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Frank Lebœuf : « La personnalité des chats me fait penser à Ibrahimović »

Propos recueillis par Brice Bossavie
Frank Lebœuf : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La personnalité des chats me fait penser à Ibrahimović<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En dénonçant les violences de Kurt Zouma sur son chat, il a sorti un des mèmes les plus fameux de ce début d’année 2022 : aujourd’hui, Frank Lebœuf s’engage pour les animaux en incarnant la nouvelle campagne de PETA France pour promouvoir l’adoption. Entretien avec un fou de chiens et de chats.

Comment avez-vous été approché par PETA pour devenir le visage de leur nouvelle campagne ?C’est à la suite de mon coup de colère après Kurt Zouma que PETA s’est rapprochée de moi. J’avais aussi déjà fait un petit reportage sur M6 pour les animaux, et ils m’ont contacté pour savoir si ça m’intéressait de promouvoir leur prochaine campagne d’adoption. Je leur ai dit : « Pas de problème, on y va ! »

En France, 100 000 animaux sont abandonnés chaque année, dont 60 000 en été, selon PETA. Vous connaissiez ces chiffres avant de vous engager ?Non, sincèrement. J’étais sidéré. Il y en aurait eu 10 000, ça m’aurait sidéré aussi, mais 100 000 quoi… 100 000, c’est énorme. Je peux comprendre le désarroi de certaines personnes qui sont peut-être obligées de faire ça pour des raisons financières, mais quand je vois que des gens offrent pour Noël un chien ou un chat et qu’il est ensuite abandonné, je me dis que les gens sont fous. J’ai eu plein d’animaux, et il faut dire la vérité, j’ai moi-même dû rendre une chienne une fois parce que je partais en Angleterre avec ma famille. Mais je ne l’ai pas abandonnée. Je n’avais pas le choix, car je ne voulais pas qu’elle reste enfermée pendant six mois à cause d’une quarantaine imposée à l’époque en Angleterre. Donc j’ai préféré la rendre à la personne qui me l’avait vendue. J’ai d’ailleurs fait changer cette loi en Angleterre après avoir pu discuter avec Tony Blair. Ça a été mon combat quand je l’ai rencontré.

Je suis allé voir Tony Blair et je lui ai dit : « La politique, ça ne m’intéresse pas forcément, mais on a un gros problème de quarantaine avec les animaux de compagnie pour les gens qui arrivent dans le pays. »

Vous avez changé une loi sur l’entrée des animaux en Angleterre à l’époque où vous étiez joueur à Chelsea ?Oui, c’est ça. C’était après 1998, je me rappelle que Tony Blair était venu un jour avec Alastair Campbell (directeur de la communication de Tony Blair à l’époque, NDLR) au terrain d’entraînement de Chelsea, et je parlais avec Marcel Desailly en lui disant que je voulais leur parler parce que je ne pouvais pas offrir de chien à ma fille à cause de cette loi. Il m’a dit : « Mais tu es fou ! » Je suis allé voir Tony Blair et je lui ai dit : « La politique, ça ne m’intéresse pas forcément, mais on a un gros problème de quarantaine avec les animaux de compagnie pour les gens qui arrivent dans le pays. » Il m’a alors dit qu’il travaillait justement sur le sujet en me proposant de me rendre le lendemain au 10 Downing Street (lieu de résidence du Premier ministre anglais, NDLR) et je me suis retrouvé le lendemain là-bas. J’y suis ensuite allé régulièrement pour boire le thé et surtout pour discuter de la loi, et elle a été finalement changée. Aujourd’hui, avec un chien pucé, on peut faire des allers-retours entre la France et l’Angleterre avec son chien. Ce que je ne pouvais pas faire à l’époque.

Est-ce que vous vous souvenez de votre premier animal de compagnie ?C’était un chat, qui a vécu 23 ans. À force, ma mère l’appelait « la vieille ». (Rires.) Et on a ensuite eu un cocker. Je me rappelle tous mes chiens, j’ai eu des animaux de compagnie toute ma vie, même au Qatar. On avait laissé deux gros beaucerons à Aix, j’avais mon beau-frère et ma belle sœur qui les gardaient, et j’avais amené un bichon maltais là-bas. Les animaux sont vraiment importants pour moi. J’ai toujours eu des chiens et des chats dans ma vie, quand j’étais gamin et même maintenant. J’ai trois chats et une chienne à la maison, et je ne peux pas vivre sans les animaux. Ma femme me dit d’ailleurs : « Mais arrête, ça va. » Moi, je les regarde jouer ensemble, je les observe, je parle avec mes chats et mes chiens, ça fait partie de ma vie ! Et sans eux, je trouverais que la maison serait un peu vide.

