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François Remetter, le voltigeur de l’équipe de France

Par Nicolas Grellier
François Remetter, le voltigeur de l’équipe de France

À 89 ans, François Remetter est l’unique survivant de l’équipe de France alignée au Mondial 1954. Passé par Metz, Strasbourg, Sochaux ou encore Bordeaux, l’Alsacien a longtemps été considéré comme la référence française à son poste. Apparu à 26 reprises sous le maillot tricolore, il a disputé deux Coupe du monde avec les Bleus. De Lev Yachine au Mondial suédois, retour sur la carrière du « Voltigeur » en équipe de France.

Sourire jusqu’aux oreilles, François Remetter étreint Raymond Kopa. Ce 24 octobre 1955, au stade Dynamo de Moscou, l’équipe de France vient de déjouer les pronostics en décrochant le nul (2-2), face à la grande équipe d’URSS. Pour la première fois de leur histoire, les Bleus restent invaincus pendant huit matchs consécutifs. Si Kopa a scintillé tout au long de la rencontre, François Remetter, le gardien français, a lui aussi été héroïque. Dans L’Équipe, Jacques Godet est séduit : « Malgré la violence des tirs, malgré leur vitesse augmentée par l’affreuse obscurité, le brave Remetter vient de prendre place dans la liste des grands gardiens français, sauveteurs de l’équipe en difficulté dans les contrées lointaines. » Dans son style acrobatique, « le voltigeur » a conquis les quelque 54 000 Russes présents au match. Parmi eux, Lev Yachine, non titularisé ce jour-là, n’a pas manqué d’apprécier la performance de son homologue français.

Interrogé, quelques années plus tard, à propos des gardiens qui l’ont marqué, le Ballon d’or 1963 cite spontanément trois noms « Gyula Grosics, Lorenzo Buffon et François Remetter » . Aujourd’hui, à 89 ans, l’Alsacien se rappelle encore le portier soviétique : « On s’estimait beaucoup avec Yachine. Il n’aimait pas jouer contre moi, car c’étaient de beaux combats. » Au fil des années, les deux internationaux créent une relation forte, et échangent des cadeaux lors de leurs rencontres. « Yachine rapportait du caviar de Russie et, en échange, François lui offrait des saucisses de Strasbourg. Je crois même qu’une fois Yachine avait eu du mal à passer la douane avec » , se souvient Geneviève Remetter, l’épouse de l’international français. Des joueurs mythiques, son mari en a croisé d’autres au cours de ses 26 sélections en équipe de France.

« La guerre des goals »

L’aventure de François Remetter en équipe de France commence en terres suédoises, un soir de 1953. Le comité de sélection a finalement décidé de convoquer ce jeune gardien du FC Metz dont on entend beaucoup de bien. Depuis la retraite internationale de Julien Da Rui, les Bleus se cherchent un nouveau patron dans les bois. René Vignal, le gardien du Racing Club de Paris, a la cote, mais son engagement lui vaut d’être souvent blessé. La veille de Suède-France, à l’entraînement, Vignal monopolise l’intérêt des journalistes locaux. Quand les médias français expliquent à leurs confrères que le jeune Alsacien sera titulaire, les Suédois croient à une blague. Le lendemain, Remetter fait son match, mais la France s’incline 1-0. Il ne sera pas reconduit face au Luxembourg, quelques jours plus tard, au profit de… Vignal ! Mais après huit minutes de jeu, le « Français volant » a la pommette entaillée. Remetter jaillit du banc et enfile la tunique ensanglantée de son concurrent. La France s’impose 6-1, la « guerre des goals » bat son plein.

Vignal dispute les deux parties suivantes, puis doit de nouveau laisser sa place à Remetter. À Colombes, face à la Suisse, le gardien du Racing est au sol après une collision avec un Helvète. « François ? Où est François ? Qu’il prenne vite ma place, je suis aveugle » s’époumone Vignal. L’Alsacien entre en jeu, mais ne change pas l’issue du match : défaite 4-2. Après un succès face à l’Irlande, avec Remetter comme dernier rempart, les Bleus sont assurés de disputer la Coupe du monde 1954 en Suisse. « Le voltigeur » a encore toutes ses chances d’y participer. Vignal est rentré de ses dernières sorties en bleu les valises pleines de buts. Le destin, lui, a choisi son camp. Quelques jours avant le départ en Suisse, le Racingman se fracture le bras droit au cours d’un barrage d’accession à la première division. La robustesse de François Remetter a fini par payer, il jouera la Coupe du monde 1954. « Je ne suis jamais parti, j’ai toujours fait mes matchs » , martèle encore aujourd’hui le gaillard.

Deux Coupe du monde au compteur

La Coupe du monde suisse ne restera pas dans les annales du football français. Les Bleus tombent d’entrée contre la Yougoslavie (1-0), avant de sauver l’honneur au prix d’un succès laborieux face au Mexique (3-2). La France est bottée hors des frontières du pays du chocolat. Malgré l’élimination prématurée, François Remetter a posé son empreinte sur la sélection du coq. À partir du Mondial, le nouveau gardien du FC Sochaux empile 18 titularisations de rang. Un record. Pendant ses trois années de règne, l’Alsacien vit de grands moments. Victoire 2-1 face à l’URSS de son ami Yachine. Succès contre l’Espagne devant 125 000 Ibères. Un an avant la Coupe du monde 1958, la sélection hexagonale commence à se faire un nom. « L’équipe s’est mise en place entre 1954 et 1958. Celle de 1958 était meilleure que celle de 1954 » , résume Remetter. Pourtant, tout se complique, un an avant le Mondial suédois, lorsqu’il décide de rejoindre Bordeaux en deuxième division. Claude Abbes et Dominique Colonna, ses nouveaux concurrents, évoluent respectivement à l’AS Saint-Étienne et au Stade de Reims, des clubs qui jouent le haut de tableau en première division. Le déficit de visibilité de Remetter l’éloigne pendant six matchs des cages tricolores.

Quelques mois avant la Coupe du monde, Paul Nicolas, le directeur du comité de sélection, se déplace à Bordeaux afin de s’entretenir avec Remetter : « François, tenez-vous prêt à répondre à mon appel, on peut avoir besoin de vous bientôt. » Deux mois plus tard, il est bien du voyage en Suède et se tient fièrement dans les buts français face au Paraguay, en ouverture. La France colle sept pions aux Sud-Américains, mais Remetter doit ramasser le cuir dans ses filets à trois reprises.

Bis repetita, quelques jours plus tard, face à la Yougoslavie. La France s’incline cette fois 3-2. Remetter est dans l’œil du cyclone après sa mésentente avec son latéral André Lerond, qui a causé le dernier but. Des désaccords avec Paul Nicolas fragilisent également sa position. « Le père Nicolas, c’était un patron. Je le respectais, mais beaucoup ne l’aimaient pas » , se souvient le gardien des Girondins. Dès le match suivant, face à l’Écosse, Claude Abbes est titulaire dans les bois. Remetter vit ses dernières heures en équipe de France. Après la Coupe du monde, le Strasbourgeois a l’occasion de porter une dernière fois la tunique bleue, le 17 décembre 1959, face à l’Espagne de Di Stéfano. Un match particulier qu’il commencera en compagnie de trois autres Alsaciens : Raymond Kaelbel, Lucien Muller et Jean Wendling. Avec au total 26 sélections, François Remetter est aujourd’hui le dixième gardien le plus capé de l’histoire des Bleus.

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Par Nicolas Grellier

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