulais simplement voir qui était un vrai footeux…


Comment le groupe belge appréhende l’URSS de Belanov en huitièmes. Honnêtement, vous y croyez ?

On était au mieux, dans le sens où on échappait de justesse au fait de rentrer à la maison. Eux avaient cartonné dans les trois premiers matchs et partaient largement favoris. C’était notre situation favorite, comme en 1982 contre l’Argentine. On n’avait rien à perdre, on savait qu’on n’aurait pas à faire le jeu. Tout était réuni pour faire une prestation intéressante.


Après, il y a l’Espagne en quarts. On se sent comment quand on sort à la 106e minute d’un match pareil ?

J’étais fatigué et mon changement était normal. C’est vrai qu’on a tous toujours quelque chose qui nous pousse à continuer. On veut rester sur le terrain, mais on n’est plus au mieux et forcément moins lucide à ce moment du match. J’ai toujours été quelqu’un qui pense qu’on ne gagne pas un match à 11, mais à 14, voire plus. J’avais tout joué jusque-là et j’étais franchement plus au mieux. Par contre, j’aurais inévitablement été dans ceux qui allaient tirer, dans le sens où je les tirais aussi bien avec Anderlecht que parfois en sélection. Sur le banc, tu vis ça d’une manière très spéciale, très nerveuse et vraiment seconde par seconde. Je me souviens que c’était vraiment au dernier moment que la liste des 5 tireurs est sortie. Il n’y a pas grand monde qui voulait en être. À ce moment, tout le monde se parle en deux, trois mots. Tu essayes de rassurer les concernés, mais tu ne sais pas faire ou dire grand-chose en fait.

Et la ferveur qui existe alors en Belgique, vous en aviez eu écho ?

Pas du tout. On entendait, mais on ne pouvait pas juger. On n’avait pas les images, pas la télé belge, et on avait droit à un appel tous les deux, trois jours. Alors oui, on entendait la famille qui nous racontait qu’il y avait eu la fête, des manifestations dans les villes… Mais on recevait la presse belge avec deux, trois jours de retard. On ne savait pas ce qu’il se passait exactement. L’ampleur de fou que ça avait pris, on ne s’en doutait pas du tout.


Enfin, il y a cette demie contre l’Argentine… Ce n’est pas un peu la preuve ultime qu’une petite équipe ne peut pas gagner un Mondial ? On peut faire un exploit, deux exploits, mais au troisième on se casse souvent les dents…

Déjà, je pense qu’on n’est plus une petite équipe. On n’a pas Maradona ni Messi, mais ce qui a changé, c’est que les gens ne seront pas tellement contents si on se fait éliminer en quarts par exemple. Il y aura toujours des regrets, on sera contents d’avoir été jusque-là, mais il y aura toujours une déception, alors qu’en 1986, personne ne s’attendait à ce qu’on finisse quatrièmes. Cette année, l’espoir est très haut. Est-ce que c’est réaliste ? Ça, c’est autre chose.
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Propos recueillis par Martin Grimberghs

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