Quelle différence faites-vous entre les chats et les chiens ?Quand on s’en va vingt minutes et qu’on a un chien, on a l’impression en revenant qu’on est partis depuis deux ans. Les chats, c’est autre chose. Les chats, c’est des merdeux. (Rires.) Ils viennent chez toi et décident que c’est chez eux. Leur attitude est marrante, j’ai besoin d’un câlin tu m’en fais un, j’en ai marre laisse-moi tranquille. La personnalité des chats me fait penser à celle d’Ibrahimović. Ibra, je le connais un petit peu, c’est un mec adorable, mais quand il n’a pas envie, il n’a pas envie. Et quand il a envie, c’est lui qui décide. Tu dois faire comme lui a envie. Parce qu’en plus il est costaud, donc tu ne peux rien lui dire !

Vous pourriez aussi comparer les chiens à un joueur ?Non, parce que je n’ai jamais vu de joueur être autant amoureux de moi.

Vous savez s’il y a beaucoup de footballeurs qui ont des animaux de compagnie ?Oui j’en ai vu beaucoup, je me rappelle Éric Cantona qui avait des chiens, je me souviens d’une photo de lui en Une d’un journal où on le voyait partir de dos avec ses chiens à côté de lui, ça m’avait marqué. On a envie de recréer une famille quand on est joueur de foot, parce qu’on est partis très tôt de chez soi la plupart du temps. Et les animaux en font partie.

La campagne de PETA est centrée sur l’adoption. Vous avez déjà adopté un animal ?J’ai adopté à la SPA étant très jeune. Deux de mes trois chats sont aussi adoptés : j’en ai trouvé un en vacances à Miami tout seul sous une maison, et un autre au bord d’une route alors que j’étais en scooter. Sinon, j’ai pris des chiens chez des éleveurs, mais je ne le ferai plus. Parce que je ne connaissais pas les chiffres des abandons. Mais globalement, je ne peux pas laisser un animal que je vois dans la rue, abandonné. Si je vois un animal tout seul, il faut que je sache s’il est abandonné ou pas. L’autre jour, j’ai croisé une chienne toute seule, il y avait l’adresse sur son collier. Elle est restée une heure chez moi en attendant que la propriétaire vienne la chercher.

L’autre jour, j’ai croisé une chienne toute seule, il y avait l’adresse sur son collier. Elle est restée une heure chez moi en attendant que la propriétaire vienne la chercher.

Selon la PETA, sur les 100 000 animaux abandonnés chaque année, 60 000 le sont en été. Comment l’expliquez-vous ?Je pense que les gens sont égoïstes. On part en vacances, et on ne sait pas quoi faire parce que ça coûte du pognon de mettre son animal dans un refuge, on ne veut pas l’emmener parce que c’est interdit parfois de les emmener dans un camping ou un hôtel, et on s’en débarrasse. Parce que ce n’est pas important pour eux. Après, certaines personnes doivent aussi le faire parce qu’ils réalisent qu’ils n’ont pas les moyens d’assumer un animal, et ça doit être une déchirure pour eux. Mais pour beaucoup d’autres… Je ne comprends pas. Ça donne une idée du genre humain. Je trouve qu’on ne fait pas assez attention aux autres, on pense beaucoup à nous-mêmes. On est dans un individualisme extraordinaire, et l’abandon des animaux prouve ça.

Donc vous pensez qu’il faut améliorer les choses grâce à la sensibilisation ? En France, on est un pays latin et je pense que ça passe surtout par la sanction. De notre côté, on ne peut faire que de la sensibilisation, mais du côté de l’État, il faudrait que le puçage des animaux soit obligatoire. Puisqu’il y a un passage chez le vétérinaire quand on prend un animal, on devrait demander qu’il soit pucé obligatoirement. La puce identifierait le propriétaire, et donc si l’animal est abandonné ou si on le tue – parce qu’il y a des gens qui vont encore plus loin -, on punirait le propriétaire. Si quelqu’un sait qu’il va être identifié et sanctionné d’une amende de 3000 euros en abandonnant son animal, il ne le fera pas. Ça ne fonctionnera que comme ça.

On m’a traité de raciste à la suite de ma vidéo. Kurt (Zouma) aurait été blanc, vert ou gris, ça aurait été pareil pour moi. On ne frappe pas un animal. Et si un jour j’ai Kurt en face de moi, je lui dirai.

Est-ce que, finalement, votre fameuse vidéo sur l’affaire Zouma a déclenché une forme d’engagement sur ce sujet chez vous ?À mon niveau oui, puisque je travaille maintenant avec PETA. Mais ce que ça a surtout déclenché, c’est qu’on m’a traité de raciste à la suite de ma vidéo. Il aurait été blanc, vert ou gris, ça aurait été pareil pour moi. On ne frappe pas un animal. Et si un jour j’ai Kurt en face de moi, je lui dirai. Peut-être pas de la même manière, je l’ai dit sous le coup de l’émotion, mais comme lui a frappé son chat sous le coup de l’émotion ou du rire, je trouve ça dingue. Et qu’on se soit moqué de moi dans les médias, en disant : « Lebœuf morfle sur les réseaux sociaux » , je n’en ai rien à faire. Si les gens sont aussi bêtes que ça pour se moquer de moi alors que j’essaye juste de défendre une cause, ça montre bien l’état absurde de notre société. J’ai eu bien sûr des milliers de gens qui m’ont soutenu, et la justice a rendu son verdict pour Kurt. Mais j’ai dû supprimer mon post d’Instagram parce que j’ai reçu des menaces de mort à cause de ça. « On va te retrouver, on va te tuer, on sait où t’habites. » C’était trop pour moi. Ça touche quand même quand on se fait insulter, et surtout menacer de mort. Mais c’est paraît-il la vie des réseaux…

Vous regrettez la forme de cette vidéo avec du recul ?C’était instinctif et peut-être que je n’aurais pas dû la faire comme ça. C’est marrant parce qu’il y a une phrase qui est revenue : « Qu’est-ce que tu caches derrière ton sourire ? » C’est revenu comme un boomerang, mais c’est pas grave, ça fait partie du truc. J’ai balancé ça sur les réseaux sociaux parce que j’étais dégoûté. Mais c’est vrai que je n’aurais peut-être rien dû dire parce que ça ne sert à rien en fait. Je ne sais même pas si lui l’a vue, si ça l’a touché… C’était une forme de cri de colère. Mais sur le fond, je ne sais pas si ça sert à quelque chose. Bon, en fin de compte, ça m’a permis de collaborer avec PETA. D’ailleurs, je précise que je ne touche pas d’argent sur cette action, parce qu’il y a des gens qui sont assez tarés pour penser que je suis payé là-dessus !

Si on n’a pas un peu d’autodérision quand on s’appelle Lebœuf, on est mort. J’ai vécu toute ma vie avec ça, j’ai même voulu changer de nom à un moment. Mon père m’a mis une tarte.

Vous n’avez pas vu de détournements qui vous ont fait sourire ?Ah si si si, il y a des trucs qui m’ont fait marrer ! Des chansons, des trucs… Au début, j’étais un peu énervé qu’on se moque de moi. Mais après coup, je me suis dis que les gens étaient créatifs. Ma femme m’a fait rire, elle m’a montré une version de moi en chinois sur la vidéo. Je crois qu’il y avait aussi une vidéo de moi en jamaïcain ! Mon nom de famille, c’est Lebœuf. Si on n’a pas un peu d’autodérision quand on s’appelle Lebœuf, on est mort. J’ai vécu toute ma vie avec ça, j’ai même voulu changer de nom à un moment. Mon père m’a mis une tarte en me disant : « Ça va pas ? Quand on a un nom comme ça, on le garde, les gens s’en souviennent. »

Quel message voulez-vous faire passer en représentant cette campagne finalement ?Que les gens aient une vraie réflexion avant d’adopter un animal avec leurs enfants. Parce que souvent, ce sont les parents qui veulent faire un cadeau à leurs enfants. Mais il faut qu’ils réfléchissent bien à la responsabilité que ça entraîne de prendre un animal. Et ensuite qu’ils aillent dans un refuge. Il y a des animaux qui ont besoin de trouver une maison et qui vont être les plus gentils et les plus heureux avec les gens qui les adoptent. Ils vont vous donner tout ce que vous cherchez. Ils sont là.

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